Comment l'emploi s'est transformé depuis trente ans

Entre 1982 et 2011, l'emploi a augmenté de plus de 20% en France métropolitaine selon l'Insee. Toutes les régions ne sont pas logées à la même enseigne. La sphère productive a connu une profonde mutation avec le développement des activités immatérielles.
Fabien Piliu
Montpellier fait partie des métropoles qui ont créé des emplois depuis 1982
Montpellier fait partie des métropoles qui ont créé des emplois depuis 1982

Selon l'Insee, l'emploi a augmenté de plus de 20 % en France métropolitaine en France métropolitaine. Avant de se plonger dans les statistiques fournies par l'institut, de quel type d'emploi parle-t-on? L'Institut distingue deux catégories d'emplois.

Il y a ceux de la sphère productive qui regroupe les activités potentiellement exportatrices de biens et services : agriculture, industrie, commerce de gros et services aux entreprises, ces deux dernières activités constituant le tertiaire productif.

La sphère présentielle, quant à elle, est tournée vers la satisfaction des besoins des personnes présentes, qu'elles soient résidentes ou touristes. Elle regroupe notamment le commerce de détail, la santé et l'action sociale, l'éducation, les services aux particuliers, l'administration et la construction.

Sur la période, les effectifs des activités productives ont diminué de 6 % tandis que ceux de la sphère présentielle ont bondit de 42 %. De fait, en 2011, les activités présentielles représentent 65 % de l'emploi total contre 56 % en 1982.

Tous les territoires ne sont pas logés à la même enseigne

Des différences territoriales apparaissent dans les 304 zones d'emploi définies par l'Institut, sachant qu'une zone d'emploi est un espace géographique à l'intérieur duquel la plupart des actifs résident et travaillent, et dans lequel les établissements peuvent trouver l'essentiel de la main-d'œuvre nécessaire pour occuper les emplois offerts.

"Dans environ un quart d'entre elles, l'emploi a diminué, tandis que dans un autre quart, il a progressé d'au moins 30 %. Les territoires qui perdent des emplois sont situés plutôt au Nord-Est et dans le Massif central, c'est-à-dire dans les régions où les activités industrielles et agricoles étaient encore très présentes il y a trente ans. À l'inverse, les territoires où le nombre d'emplois progresse fortement sont, pour la plupart, au Sud-Est et à l'Ouest, ainsi qu'en Île-de-France", observe l'Insee.

Les régions les plus dynamiques sont...

Parmi les 76 zones d'emploi affichant les plus fortes croissances, neuf se trouvent en Île-de-France. Elles sont souvent centrées sur des pôles d'activités spécifiques ou des villes nouvelles (Roissy, Saclay, Créteil, Marne-la-Vallée, Cergy, Évry, etc.). Six correspondent à des métropoles régionales. L'Insee cite Montpellier, Toulouse, Nantes, Rennes, Bordeaux et Lyon.

En forte croissance également, certaines agglomérations de taille moyenne bénéficient d'une attractivité particulière liée à leur position géographique proche du littoral ou de la montagne. C'est notamment le cas d'Ajaccio, de Fréjus, de Bayonne, d'Annecy et de Chambéry, ainsi que plusieurs zones d'emploi de plus petite taille, à dominante touristique (Agde-Pézenas, Calvi-L'Île-Rousse, Les Sables-d'Olonne, etc.).

À l'inverse, l'évolution de certaines métropoles régionales est en dessous de la moyenne : Rouen, Lille, Marseille. La zone d'emploi de Paris, elle-même, progresse d'à peine 10 % en 30 ans.

" Dans la plupart des territoires où la croissance de l'emploi a été la plus forte, les deux sphères d'activités ont progressé. Les hausses de main-d'œuvre dans la sphère productive ont pu attirer de nouveaux habitants, qui, par leur consommation et leur recours à des services publics ou privés, ont contribué à leur tour au développement de la sphère présentielle. De même, un bon niveau d'équipement en services constitue un facteur d'attractivité pour des entreprises de la sphère productive. Les zones, peu nombreuses, où l'emploi progresse fortement malgré un repli de l'économie productive sont souvent de petite taille avec des activités de services liées au tourisme ou générées par l'arrivée de retraités", observe l'Insee qui cite les exemples d'Agde-Pézenas, des Sables-d'Olonne, de Clermont-l'Hérault - Lodève, ainsi que plusieurs zones de Corse.

Dans les régions industrielles, des emplois productifs ont été détruits

Les 79 zones qui ont perdu des emplois entre 1982 et 2011 sont, dans l'ensemble, celles où les activités productives étaient prépondérantes en 1982. " Elles représentaient en moyenne 54 % des emplois dans ces zones. Cette part y a fortement diminué (- 17 points), pour atteindre en 2011 un niveau proche de la moyenne nationale ", note l'Insee qui observe toutefois que l'évolution de l'emploi a été très favorable dans certaines zones principalement tournées vers l'économie productive en 1982. C'est notamment le cas dans les Pays de la Loire et plus précisément dans les zones d'Ancenis, Sablé-sur-Sarthe et Les Herbiers.

La « production abstraite »
stimule la sphère productive

Autre enseignement de cette étude, des différences apparaissent au sein même de la sphère productive où, depuis trente ans, les fonctions qui y sont exercées ont radicalement changé de nature. Ainsi, pour les fonctions de production concrète qui correspondent aux emplois de fabrication industrielle et production agricole notamment, souvent peu qualifiés, les effectifs ont été divisés par deux. En 2011, leur part au sein de la sphère productive n'est que de 30 %, contre 56 % en 1982.

