Pays-Bas : poussée de l'extrême droite aux législatives

Les libéraux ont dépassé d'une voix les travaillistes d'un siège alors que le parti d'extrême droite PVV arrive troisième, lors des élections législatives anticipées de mercredi aux Pays-Bas, selon des résultats provisoires.

Au lendemain d'élections législatives anticipées, les Pays-Bas se réveillent jeudi avec un parlement morcelé comme jamais où les libéraux n'ont qu'une voix d'avance sur les travaillistes, selon des résultats encore partiels.

L'extrême droite populiste de Geert Wilders, dont les sondages avaient anticipé un recul au fil de la campagne, réalise sa meilleure performance et devance les chrétiens démocrates du Premier ministre sortant, Jan Peter Balkenende, grands perdants du scrutin.

Un parlement fragmenté
Avec 31 sièges selon des projections calculées sur la base de 88% des suffrages exprimés, le Parti libéral (VVD) de Mark Rutte ne devance que d'un siège les travaillistes de Job Cohen. Mais ce rapport de forces est susceptible d'évoluer d'ici à la proclamation des résultats définitifs, le 15 juin.

Le parti arrivé en tête se verra confier la tâche de rassembler une coalition, et les discussions s'annoncent ardues: jamais la représentation nationale n'a été à ce point fragmentée depuis que le parlement est passé de 100 à 150 sièges, en 1959.

A priori, la coalition, quelle qu'en soit le parti-pilier, devra réunir au moins quatre formations différentes. Mais la situation n'est pas totalement inédite. De 1994 à 2002, les Pays-Bas ont été gouvernés par une coalition droite-gauche dite "coalition mauve" ou "violette".

Avec 10 sièges chacun, les écologistes et les centristes se sont dits prêts à entrer dans une coalition, et Job Cohen a déjà fait des ouvertures dans leur direction.

Mark Rutte a promis de former un gouvernement d'ici le 1er juillet. Encore faut-il que la première place du VVD soit confirmée. Le futur gouvernement devra faire adopter son budget en septembre.


L' immigration toujours au coeur du débat
L'éclatement de la crise de la dette grecque et les craintes d'une propagation à d'autres pays de la zone euro avaient déplacé la campagne électorale sur les sujets économiques.

Ce recentrage était vu comme un handicap pour le Parti de la liberté (PVV) du populiste Geert Wilders. Donné en tête par les instituts de sondage en février, le parti avait reflué dans les intentions de vote.

Mais l'héritier politique de Pim Fortuyn, adversaire de l'immigration assassiné en 2002, a fait mentir leurs prévisions. De 9 élus en 2006, sa formation passerait à 24 cette année. Wilders, en opposition frontale avec les traditions néerlandaises de tolérance à l'égard de l'immigration, veut interdire l'immigration en provenance de pays musulmans.

L'assassinat en 2004 par un homme d'origine marocaine du cinéaste Theo van Gogh, auteur d'un film critique sur l'islam, a attisé les tensions entre les communautés. Son discours trouve une résonnance auprès d'une partie de la population. Sur les 16,6 millions d'habitants, on compte un million de musulmans.

Libéraux et travaillistes ont pris leurs distances. Wilders lui-même préférerait se maintenir dans l'opposition pour marteler son message et influencer le débat plutôt que de participer à un gouvernement, avancent des politologues.


La maîtrise budgétaire remise à plus tard
Conséquence directe des incertitudes politiques, la mise en oeuvre d'un programme de maîtrise du déficit budgétaire et de réduction des dépenses publiques devrait être différée.

Le déficit budgétaire, qui représentera 6,6% du PIB à la fin de l'année, doit être ramené à 3% en 2013, en vertu des règles édictées par l'Union européenne.

Dans son évaluation des différents programmes, le Bureau d'analyse de la politique économique (CPB), organisme public indépendant, a estimé que la plate-forme électorale du Parti libéral était celle qui permettrait de réduire le plus rapidement le déficit budgétaire

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