Grand oral de François Hollande : le décryptage d'une "accélération"

Sur la forme, François Hollande est apparu comme un président "en situation de combat", prêt à faire face à son impopularité. Répondant aux critiques qui lui ont été faites, il a promis de passer la vitesse supérieure. Décryptage.
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 Certes, il a démarré un peu sous stress, l'air un peu coincé, les yeux écarquillés, cherchant ses marques sous l'oeil de la caméra et des Français "mécontents". Les sondages qui ont précédé son intervention, François Hollande les connaît. Les éditoriaux très critiques à son égard, il les a eu sous les yeux tout l'été. Mais il n'aura fallu que quelques minutes au président de la République pour retrouver un brin d'aisance et même de jovialité. Façon de dire aux médias et à ses détracteurs "les chiens aboient la caravane passe" et elle mettra d'ailleurs cinq ans à passer. 

"Je ne vais pas faire en 4 mois ce que mes prédécesseurs n'ont pas fait en 5 ans ou 10 ans. Mais moi, je considère que je suis en situation de combat et à partir de là, je ne veux pas simplement regarder le passé. Le passé, il compte, il pèse, mais je dois engager l'avenir". Cette petite phrase fait écho au discours de l'ancien président américain Bill Clinton qui avait lancé la semaine dernière, à propos de Barack Obama : "Aucun président, -pas moi-même, ni aucun de mes prédécesseurs-, personne n'aurait pu réparer les dégâts causés en seulement quatre ans". "Le gouvernement n'a pas perdu son temps", s'est donc défendu le président français en réponse à la première question de Claire Chazal sur le "désamour" des Français. Disant comprendre les "inquiétudes" des Français, "bien entendre les impatiences", "je suis en situation de combat", a-t-il répondu.

"Je dois fixer le cap et le rythme", "j'ai pour mission de redresser notre pays". "Je vais fixer un agenda du redressement : 2 ans. Deux ans pour à la fois mettre en oeuvre une politique pour l'emploi, pour la compétitivité et le redressement des comptes publics", face à "un chômage élevé, une compétitivité dégradée, des déficits considérables, un endettement historique". "L'agenda du redressement, c'est 2014". Détaillant d'abord ses mesures pour l'emploi, François Hollande a enchaîné : "Vous me dites : il faut accélérer. J'accélère". Question rythme, le ton est donné. Une manière de concéder sans se renier les critiques qui lui ont été faites cet été. Sur la mobilisation le ton est plus ferme. Enfin sur la lisibilité, son point faible, l'effort est net : il a bien abordé les deux sujets de préoccupation des Français à savoir l'emploi et le pouvoir d'achat. Mais il peine encore et toujours à se révéler plus concret sur l'application des mesures envisagées.  

Roland Cayrol, grand expert des interventions politiques, l'avait prévu : Toute sa difficulté serait d'apparaître comme "président de la république", c'est à dire de trouver sa façon à lui d'endosser l'habit, surtout après son prédécesseur, l'hyperprésident Nicolas Sarkozy. François Hollande pour éviter de passer pour un " hipoprésident" a donc réaffirmé le regard brillant qu'il souhaite "une présidence simple, exemplaire d'action et de mouvement".

Quant à tenter de lui arracher des confidences sur les difficultés de l'exercice du pouvoir, Claire Chazal a fait choux blanc  : "Je me suis préparé à cette fonction pendant des mois". "Je ne vais pas larmoyer sur le sort de celui qui fixe le cap". "J'assumerai toute la responsabilité" de l'action menée. Une pierre dans le jardin d'un Nicolas Sarkozy qui tentait à la fin de son quinquennat de s'attirer la compassion et l'empathie des Français sur les contraintes et les lourdes responsabilités dont il avait la charge.  "Est-ce que je n'avais pas anticiper ? oui je l'avais anticipé", a-t-il asséné presque en "free style". "Mais on est parfois couper des réalités ?" a tenté Claire Chazal. "Non, ne vous inquitétez pas. On est vite rattrappé" a-t-il répondu l'air affirmé mais avec le sourire.  

C'est peut-être sur cette posture, prête à assumer son impopularité, que François Hollande aura le plus marqué l'opinion publique ce soir, tranchant avec le ton teinté d'émotions d'un Nicolas Sarkozy. "Un style, ca s'imprime au fur et à mesure" a confié le président au journal Le Monde. Il en a ce soir dressé une ébauche.   

 

Commentaires 21
à écrit le 10/09/2012 à 18:40
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C'est donc ça que nous propose notre champion de la croissance, celui qui nous répétait que tout irait mieux quand il prendrait la place de son prédécesseur? Il y a de quoi se taper le derrière au lustre quand on voit que dans le pays champion du mon...