"Cette baisse trouve son origine dans les mutations que connaît l'appareil productif sur longue période en lien avec le progrès technologique et la mondialisation. De ce fait, les zones d'emploi où les effectifs de la sphère productive baissent fortement le doivent très largement à l'effondrement des fonctions de production concrète : - 72 % à Longwy et Lunéville, - 65 % à Maubeuge, etc.", constate l'Institut.

En revanche, au sein de la sphère productive, l'effectif des fonctions de production abstraite (conception-recherche, prestations intellectuelles, production culturelle) et des fonctions de gestion et d'intermédiation (commerce interentreprises) est en très forte progression (+ 47 %) sur la période.

Selon l'Insee, ces fonctions sont sur le point de devenir majoritaires au sein des activités productives, une partie d'entre elles ayant été externalisées au sein d'entreprises de services, qui constituent la composante tertiaire de la sphère productive.

" Ces fonctions, à forte valeur ajoutée, font appel à une main-d'œuvre beaucoup plus qualifiée que celles de production concrète. Leur développement traduit la mutation, sur le territoire français, de la sphère productive vers l'économie de la connaissance, de l'information et de la production immatérielle. Bien insérées dans l'économie mondialisée, elles sont très concentrées au sein du territoire national. Elles se localisent en priorité dans l'agglomération parisienne et dans les métropoles régionales, ce pourquoi on les qualifie en général de fonctions métropolitaines. Toutes les zones d'emploi où la sphère productive progresse le doivent au développement de ces fonctions ", observe l'Insee.

Certes, cette mutation de la sphère productive n'a pas d'effets assez puissants pour compenser les destructions de postes dans l'industrie, en perte de vitesse chronique. Depuis 1980, quelque 2 millions d'emplois ont été supprimés dans l'industrie.Quant à la part de sa valeur ajoutée dans le PIB, elle a chuté entre 2000 et 2010, passant de 19,2% à 15,5%.

Mais la montée en puissance est son seul salut. Face à la concurrence des pays à bas coûts salariaux, l'industrie tricolore n'a pas d'autre choix que de monter en gamme. C'est le principal intérêt de cette étude de le rappeler.

Fabien Piliu
Commentaires 13
à écrit le 05/03/2015 à 7:47
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Comment faire de la croissance? Question de définition: baisse ou hausse d'impôts, suppression des échelons ou promotions ancienneté? Politique d'offre mais quelles baisses d'impôts alors qu'on défiscalise sur des niches.

à écrit le 04/03/2015 à 22:03
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Très intéressante étude. Elle renforce la justification des orientations suivies au niveau Européen (Lisbonne) mais encore peu suivies d'effets.

à écrit le 04/03/2015 à 16:59
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Curieux j'ai lu il y a peu que les emplois dans le privé avaient diminué entre 1995 et 2005 ...ce secteur perd plus d'emplois qu'il n'en crée ......Il faut donc comprendre que les seules créations d'emplois avec un solde positif se font dans la fonct...

le 05/03/2015 à 8:48
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... à quel prix ??!?? LE secteur privé est ponctionné par de plus en plus de prélèvements obligatoires, soumis à de plus en plus de contraintes supplémentaires... mais la richesse ne se crée QUE avec des emplois productifs !

à écrit le 04/03/2015 à 15:22
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Entre 1982 et 2011, l'emploi a augmenté de plus de 20% en France métropolitaine et nous a laissé 3,5 millions de chômeurs depuis les fin des années 80 ?????

le 05/03/2015 à 7:49
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Vous oubliez que le volume total à aussi changé La population à beaucoup augmenté .

à écrit le 04/03/2015 à 13:22
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Contrairement à ce qu'on pourrait penser, il n'a jamais cessé d'y avoir des créations d'emplois en France, sauf qu'il y a plus de demandes dues à une mauvaise prédiction de la population. C'était incohérent de la part de De Gaulle et les idiots qui ...

à écrit le 23/02/2015 à 18:56
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rejoignez nos collectivités locales:des milliers d'emplois disponibles pour ceux qui le méritent!

à écrit le 23/02/2015 à 12:53
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LES SEUL EMPLOIES DIPONIBLE AUJOURDHUI SONT CEUXQUI ONT AFFAIRE AUX NOUVELLES TECNOLOGIES ? LES EMPLOIE MANUEL VONT DISPARAITTRE EN MEME TEMPTS QUE L INDUSTRIE???

le 04/03/2015 à 12:14
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Pas sûr. De nombreux emplois dans les nouvelles technologies ont été délocalisés en Inde. Les métiers intellectuels sont en effet très simples à délocaliser. La production locale et l'industrie ont encore de belles cartes à jouer. Quand aux métiers m...

le 04/03/2015 à 13:14
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l'exemple de ce que j'appellerais l'arc angevin, bien qu"ils n'en fassent pas partie, Sablé, Ancenis les Herbiers, font surtout appel à des métiers peu ou pas qualifiés.

le 04/03/2015 à 18:06
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votre commentaire me fait penser qu'il reste un énorme potentiel dans l'apprentissage de la langue française.

le 05/03/2015 à 2:31
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Donc quelques patrons riches et la majorité des ouvriers pauvres, c'est ça la france ?

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