La fin des 3% de déficit laisse les marchés de marbre

Les marchés n'ont pas réagi au report officiel de l'objectif de 3% de déficit public. Ils l'avaient largement anticipé, et estiment qu'il serait contre-productif d'accentuer la rigueur en 2013
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Malgré l'annonce d'un léger dérapage dans la réduction des déficits, attendue par les marchés, la dette française devrait conserver les faveurs des investisseurs, qui font encore confiance au pays pour mener des réformes structurelles sur la durée, selon des analystes.

Les taux d'emprunt français n'ont pas tremblé sur le marché jeudi, autour de 2,25% pour l'échéance de référence à 10 ans, après la déclaration du gouvernement sur le déficit et les mauvais chiffres de croissance sur 2012, qui menacent les 0,8% de hausse du PIB prévue en 2013. "Peu d'analystes pensaient que ces objectifs étaient crédibles dans l'état actuel des choses", résume Cyril Regnat, stratégiste obligataire chez Natixis.

Le marché n'est pas favorable à des efforts supplémentaires

Jean-Marc Ayrault a reconnu mercredi soir, pour la première fois, que l'objectif d'un déficit public ramené à 3% du produit intérieur brut (PIB) d'ici la fin de l'année ne serait pas atteint. Si les investisseurs restent cléments envers la dette française, c'est que "le marché se dit désormais qu'il n'est pas souhaitable de faire trop d'efforts supplémentaires pour réduire le déficit, au risque de tuer la croissance", estime Jean-Louis Mourier, économiste chez le courtier Aurel BGC.

Pour les analystes, le discours de la France est d'autant mieux reçu qu'il rejoint l'attitude de plusieurs pays européens qui tentent de préserver la croissance sans alourdir la rigueur. Les longues années de récession et la crise sociale en Grèce, tout comme les grandes difficultés de l'Espagne et de l'Italie, ont fini par convaincre les marchés qu'une trop brusque austérité avaient des conséquences néfastes.

Une révision aurait été plus dommageable avant l'été 2012

"Tactiquement, le gouvernement a eu raison de maintenir un moment, au moins rhétoriquement, la fiction d'un objectif à 3%, parce qu'il fallait donner le temps dans la seconde moitié de 2012 aux marchés et aux institutions européennes de changer d'avis sur la politique budgétaire", explique Gilles Moec, chef économiste chez Deutsche Bank. Selon lui, une révision du déficit de la France aurait été potentiellement plus dommageable avant l'été 2012, quand la pression des marchés était encore forte sur la zone euro.

Les marchés pensent donc toujours que la France est en mesure de prendre les mesures nécessaires pour arriver à l'objectif de 0% de déficit d'ici la fin du quinquennat, en 2017, comme l'a réaffirmé le gouvernement. Le pays s'est en particulier engagé sur des mesures structurelles, comme la réforme du marché du travail et des retraites, ainsi que sur une réduction des dépenses. "Le marché laisse pour l'instant le bénéfice du doute à la France mais le pays est clairement sous surveillance", prévient M. Moec, pour qui le gouvernement devra être très précis notamment dans la réduction des dépenses, point très regardé par les investisseurs et les agences de notation.

Côté croissance, "il faut désormais souhaiter que la révision soit assez substantielle pour être crédible, au risque de forcer le gouvernement à refaire le même aveu d'échec dans quelques mois", juge Bruno Cavalier, chef économiste chez Oddo Securities.

Un retour vers la dette des pays fragiles

De l'avis des analystes, le principal critère pour juger d'une potentielle défiance vis-à-vis de la France reste l'écart de taux, ou "spread", avec l'Allemagne, qui est stable depuis décembre. Or, l'économie allemande elle-même, jusqu'à présent le bon élève de la zone euro, souffre et s'est davantage contractée qu'attendu au dernier trimestre de 2012. Si la France ne suscite pour l'heure pas trop d'inquiétudes sur son cas particulier, ses taux d'emprunt pourraient toutefois poursuivre leur remontée, entamée depuis leur plus bas historique sous 2% en décembre, en raison de l'amélioration du climat en zone euro.

