Quels sont les effets de la dépréciation de l'euro et de la chute des cours du pétrole sur la croissance ?

Dans sa note de conjoncture, l'Insee revient sur ces deux questions qui agitent les économistes. Selon ses calculs, ces baisses simultanées auraient un impact positif sur l'activité. Sur les prix, l'impact est moins clair.
Fabien Piliu
Le prix du pétrole est passé de 109,8 dollars le baril en moyenne au deuxième trimestre à 78,4 dollars en novembre, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis septembre 2010.

L'euro fort? C'est de l'histoire ancienne, pour le moment. La flambée des cours du brut? Idem. Depuis l'été 2014, l'euro s'est déprécié face au dollar, passant de 1,37 dollar pour 1 euro en moyenne aux environs de 1,23 dollar pour 1 euro, ce qui représente une baisse de 11,4 % au quatrième trimestre. Sur la même période, le prix du pétrole a également fortement diminué, passant de 109,8 dollars le baril en moyenne au deuxième trimestre à 78,4 dollars en novembre, atteignant ainsi son plus bas niveau depuis septembre 2010.

Ces tendances peuvent-elles se prolonger ? Personne ne le sait et personne ne se risque vraiment à faire un pronostic.

En attendant, quels sont les effets de ces deux phénomènes sur l'économie française ? Dans sa note de conjoncture, l'Insee consacre une large place à ce sujet. Ses conclusions sont claires : les baisses concomitantes de l'euro et du prix du pétrole ont un effet bénéfique sur l'activité, mais l'impact sur les prix est ambigu.

Quand la consommation augmente

Pour expliquer l'effet sur l'activité, l'Institut revient sur les mécanismes en jeu : "Pour un pays importateur de pétrole comme la France, une baisse prononcée du prix du baril entraîne à court terme une baisse de l'inflation, ce qui permet d'augmenter la consommation des ménages via la hausse de leur pouvoir d'achat", explique l'Insee. C'est ce que l'on appelle les effets de « premier tour ».

La baisse des prix du pétrole se diffuse également aux prix de production via les consommations intermédiaires, et aux salaires via la boucle prix-salaires. Ce sont les effets de « second tour » qui entraînent une augmentation des marges des entreprises via l'amélioration des termes de l'échange.

Des mécanismes intérieurs et extérieurs à prendre en compte

L'histoire n'est pas finie puisque des effets extérieurs s'ajoutent à ces mécanismes intérieurs. Les pays exportateurs de pétrole souffrant d'une diminution de leurs ressources, la demande qu'ils adressent à la France diminue. "À l'inverse, le surcroît d'activité dans les autres pays importateurs bénéficiant de la baisse du prix du pétrole les conduit à augmenter leurs importations. Du fait de la structure du commerce extérieur de la France, ce deuxième effet l'emporte : les exportations françaises augmentent, entraînées par une demande mondiale plus dynamique", avance l'Insee.

Concernant la baisse de l'euro, l'Insee estime qu'elle engendre à moyen terme un effet positif sur l'activité. En effet, la dépréciation d'une monnaie agit directement sur le prix des biens échangés : elle renchérit les importations tandis qu'elle améliore la compétitivité des exportations. "Elle pèse donc sur les volumes d'importations et soutient les volumes d'exportations", avance l'Institut qui estime à plus de 0,1 point de croissance du PIB supplémentaire par trimestre de juin 2014 à juin 2015 l'effet de ces deux mouvements. Soit un effet cumulé de 0,4 point sur la période, dû pour moitié à la baisse du taux de change effectif et pour moitié à la baisse du prix du pétrole.

Une pression déflationniste

En revanche, l'effet sur les prix est plus ambigu. Une dépréciation de l'euro renchérit les
importations, ce qui provoque une hausse de l'inflation d'ensemble. A l'inverse, une baisse prononcée du prix du baril entraîne une baisse de l'inflation énergétique à court terme - ce sont une nouvelle fois les effets de « premier tour » qui entrent en jeu - et à plus long terme, de l'ensemble des prix à la consommation, les entreprises répercutant la baisse de leurs prix de production sur leurs prix de vente. Cette fois, ce sont les effets de « second tour » qui se diffusent.

Résultat, si les entreprises abaissent réellement leurs prix de vente - ce qui ne serait pas illogique compte tenu des pressions de la concurrence internationale - , l'effet cumulé de ces deux tendances est estimé à 0,5 point de moindre inflation en juin. Dans ce contexte, l'indice des prix à la consommation ne progresserait que de 0,1% au premier et au deuxième trimestre.

Fabien Piliu
Commentaires 8
à écrit le 20/12/2014 à 18:11
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Qu'en est-il des réserves stratégiques?

à écrit le 20/12/2014 à 17:46
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la baisse du prix du pétrole bénéficie à tout le monde , donc ce n'est pas un avantage compétitif pour la France ,par contre la baisse de l"Euro par rapport au dollar est un avantage compétitif pour les ventes hors UE ! mais n'apporte aucun avantage...

à écrit le 19/12/2014 à 16:07
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La dépréciation de l'euro présente un avantage international. Il est probable que lorsque les économies occidentales seront en ligne l'euro vaudra autant que le dollar et que ce peg ne bougera plus qu'en des circonstances très très exceptionnelles. P...

à écrit le 19/12/2014 à 14:35
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la chute des cours du pétrole va mettre de l'huile dans les rouages du pouvoir d'achat et de la croissance à condition que les entreprises jouent le jeu et tirent les prix et n'en profitent pour un effet d'aubaine .

à écrit le 19/12/2014 à 10:32
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Bonjour, Il me semble qu'une dépréciation de 1,37 à 1,23 corresponde à une baisse de 10,2%. (1,37-1,23)/1,37=10,2% Cordialement.

le 19/12/2014 à 16:44
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Correct.

à écrit le 19/12/2014 à 9:49
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Article confus le moins que l'on puisse dire...

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