à écrit le 10/09/2012 à 17:50
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Aucune conmpétence pour Monsieur HOLLANDE à être Présiedent de la République difficile de passer derrière Nicolas Sarkosy qui avait une bonne présentation et un bon dialogue ave c le monde polique

à écrit le 10/09/2012 à 14:34
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il va à la vitesse zéro, mais il va aller deux fois plus vite ! fuyez, on est trés mal barrés

à écrit le 10/09/2012 à 14:34
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deux mois pour faire un agenda, deux ans pour commencer à réformer, mais quoi, surement pas l'essentiel, la baisse extrêmement urgente de la dépense publique ; l'escargot a lentement sorti une corne !

à écrit le 10/09/2012 à 14:18
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Vous allez pouvoir attendre longtemps nous courons à la catastrophe avec la politique de Mr Hollande ceux qui vont s'en sortir c'est tout ceux qui ne font rien on augmentes les alloc, ils ont des bons pour tout et ne paient rien par contre l'ouvrier ...

à écrit le 10/09/2012 à 11:14
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C'est encourageant. Maintenant, j'attends de voir la suite ! Ce ne sont pas des coups de com ; des réformettes en tous genres sans queue, ni tête qu'il nous faut mais des mesures claires, réalistes et constructives. Il nous faut savoir où l'on va,...

le 10/09/2012 à 11:44
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Mon pauvre Cassis il va te falloir mettre beaucoup d'eau pour pouvoir avaler la suite !!!!

à écrit le 10/09/2012 à 9:58
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Quand on est à l'arrêt, accélérer ne veut rien dire. Il faut sortir de l'immobilisme. Pour cela Hollande n'a pas d'alternative, il lui faut renier ses promesses. Il lui faut aussii cesser d'accuser son prédécesseur qui lui a dû faire face à l'arrivée...

à écrit le 10/09/2012 à 9:33
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on a vu des accélérations plus impréssionantes

à écrit le 10/09/2012 à 7:01
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Question style effectivement Hollande imprime son style à lui et c est le cynisme!

à écrit le 09/09/2012 à 23:51
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Et les politiques, les députés, les sénateurs, les conseillers municipaux et régionaux, avec leurs salaires mirobolants, leurs retraites dorées, il est où leur effort ???

le 10/09/2012 à 7:05
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C est son style: le cynisme. Aucun effort du gouvernement ! Tout en augmentation d impôts pour tous mais absolument tous les français ! C est une honte! Et après on nous enfumé avec des détails .... Qui ne changeront rien a la situation . Démagogie a...

à écrit le 09/09/2012 à 23:29
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Enfin quelque chose de réaliste ... un plan sur deux ans avec des engagements risqués , plutôt que des opérations de com suite a des décisions prises sur un coin de table comme précédemment. En fait Hollande se débrouille plutôt bien compte tenu de l...

le 10/09/2012 à 10:01
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C'est de l'ironie ou quoi ? Vous avez une conception très fumeuse du réalisme.

à écrit le 09/09/2012 à 23:08
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J'ai vu, hélas, ce triste spectacle à la grand messe du 20 heures. Une fois de plus, des mots, des paroles, beaucoup de promesses... pour plus tard !!! Rien de concret si ce n'est que nous devons nous préparer à courber l'échine et payer, encore paye...

le 09/09/2012 à 23:31
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Et si on est a se point dans la merde c'est que le précèdent avait été efficace ?? Au bout de 5 ans on en pouvait plus ... et d'ailleurs a part faire puis défaire lui même ses propres mesures le précédent n'avait pas beaucoup avancé ....

le 09/09/2012 à 23:42
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Ce n'est parce que les autres ont été mauvais qu'il faut poursuivre dans cette voie ! Mais c'est sans doute ça, la "normalitude"...

le 10/09/2012 à 10:07
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à Voui : qu'est-ce qui vous permet de dire que Sarkozy a été mauvais.? Il faut raisonner en économiste, pas en partisan. Sarkozy a pris les bonnes mesures (en général, à quelques exceptions près) Par sectarisme Hollande prend le contrepied. L'annulat...

le 10/09/2012 à 13:16
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@Fremen : l'intervention de M. Hollande a été bien reçu en Allemagne et dans les pays anglo-saxons. Et vous vous trompez : M. Hollande continue ce qu'avait commencé M. Sarkozy, il y a en fait une continuité, cachée par le style (rabottage des niches ...

à écrit le 09/09/2012 à 23:08
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Il n'a pas choisi Claire Chazal par hasard : elle ne ferait pas de mal à une mouche ,en plus il a été très incorrect et l'a à peine laissé parler !! Il pouvait ainsi tout à son aise comme d'hab. rouler "le benêt de la rue" dans la farine !!

à écrit le 09/09/2012 à 22:56
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Hollande est un danger il va faire couler la France au secours

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