Le Français Patrick Modiano, prix Nobel de littérature 2014

L'insaisissable des lettres françaises, a obtenu jeudi le prix Nobel de littérature pour son oeuvre à la tonalité proustienne qui puise son inspiration poétique dans le passé et la mémoire.
Après "Dimanches d'août", "Dora Bruder" ou "Dans le café de la jeunesse perdue", Patrick Modiano a publié début octobre "Pour que tu ne te perdes pas dans le quartier" (Gallimard).

Six ans après Jean-Marie Gustave Le Clézio, récompensé en 2008, c'est au tour de l'auteur de "Rue des boutiques obscures" de se voir distingué pour "l'art de la mémoire avec lequel il a évoqué les destinées humaines les plus insaisissables et dévoilé le monde de l'Occupation", a annoncé l'Académie suédoise jeudi 9 octobre dans un communiqué.

Dans cette recherche du temps perdu intime, Patrick Modiano, 69 ans, se fait détective de sa propre vie, entre des parents absents, un père à la destinée trouble, une adolescence solitaire et douloureuse, de pensionnat en pensionnat, et la blessure de la disparition de son frère Rudy, mort d'une leucémie à l'âge de neuf ans.

"Je n'écris pas vraiment des romans au sens classique du terme, plutôt des choses un peu bancales, des sortes de rêveries, qui relèvent de l'imaginaire", déclarait-il dans une récente interview à Télérama.

Très tourné vers l'Occupation

Né le 30 juillet 1945, après l'Occupation allemande, référence quasi obsessionnelle de ses écrits, Patrick Modiano décline depuis les années 1960 dans ses romans les thèmes de l'identité, de la disparition, de l'amnésie et du passé, réservoir poétique à énigmes.

"Je donne l'impression de toujours me pencher vers le passé, vers l'Occupation, mais cette démarche est liée à ma génération. Si ce n'était pas tombé sur moi, ce serait tombé sur quelqu'un d'autre", justifiait le fils de la comédienne Luisa Colpeyn, qui avait notamment participé à l'écriture du film Lacombe Lucien, de Louis Malle.

Il se livre en 2005 dans "Un pedigree", son écrit le plus autobiographique, alors qu'il s'est toujours défié de la nostalgie et de l'épanchement narcissique.

Prix Goncourt en 1978

L'écriture fut en quelque sorte sa psychanalyse, mais une introspection qui a toujours laissé sa place à l'opacité, un "demi-sommeil" idéal pour cet homme discret, dont le verbe parfois imperceptible n'a jamais fait bon ménage avec les médias audiovisuels.

Le monde littéraire parisien avait découvert ce protégé de Raymond Queneau, ce grand jeune homme timide, embarrassé, avec la publication en 1968 chez Gallimard de "La Place de l'Etoile", roman récompensé notamment par le prix Roger-Nimier.

Ce sont ensuite "La Ronde de nuit", "Les Boulevards de ceinture" (Grand Prix du roman de l'Académie française), "Villa triste", ou encore "Rue des boutiques obscures" en 1978 qui lui vaut la consécration du prix Goncourt.

Le Premier ministre français, Manuel Valls, a salué la consécration d'"un des plus grands écrivains de ces dernières années". "C'est mérité pour un auteur qui est en plus discret comme l'est en grande partie sa belle littérature", a-t-il dit en marge d'un déplacement à Lille.

Commentaires 3
à écrit le 09/10/2014 à 20:10
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Et on apprend que les juges du Prix Banque de la Suède (le vrain nom du prix Nobel) ont l'embarras du choix pour élire le prix Nobel de la Paix 2014. Les séances durent des jours et des nuits mais ils ne parviennent pas à faire le bon choix parmi des...

le 09/10/2014 à 20:41
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Et pourquoi pas – et pourquoi pas ??? :-)

à écrit le 09/10/2014 à 17:59
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Bien merite bravo.

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