Christine Lagarde optimiste sur des avancées concrètes au G20

Dans une interview à l'agence Reuters, Christine Lagarde, ministre de l'economie, a exprimé ce mardi son optimisme pour le prochain sommet du G20 dont elle attend de nouvelles avancées, y compris sur la question épineuse de l'encadrement des rémunérations des "traders". La France pourrait par ailleurs revoir à la baisse ses prévisions de recul du PIB en 2009.

Dans l'interview qu'elle a accordée à l'agence Reuters, Chistine Lagarde dit espérer en vue du G20 de Pittsburgh, la réunion des principaux pays du monde, des progrès dans le domaine des bonus et des normes prudentielles mais aussi des décisions sur les sanctions qui pourraient frapper les centres financiers non coopératifs. A cet égard, elle a loué les efforts d'ouverture de la Suisse, qui vient de signer un accord de transparence fiscale avec la France, et indiqué que Paris soutiendrait la demande de Berne de sortir de la "liste grise" établie en avril par l'OCDE.

Concernant les positions du Premier ministre britannique Gordon Brown, dont le pays abrite le premier centre financier d'Europe et qui s'est montré peu enthousiaste sur la question d'une limitation des bonus, Christine Lagarde a estimé que "tiède c'est toujours mieux que froid", et qu'elle voyait "une évolution majeure dans les positions de certains de nos collèges. Le discours du Premier ministre Gordon Brown a beaucoup évolué depuis un an et demi", a jugé la ministre, en se félicitant en outre du "grand consensus" existant entre la France et l'Allemagne.

"Je ne suis pas pessimiste, je suis plutôt optimiste : il y a seulement trois mois, qui aurait pu imaginer qu'il y aurait une telle convergence sur la rémunération des traders ?", a-t-elle ajouté. Pour la ministre de l'Economie, la question des bonus n'est pas accessoire. "Ce n'est pas un épiphénomène contrairement à ce qu'on a pu dire ici ou là. Cela fait partie de la culture, et si vous ne vous attaquez pas aux racines de la culture vous ne changez pas le système", fait-elle valoir. "Si des banques ne semblent pas jouer le jeu et que des Etats n'appliquent pas les règles, eh bien nous ne devrions pas traiter avec eux".

Elle a assuré que le gouvernement était déterminé à mettre en oeuvre les nouvelles mesures, tout en ayant le souci de préserver la compétitivité de la place de Paris. "Nous conserverons des règles nationales fortes, cela ne fait pas de doute, mais en même temps ce n'est pas mon travail de détruire la place financière de Paris, pas plus qu'en Allemagne ou au Royaume-Uni (...) Il ne s'agit pas d'assouplir les règles mais de trouver les structures qui permettront d'assurer leur respect et de préserver la compétitivité de nos centres financiers."

Pour les centres non coopératifs - les paradis fiscaux qui avaient été mis à l'index au premier sommet du G20 le 2 avril à Londres - la ministre préconise aussi des sanctions. "Il faut un suivi sur ce que nous avons fait concernant les centres non coopératifs. Il faut nous entendre sur l'attitude à adopter avec ceux qui ne jouent pas le jeu, leur dire que nous ne ferons pas affaire avec eux", selon elle.

Christine Lagarde se déclare par ailleurs persuadée que la réforme du système financier reste impérative même avec la reprise qui se dessine. "Ce n'est pas parce que les circuits financiers fonctionnent à nouveau et parce que l'économie se reprend très très progressivement que la crise est finie (...) Tant que le chômage continuera d'augmenter aux Etats-Unis, au Royaume-Uni, au Japon, en France, nous serons en situation de crise et il nous faudra remédier aux problèmes qui ont causé non seulement la crise financière, la crise économique mais aussi la crise sociale".

Pour cette raison, les plans de relance doivent être menés à leur terme, a poursuivi la ministre. Elle a noté qu'en France, 18 milliards d'euros de dépenses avaient été engagés à ce jour, sur les 26 milliards adoptés par le parlement en début d'année. Bercy indique d'ailleurs que le déficit annuel pourrait être supérieur aux prévisions de 7% à 7,5% du PIB (produit intérieur brut). En revanche, la récession pourrait être inférieure aux 3% prévus jusque là. Le gouvernement envisage d'ailleurs de revoir prochainement ses prévisions économiques à la hausse.

Si Christine Lagarde a jugé prématuré de jouer aux pronostics pour le G20 de Pittsburgh mais, elle a affirmé que "le président (Sarkozy) est déterminé comme jamais pour conduire le changement, pour restaurer un système plus équitable, plus solide et plus sûr."

Par ailleurs, Bercy a fait savoir, ce mardi encore, que le Conseil de stabilité financière (CSF), qui regroupe notamment les banquiers centraux de vingt pays, se réunira mardi 15 septembre à Paris pour définir des "orientations" en matière de régulation en vue de ce G20 de Pittsburgh. Les travaux du CSF porteront notamment sur la rémunérations des opérateurs de marché et l'identification et la régulation des "hedge funds" (fonds d'investissement à risque) d'importance "systémique". Conformément à la mission qui lui a été confiée au G20 de Londres en avril, le CSF se penchera également sur la définition de normes prudentielles globales, c'est-à-dire les règles de stabilité du système financier.

Commentaire 1
à écrit le 09/10/2009 à 13:41
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je pense que Madame Lagarde raisonne juste comme à son habitude, mais qu'il faut réster très prudent car la conjoncture est très volatile tout comme les marchés. La crise n'est peutêtre pas terminée, mais il faut bien faire des prévisions pour faire...

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