Missions épineuses pour la BCE et la Banque d'Angleterre

Sans surprise, la Banque d'Angleterre a maintenu le statu quo sur ses taux avant la décision monétaire de la Banque centrale européenne. Les deux banques centrales ne disposent d'aucune marge de manœuvre sur leurs taux d'intérêt, mais sont confrontées à des situations délicates qui requièrent des réponses différentes.

Il ne fait aucun doute que la Banque centrale européenne ne modifiera pas son taux directeur à l'issue de sa réunion ce jeudi, maintenant le "refi" à 1%, niveau sur lequel il stationne depuis quatorze mois. La décision est attendue à 13h45.

La Banque d'Angleterre a pour sa part maintenu son taux d'intervention au plus bas record de 0,5%. Ce taux n'a plus bougé depuis le 5 mars 2009. Le Comité de politique monétaire de la BoE a par ailleurs conservé à 200 milliards de livres l'objectif de rachat d'actifs, un statu quo qui dure depuis cinq mois.

Le président de la BCE, Jean-Claude Trichet, ne devrait pas non plus modifier son diagnostic sur la situation économique, admettant que, dans un contexte de pressions inflationnistes faibles, la reprise est modérée et que de nombreuses incertitudes subsistent.

Parmi ces dangers figurent l'essoufflement de la reprise aux Etats-Unis, le ralentissement attendu de la demande mondiale, notamment en provenance de Chine et les effets pervers sur la croissance des plans d'austérité budgétaire qui se sont multipliés en Europe. En outre, depuis la dernière réunion du conseil de la BCE, les turbulences sur le marché de la dette souveraine des pays de la zone euro ne se sont que très partiellement calmées, bloquant le fonctionnement du marché interbancaire.

Pour tenter de calmer le jeu, le président Trichet va devoir faire oeuvre de pédagogie, et engager la BCE à continuer de satisfaire l'intégralité des demandes de prêts des banques, qui restent extrêmement dépendantes de ses refinancements, comme en a attesté l'opération hebdomadaire de routine du début de semaine.

Ne pas étouffer la croissance

La BCE a alloué mardi 229 milliards d'euros aux institutions financières implantées dans la zone euro, le niveau le plus élevé depuis juin 2009. Même si les opérations à un an sont interrompues - le remboursement de la première échéance de 442 milliards d'euros a eu lieu jeudi dernier - et que la reconduite d'opérations à six mois est peu probable, la BCE pourrait annoncer encore un ou deux refinancements à trois mois, selon les économistes d'Aurel BGC. Mais elle devrait attendre de voir si "l'opération vérité" sur les comptes des banques, avec la publication des résultats des stress tests le 23 juillet, permet de restaurer la confiance sur le marché interbancaire. C'est à une toute autre contrainte qu'est confrontée la Banque d'Angleterre. Elle a pour mission de maintenir l'inflation sur l'objectif de 2% en rythme annuel fixé par le gouvernement.

Or, elle doit actuellement faire face à une hausse des prix que Trichet, lorsque des pressions similaires s'exerçaient dans la zone euro, qualifiait de "poisseuse, qui militerait en faveur d'une hausse des taux, fixés à 0,5% depuis mars 2009. Car l'inflation s'est élevée à 3,4% en glissement annuel en mai. Mervyn King, le gouverneur de la Banque d'Angleterre, a déjà du adresser six lettres d'explication au Trésor britannique depuis 2008, la procédure en vigueur outre-Manche, où la banque centrale ne dispose que d'une indépendance opérationnelle. Pourtant, la vieille Dame n'a d'autre choix que de maintenir son taux directeur au plancher, sauf à risquer d'étouffer une croissance encore embryonnaire, de 0,3% au premier trimestre. Face à cette dangereuse stagflation, même le dissident Andrew Sentance qui s'était déclaré favorable à une hausse des taux lors du dernier conseil de la Banque d'Angleterre, pourrait rentrer dans le rang.

La BCE devrait attendre de voir si "l'opération vérité" sur les comptes des banques permet de restaurer la confiance sur le marché interbancaire.

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