"Les professions libérales doivent être représentées dans les négociations sociales""

L'Union nationale des professions libérales (UNAPL) sera reçue à Matignon le 27 juin pour préparer la conférence sociale prévue les 9 et 10 juillet. Son président, David Gordon-Krief, déplore que les professions libérales n'aient pas de ministre de tutelle. Il rappelle la promesse du candidat Hollande de réformer la représentativité patronale s'il était élu. Cette réforme permettrait à l'ensemble des représentants des entreprises de participer enfin aux négociations avec le gouvernement sur tous les sujets qui les préoccupent.
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Le 27 juin, vous serez reçus à Matignon par Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre, Pierre Moscovici, le ministre de l?Economie et Michel Sapin, le ministre du Travail. Qu'attendez vous de cet entretien ?

Afin de préparer au mieux la conférence sociale prévue les 9 et 10 juillet, le gouvernement souhaite rencontrer l?ensemble des partenaires sociaux. L'Union nationale des professions libérales [UNAPL] est l?un d?eux. Je rappelle que l?économie française compte près de 800.000 professions libérales qui emploient au total environ 1,6 million d?emplois dans le domaine de la santé, du droit et du cadre de vie. On peut citer les professions de médecin, d?infirmière, d?architecte, d?avocat... Il y en a tellement. Au total, les professions libérales représentent 11% de l?emploi total. En 2011, nous avons créé près de 100.000 emplois.

 

Vous déplorez régulièrement le peu d?intérêt des politiques pour les professions libérales. Cette reconnaissance de la part de l?exécutif doit vous réjouir?

Nous sommes en effet satisfaits. En revanche, nous regrettons de ne pas être représentés au sein du premier gouvernement. Aucun ministre n?est en charge des professions libérales. Comme si nous n?existions pas ! Nous demandons à Jean-Marc Ayrault de corriger le tir ce jeudi lors de la composition de son nouveau gouvernement.

Cette absence n'est pas inédite...

Non, malheureusement. Lors du quinquennat précédent, il a fallu attendre la nomination de Frédéric Lefebvre en 2010 pour que les professions libérales aient enfin un ministre de tutelle. Que de temps perdu ! L?histoire ne doit pas se répéter.

Est-ce un premier pas vers la reconnaissance de l?UNAPL en tant qu?instance représentative ?

Nous l?espérons. L?histoire est en marche. Le Medef, la CGPME et l?UPA ne nous représentent pas. Nous ne voulons pas prendre leur place, simplement participer aux négociations qui concernent toutes les entreprises françaises. L?UNAPL a beaucoup de choses à dire sur le temps de travail, les salaires, la parité homme-femme, le handicap. Je tiens également à préciser que les agriculteurs, les représentants de l?économie solidaire doivent également être entendus et participer à toutes ces négociations qui dessinent les réformes de l?avenir de la France. Ce serait logique.

 Avez-vous bon espoir d?être entendu ?

Le candidat Hollande a promis notamment qu?il lancerait la réforme de la représentativité. Le président Hollande doit la mettre en oeuvre. Je ne pense pas une seconde qu?il reviendra sur sa parole (*).

 Qui pourrait s?y opposer ?

Officiellement, le Medef, la CGPME, l?UPA ne sont pas opposés à cette réforme de la représentativité. En coulisse, le Medef s?y oppose. Certes, l?organisation de Laurence Parisot pourrait perdre un peu de son pouvoir. Et alors ? Le Medef resterait une organisation puissante, à coup sûr. Ce n?est en tout cas pas une raison pour aller contre l?intérêt général et le sens de l?Histoire.

 Quel serait le calendrier idéal de cette réforme selon vous ?

On pourrait discuter après la conférence sociale pour formuler des propositions à la fin de l?année. Un projet de loi serait rédigé au premier trimestre 2013 pour une application du texte au printemps. Il faut aller vite maintenant. Cette question est depuis trop longtemps éludée.

(*) Pendant la campagne présidentielle, François Hollande avait répondu, comme les autres candidats à l'Elysée, à une série de douze questions formulées par l'UNAPL.  Interrogé sur la représentativité, il avait répondu ainsi : "le dialogue social français n?est pas à la hauteur de nos espérances républicaines. La responsabilité en incombe largement aux pouvoirs publics depuis 2012, alors même que certains dénigrent aujourd?hui le rôle des partenaires sociaux. C?est pour cela que je me suis engagé à faire inscrire dans la Constitution une nouvelle forme de démocratie sociale. C?est dans cette optique que je proposerai que soit aussi revue la représentation professionnelle des employeurs. Le secteur des activités libérales n?est aujourd?hui pas représenté à sa juste place par les organisations patronales. C?est tout un pan de nos emplois et de notre activité économique qui se trouve injustement mis à l?écart, alors que les organisations fédératives des professions libérales doivent être de véritables partenaires des pouvoirs publics".


 

Commentaire 1
à écrit le 24/06/2012 à 9:42
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ne pas oublier que le statut de profession libérale est aussi le statut par défaut des exclus de la vie en entreprise qui ont dû se mettre au consulting pour survivre. les plus de 45 ans. je crains qu'il n'y en ait de plus en plus. Il y a là un réser...

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