Il fait beau, les salariés sont de meilleure humeur... Mais sont-ils plus productifs ?

Et si le retour du soleil (enfin...) était une bonne nouvelle pour l'activité économique. Peu d'études montrent l'impact de la météo sur la productivité des salariés. En Bourse, les rendements seraient plus important par beau temps. Mais dans l'agriculture et le bâtiment, le réchauffement climatique va faire des dégats...
Des travailleurs de la City, à Londres, prennent le soleil, en avril 2011. Copyright Reuters

Cela n'aura échappé à personne, le printemps est (presque) arrivé. Les oiseaux chantent, le soleil brille, les bourgeons montrent le bout de leur nez. Vous vous sentez détendu, vos collègues aussi. Mais comment s'en ressent votre travail ? Est-ce qu'avec le beau temps les salariés travaillent mieux ? Ou au contraire, rêvent-ils du verre en terrasse qu'ils pourraient prendre au lieu de taper énergiquement sur leur clavier ?

Hélas, la théorie économique se penche peu sur ces questions. Selon elle, l' "homo economicus" est un être rationnel. Son comportement n'a aucun impact sur son action, seul le niveau de salaire ou des prix compte. Pour trouver des études, il faut aller chercher du coté de la finance comportementale.

En Bourse, des rendements plus importants

En 2003, David Hirshleifer et Tyler Shumway publient ainsi une étude - "Good Day Sunshine"  - dans laquelle ils comparent les rendements journaliers de 26 Bourses dans le monde entre 1982 et 1997 avec l'ensoleillement de la journée. Et ils en concluent que les deux sont correlés : quand il fait beau, les rendements sont plus importants.

"La plus simple hypothèse est que la bonne humeur va rendre les réactions aux nouvelles informations plus favorable", expliquent-ils. Alors qu'un investisseur de mauvaise humeur sera bien plus attentif et évitera de réagir trop rapidement à des annonces superflues. Les deux auteurs notent cependant que la pluie et la neige n'ont aucun impact négatifs sur les rendements.

"Mais il y a des études qui montrent que cette corrélation est moins évidente au niveau individuel", relate Louis Levy-Garboua, professeur d'économie comportementale à l'Ecole d'économie de Paris, "un ensoleillement inattendu n'aurait pas d'effet sur les investissements boursiers". Les explications ? "Un investissement ne se fait pas sur un coup de tête, et aujourd'hui les investissements sont surtout l'oeuvre de gros investisseurs institutionnels, beaucoup moins sensibles à ces effets".

La bonne humeur avant tout

Bref, ce que l'on sait, c'est que le soleil nous met de bonne humeur. "Mais les effets de l'humeur sont souvent de courte durée, continue Louis Lévy-Garboua. Toutefois, si les gens sont heureux de manière générale, cela les prédispose à voir plus loin dans le temps et à plus investir, selon une étude de Ifcher et Zarghamee. Mais la météo ne suffit pas pour cela".

Si les économistes ont peu de réponses, les agents économiques, eux, sont plus bavards. Dans un sondage réalisé aux Etats-Unis, 10% des salariés interrogés se déclaraient moins productifs quand il fait sombre ou quand il pleut. 21% d'entre eux se sont déjà déclarés malade pour éviter d'avoir à affronter le mauvais temps en se rendant au travail. On se  rappelle la pagaille qu'a provoquée l'épisode neigeux, en France, en mars. En plus de la mauvaise humeur qu'elle avait engendrée.

Car en médecine, on constate que l'hiver pèse souvent sur le moral. Les "troubles affectifs saisonniers" ou "SAD" en anglais (pour seasonal affective disorder), se caractérisent par une grande fatigue en hiver. Avec le beau temps, les gens sont plus heureux, moins stressés. "Quand il commence à faire beau, on a beaucoup moins de personnes qui viennent pour des maux de dos", relate un kiné situé non loin de la Défense, et qui reçoit beaucoup de cadres dans son cabinet. Le changement d'humeur avec le soleil n'explique pas tout : "quand il fait beau, les gens sortent plus facilement faire du sport", explique le médecin.

Baisse de la productivité avec le réchauffement climatique

Mais jusqu'à quel niveau apprécie-t-on la température ? Fin février, une étude publiée dans la revue britannique Nature Climate Change indiquait qu'avec le réchauffement climatique, la productivité pourrait diminuer de 20% d'ici 2050. Ses auteurs mettent surtout en avant... les travailleurs agricoles, de la construction et les forces armées.

Dans le droit du travail, les locaux doivent permettre "d'adapter la température à l'organisme humain pendant le temps de travail, compte tenu des méthodes de travail et des contraintes physiques supportées par les travailleurs". Dans l'idéal, la température "de confort" pour travailler est située entre 19°C et 25°C, explique un chercheur de l'institut national de recherche et de sécurité (INRS) à Rue89. 19°C si les salariés bougent peu, plutôt 25°C s'ils restent assis toute la journée. En deçà et au delà, bonjour les dégâts.

"Effet week-end", ...

Du reste, la météo n'est pas la seule responsable de la bonne humeur au travail. En finance comportementale, en plus du beau temps, certains économistes notent un "effet week-end" sur les marchés : les investisseurs achètent plus le vendredi, avant de partir en week-end, tandis que les lundi sont plutot baissiers. D'autres expliquent que plus un investisseur a des interactions sociales plus il aura de facilité à investir sur le marché - parce qu'ils se donnent des tuyaux, ou "pour le plaisir qu'on les gens à parler du marché ensemble", proposent les chercheurs. Même la lune aurait un effet sur l'humeur, et donc les investissements.

 

Commentaires 4
à écrit le 17/04/2013 à 9:28
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la misère est moins pénible au soleil!

le 17/04/2013 à 12:48
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Allez dire cela aux africains victimes de sècheresse...

le 17/04/2013 à 13:00
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ou aux rebelles syriens....

le 17/04/2013 à 14:26
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je pensais juste à la chanson d'Aznavour !

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