"Le fait que les principaux risques en zone euro s'éloignent se traduit par un retour des investisseurs vers la dette des pays fragiles, au détriment des plus solides", comme l'Allemagne et la France, relève M. Mourier.

Commentaires 14
à écrit le 25/02/2013 à 19:04
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Les "marchés" ne croient que ce qu'ils voient...

à écrit le 16/02/2013 à 14:43
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ce n'est pas parce que les marchés n'ont pas baissé qu'il faut se réjouir. D'une part ils avaient anticipé le mensonge, d'autre part si le gouvernement continue dans les mesurettes électoralistes, on va être abonnés aux résultats catastrophiques et l...

le 25/02/2013 à 18:48
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Hollande n'a pas les qualités de Jacques Delors...qui a "jeté l'éponge" devant les réticences à appliquer des mesures de réduction du budget de l'Etat et de développement d'une dyna mique économique via Bruxelles...

à écrit le 15/02/2013 à 22:58
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ET QUI GOUVERNAIT LA FRANCE DEPUIS 2002 ???? DETTE AUGMENTÉE DE 900 MILLIARDS / DÉFICIT COMMERCIAL PASSANT D UN EXCÉDENT A UN DÉFICIT DE 70 MILLIARDS ETC........ LE SAINT ESPRIT PEUT ÊTRE !!!!!!!!!!!!!!

le 16/02/2013 à 14:40
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ce n'est pas parce que les autres n'ont rien fait pour baisser la dépense publique qu'il faut faire pareil, surtout que là on est au pied du mur, les résultats catastrophiques vont s'enchainer, il y a urgence à optimiser le domaine public ce qui va p...

à écrit le 15/02/2013 à 14:51
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contreproductif d'un peu plus de rigueur ? ah bon ? en clair, si je suis surendettée, que je dépense n'importe comment, que je ne boucle plus les fins de mois, la bonne logique est de ne pas réduire les dépenses et de s'endetter encore plus ??? on a ...

à écrit le 15/02/2013 à 11:52
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C'est dire le crédit qu'accordent les "marchés" à la parole des politiques. Les marchés n'avaient tout simplement et absolument pas tenu compte des promesses de ces Messieurs Hollande, Ayrault et consors. C'est dur!!!

à écrit le 15/02/2013 à 11:19
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les marchés ne sont pas idiots il y a longtemps qu'ils avaient anticipés .heureusement qu'ils sont là pour rappeler nos politiques à la réalité . la crise est bien due à l'endettement des pays qui veulent faire porter le chapeau aux banques( 'je n'e...

le 15/02/2013 à 14:03
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Certes les États étaient endettés bien avant 2008 . Par contre pour éviter aux banques de faire faillite en 2008 ils ont rachetés leurs prets pourris contractées avec les fameux subprimes. Sans l'arnaque des subprimes titrisées, dites sures par les ...

à écrit le 14/02/2013 à 22:42
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très bel article, superbement écrit par le ministère de la propagande. Conservez-le, parce que l'année prochaine et les années suivantes il faudra le ressortir à l'identique, jusqu'à ce que l'on soit à plus de 100 % de PIB et 15 % de chômage.

à écrit le 14/02/2013 à 18:21
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Tactiquement Hollande a joué le boulet de l'Europe rendant le rigueur inopérante et n'a pas baissé d'un centimes les dépenses publiques structurelles.

le 15/02/2013 à 12:05
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vous avez envie d'aller vivre en Espagne?........ les réformes sont nécessaires... mais ils faut qu'elles servent à quelque chose....... pas certain que Hollande aie un vraie vision sur le sujet, mais pas moins que sarkosy..... donc le sujet reste ...

le 16/02/2013 à 0:00
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dépenses structurelles

à écrit le 14/02/2013 à 17:37
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la réaction des marchés a été immédiate; marchés boursiers européens en chûte, l'euro au plus bas contre le dollar; ce qui m'a motivé de conclure aujourd'hui et en attente de ces mauvaises publications pour la zone euro, une opération de sécurisation...

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