L'affaire des ravitailleurs tend les relations Paris-Washington

Le Premier ministre français François Fillon, en visite à Berlin, a dénoncé un "manquement grave" de l'administration américaine aux règles d'une "concurrence loyale". Nicolas Sarkozy aura l'occasion d'évoquer ce dossier avec le président américain Barack Obama lors de son prochain voyage aux Etats-Unis, fin mars.

La mise à l'écart d'EADS dans le marché des avions ravitailleurs de l'US Air Force menace de tendre les relations franco-américaines, à trois semaines d'une visite du président Nicolas Sarkozy à Washington.Le Premier ministre français François Fillon, en visite à Berlin, a dénoncé un "manquement grave" de l'administration américaine aux règles d'une "concurrence loyale". "Le gouvernement américain - je le dis - a obligé EADS à quitter la compétition pour les ravitailleurs de l'armée américaine", a-t-il déclaré dans un discours.

Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes a pour sa part annoncé que cette affaire n'en resterait pas là et que le mot "scandale" était "faible". "Il n'y a pas de raison qu'une technologie, d'ailleurs supérieure à la technologie américaine, soit écartée d'un marché", a dit Pierre Lellouche après le conseil des ministres.

Le groupe aéronautique européen EADS et son allié américain Northrop Grumman ont dû se retirer d'un appel d'offre qu'ils avaient d'abord remporté mais qui a été annulé sous la pression de Boeing, désormais seul en lice. Dans une interview publiée par Le Figaro, le président d'EADS, Louis Gallois, juge le nouvel appel d'offre "clairement en faveur du Boeing B767", plus petit que l'Airbus A330.

SARKOZY VA ÉVOQUER L'AFFAIRE AVEC OBAMA

L'Allemagne, partenaire de la France dans EADS, avait déjà accusé mardi les Etats-Unis de s'être rendus coupables de protectionnisme en retaillant un appel d'offre sur mesure pour Boeing. Berlin a invité Washington à en revoir les modalités. Aux Etats-Unis, un porte-parole du département américain de la Défense a déclaré en réponse aux déclarations de François Fillon que les termes de l'appel d'offres avaient pour seul but d'avantager l'armée et les contribuables américains. "Et si nous sommes déçus que Northrop ne soit pas candidat sur une décision de nature commerciale, cela ne modifie pas l'engagement du département de la Défense envers les relations de défense transatlantiques", a déclaré Darryn James.

Le ministère français des Affaires étrangères a averti mardi que la France, ses partenaires européens et la Commission européenne examineraient les "possibles implications" de ce nouveau développement. Le porte-parole du gouvernement français a déclaré mercredi que Nicolas Sarkozy aurait l'occasion d'évoquer ce dossier avec le président américain Barack Obama lors de son prochain voyage aux Etats-Unis, fin mars.

"NOUS ALLONS RÉAGIR"

Pierre Lellouche, pourtant connu pour ses convictions atlantistes et pro-américaines, s'est montré particulièrement sévère. "C'est absolument incompatible avec les règles de droit", a-t-il dit. "Quand un contrat est signé, qu'il est ensuite dénoncé (...), que les spécifications soient réécrites pour favoriser l'avion américain, qu'ensuite on se livre à des pressions, que l'offre européenne soit obligée de se retirer, je trouve qu'on a dépassé les bornes."Le secrétaire d'Etat a qualifié cette affaire d'"affront" pour la France et pour toute l'Europe."Mais nous allons réagir", a-t-il poursuivi. "Il y aura des conséquences (...) Cette affaire n'est nullement close."

L'installation par EADS d'une usine d'assemblage à Mobile, dans l'Alabama, Etat du sud des Etats-Unis, n'est plus d'actualité dans la mesure où elle était destinée aux ravitailleurs, déclare Louis Gallois dans le Figaro. "Cette décision ne remet pas en cause notre intérêt global pour le marché américain. Nous devons nous y développer", ajoute cependant le président d'EADS. "Pour le moment, nous regardons plutôt des acquisitions de taille moyenne (...) Au-delà de la défense, nous portons un intérêt particulier aux services et à la sécurité."

Commentaires 4
à écrit le 15/03/2010 à 12:57
Signaler
PEUT-ÊTRE QU'EN ACHETANT QUELQUES C17 GLOBEMASTER...

à écrit le 11/03/2010 à 13:39
Signaler
Maniement d'armes. Malheureusement, l'affaire est entendue, il suffit de lire le New York Times ou le Spiegel pour savoir que les quatre leaders européens ont écrit au Président Obama qui n'a pas répondu, que Northrop, le partenaire d'EADS a reconnu...

à écrit le 11/03/2010 à 8:48
Signaler
Qu'attendent les Européens pour se retirer sans délai du bourbier Afgan?

à écrit le 11/03/2010 à 6:35
Signaler
Réagir puis courber l'échine cela sera le résultat vec les USA, soyons ferme supprimons tout achat de Boeing dans l'espace Européen par la mise en place d'aides aux compagnies aériennes favorisant uniquement nos productions, taxons les produits améri...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.