Le projet de Banque publique d'investissement ne fait pas l'unanimité

Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre a déclaré vendredi lors d'un déplacement à Nantes qu'un avant-projet de la Banque publique d'investissement serait présenté à l'automne. Celle-ci devrait être opérationnelle à la fin de l'année ou, au plus tard, au début de l'année prochaine.
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Patience, patience. Promise par le candidat Hollande, la création de la Banque publique d'investissement (BPI) est pour bientôt. « La banque publique d'investissement, plus que jamais, apparaît nécessaire. J'ai demandé que nous accélérions sa préparation pour que, dès l'automne, nous disposions d'un avant-projet pour que, à la fin de l'année ou, au plus tard, au début de l'année prochaine, l'outil soit opérationnel », a déclaré vendredi Jean-Marc Ayrault, le Premier ministre lors d?un déplacement à Nantes.

Le temps de la France jacobine est-il révolu ?

Plusieurs indications ont été fournies par le chef du gouvernement. Ce nouvel instrument « ne travaillera pas de Paris, il sera en lien étroit avec les territoires, là où se posent les vraies questions, avec les conseils régionaux, les autres collectivités territoriales, notamment les métropoles, mais aussi les acteurs économiques, les chambres de commerce et d'industrie, les chambres des métiers, les représentants du personnel, tous ceux qui, avec les universités, les chambres de recherche, peuvent dynamiser notre industrie. Voilà l'enjeu, voilà le défi qui est le nôtre: faire face à l'urgence, engager les réformes de structure à moyen terme mais avec la volonté de réussir le redressement de la France », a-t-il expliqué. Lors de la rencontre Planète PME, Pierre Moscovici, le ministre de l'Économie, avait déjà livré quelques indications surles contours de la BPI. Elle fonctionnera comme un réseau de distribution unique de l'ensemble des outils publics de financement, c'est à dire les prêts garantis, les fonds propres, les subventions et les projets à l'export.

Remise en cause des structures existantes

A mots à peine couverts, Jean-Marc Ayrault remet en cause l?action des structures existantes, comme CDC et sa filiale CDC Entreprises, France Investissement, OSEO et le Fonds stratégique d?investissement (FSI), la toute nouvelle banque de l?industrie... Elles seraient trop jacobines ? Pourtant, OSEO est fortement implantée dans les régions, tout comme le FSI avec FSI Régions. Quand à CDC Entreprises, elle a lancé 77 fonds régionaux qui gèrent plus de 12 milliards d?euros.

Dans ce contexte, créer cette BPI est-il utile ? Peut-être. « En attendant de connaître la capacité financière de la future BPI, il est essentiel que cette nouvelle institution permette de clarifier et de simplifier l?accès des entreprises aux différents dispositifs de financement public existants », estime Céline Choulet, économiste chez BNP Paribas. La BPI pourrait aussi pacifier les relations entre tous les acteurs, relations qui ont été parfois tendues par le passé.

Patrice Coulon, le directeur général délégué de GE Capital, est pour sa part assez sceptique. "La France est suffisamment pourvue de dispositifs de soutiens. Pourquoi en créer un autre, sachant que sa force de frappe, qui ne devrait pas dépasser la vingtaine de milliards compte tenu de l'état des finances publiques, sera insuffisante pour avoir un réel impact sur l'économie ?", s'interroge-t-il. Si tel était le cas, d?une part, l?action de la BPI ne pourrait se concentrer que les entreprises qui souffrent le plus et/ou sur celles qui sont promises au plus bel avenir. D?autre part, elle ne pourrait absolument pas se substituer au marché mais seulement pallier ses carences.

Les banques n'ont pas coupé l'accès au crédit

Par ailleurs, le timing est-il bon ? Ce n?est pas si certain. Les statistiques récoltées par GE Capital, le principal acteur du recouvrement en France, indiquent que les entreprises ne souffrent pas actuellement d'un problème d'accès au crédit bancaire. "Depuis 18 mois, elles ne consomment que 50% à 60% des droits de tirage des prêts qui leur ont été accordés. C'est plutôt d'un nombre insuffisant de projets à financer dont souffre l'économie", poursuit Patrice Coulon.

