Alternance politique historique au Japon

Le parti démocrate du Japon (centre) a imposé une défaite historique au parti libéral-démocrate (droite) au pouvoir, quasiment sans interruption, depuis 1955. Le Premier ministre Taro Aso annonce sa démission à la tête de son parti.

Le Parti démocrate du Japon (PDJ) de Yukio Hatoyama, sans expérience gouvernementale, a obtenu près des deux tiers des 480 sièges de la chambre basse du parlement, avec 308 sièges, soit un gain de 193 mandats, selon les résultats officiels diffusés ce lundi matin.

Parmi ses alliés potentiels, le parti social-démocrate (gauche) obtient 7 sièges (inchangé), le Nouveau Parti du Peuple (droite) 3 sièges (-1), et "Votre Parti" (centre) 5 sièges (+1).

Du côté de la nouvelle opposition, le parti libéral-démocrate (droite) n'aura que 119 sièges (-181), et le Nouveau Komeito (bouddhiste) 21 sièges (-10).

Enfin, le parti communiste obtient 9 sièges (inchangé), huit autres mandats étant répartis entre des candidats indépendants ou marginaux.

Un haut responsable du PLD a reconnu cet effondrement en parlant de "défaite historique", et un autre a déclaré que le parti allait s'employer à choisir un nouveau chef, alors que Taro Aso a annoncé qu'il allait démissionner de la présidence du PLD. "Les prévisions des médias étaient épouvantables. Nous avions des doutes, mais à présent je crois qu'elles deviennent une réalité", a dit Yoshihide Suga, vice-président du Conseil de stratégie électoral du PLD.

Une victoire du Parti démocrate met fin à l'hégémonie quasi continue du PLD, qui gouverne depuis 54 ans à l'exception d'une courte parenthèse de dix mois en 1993, et débloquerait l'activité parlementaire par une série d'engagements politiques centrés sur la consommation, la réduction des dépenses superflues et de l'influence de l'administration.

La déroute des conservateurs peut démanteler le partenariat formé par le PLD, la haute finance et les bureaucrates, qui transforma le Japon en poids lourd économique après sa défaite dans la Seconde Guerre mondiale. Cette stratégie s'est embourbée avec l'éclatement de la "bulle" économique nippone à la fin des années 1980 et la croissance du pays stagne depuis lors. Les marchés financiers attendent ainsi impatiemment la fin du blocage parlementaire qui freine l'action politique depuis que l'opposition est devenue majoritaire au Sénat en 2007.

Yukio Hatoyama, petit-fils prospère d'un ancien Premier ministre, a exprimé dimanche l'intention d'intégrer des petites formations politiques à une coalition: "Si le Parti démocrate forme un gouvernement, je souhaite former une coalition avec le Parti social démocrate et le Nouveau parti populaire", a-t-il dit.

Fondé en 1998 par des transfuges du PLD, d'ex-socialistes et de jeunes conservateurs, le Parti démocrate s'est engagé à concentrer les dépenses budgétaires sur les ménages. Il entend améliorer le pouvoir d'achat des ménages et promouvoir la démographie via le versement d'allocations familiales. Le PDJ souhaite aussi adopter une position diplomatique plus indépendante des Etats-Unis, ce qui fait craindre à certains que des tensions ébranlent la vieille alliance Washington-Tokyo.

Le nouveau gouvernement aura la lourde tâche de sortir le Japon de sa plus grave récession économique depuis 1945, alors que le chômage y a atteint en juillet un niveau sans précédent. Sur le plan démographique, plus d'un Japonais sur quatre devrait en outre être âgé de 65 ans et plus en 2015, ce qui laisse entrevoir une aggravation du financement des prestations sociales, retraites et dépenses de santé en tête.

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