 

Commentaires 15
à écrit le 27/08/2012 à 16:13
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Enfin du socialisme comme a la belle époque !!! Une banque d'état ou la seule condition pour qu'un "escroc de patron" (dixit montebourg condamné pour ce qualificatif) puisse emprunter sera : Présentation de la carte du parti + liasse de billet dé...

à écrit le 14/07/2012 à 12:51
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Je crois que le bilan de l'investissement ces 5 - 10 dernières années n'est pas fameux. Par contre on peut regarder (encore !) vers l'Allemagne avec ses instituts Fraunhoffer. Et là ça envoit. Étant souvent à l'avant garde de la recherche, ayant un b...

à écrit le 14/07/2012 à 6:11
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la caisse des dépots servait a acheter les canards boiteux des copains.une nouvelle entité servirait encore plus de monde

à écrit le 14/07/2012 à 0:07
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je comprends pas pourquoi on dit qu'en France on a plus d'industrie avec toutes les usines à gaz qu'on a ^^ et bientôt encore une autre, on doit être le premier producteur du monde :))

à écrit le 13/07/2012 à 21:51
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cela va faire doublon avec La Caisse des dépôts et consignations et ses filiales qui constituent un groupe public au service de l?intérêt général et du développement économique du pays. Ce groupe remplit des missions d?intérêt général en appui des po...

à écrit le 13/07/2012 à 20:27
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C plutôt d'un manque de projet à financer dont les PME manquent. M. COULON : je vous propose de descendre sur le terrain Acteur du métier de la cession et reprise de TPE plus aucune banque ne prête à moins de 60% d'apport. Aucune banque ne sui...

le 13/07/2012 à 22:15
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La Caisse des Dépôts travaille en circuit fermé avec des indsutriels issus du sérail, des mêmes grandes écoles que les cadres de la CdC, c'est une forme de clientellisme qui a comem résultat lé désindustrialisation massive ces 10 dernières années. Pa...

le 13/07/2012 à 22:19
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Si il y a énormément de projets industriels qui sont étouffés par les étouffoir d'innovation que sont les structures parapubliques comme Oseo Innovation (ex Anvar), les CRITT et les agences blas blas banquets, tous fort bien logés dans des immeubles ...

à écrit le 13/07/2012 à 18:47
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A l?évidence, les piètres performances de la France mises en évidence par les rapports l?INSEAD- OMPI et EUROPA viennent démontrer que les FCPI, Fonds Communs de Placement dans l'Innovation, n?ont pas permit d?obtenir les effets escomptés pour dévelo...

à écrit le 13/07/2012 à 17:53
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S'il s'agit d'investir des capitaux à bon escient, de sécuriser les fonds propres des entreprises, ou tout simplement d'entreprendre une nouvelle activité, il y a le bon vieil actionnaire qui a fait ses preuves depuis plusieurs siècles. Mais voilà, e...

le 13/07/2012 à 18:44
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Crowd funding et Fonds d'Investissement de Proximité - L'Etat devrait libéraliser le ??crowd funding?? en créant une législation ad hoc pour faciliter l?accès des entreprises aux investissements « citoyens ». La faiblesse structurelle de l'innovatio...

le 13/07/2012 à 19:20
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@Crowd funding, Pauvre petit etudiant de mba !!!! Ah là, la, vous manquez d expérience et aussi de bon sens !!!! Pourquoi un investisseur devrait il passer par le FIP, le crowd ou tout autre «véhicule» ???? Bin justement, il n y a pas de raison !! Po...

le 13/07/2012 à 22:23
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@"satan", vos arguties ne sont que de vieilles rangaines, usées, vociférées par le MEDEF et la CGPME représentant les patrons médiocres qui ont fait les impasses sur la recherche et développement pour créer produire et vendre des fabrications à haute...

le 14/07/2012 à 10:31
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Les patrons sont devenus mendiants pour satisfaire ces fonctionnaires et ces politiques qui prétendent faire de la politique industrielle et ont la haute main sur les marchés publics qui sont la mane de nombre d'entreprises. Dans l'état colbertiste,...

à écrit le 13/07/2012 à 17:43
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C'est totalement inutile de créer une nouvelle institution. Le paysage bancaire est déjà assez encombré. Mieux vaudrait réformer la CDC, aujourd'hui confiée à Jean-Pierre Jouyet, car c'est vraiment sa vocation.

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