Alors que l'aversion au risque revient en force sur les marchés, sur fond de ralentissement de la croissance américaine, le yen retrouve son statut de monnaie de refuge par excellence. A tel point que la devise nippone a touché mercredi son plus haut niveau en 15 ans face au dollar (84,73 yens) et reste encore très ferme ce jeudi (85,34 yens).

Une évolution qui n'est pas sans inquiéter les autorités japonaises. Le gouvernement et la Banque du Japon (BoJ) se sont ainsi alarmés des mouvements brusques à la hausse du yen. "Les mouvements rapides et désordonnés des monnaies ont une influence néfaste sur la stabilité financière et économique", a insisté le ministre des Finances Yoshihiko Noda lors d'une brève conférence de presse. Le niveau de la devise japonaise pèse en effet sur les exportations, un des principaux moteurs de la reprise économique au Japon.

De son côté, le gouverneur de la BoJ, Masaaki Shirakawa, a publié ce jeudi un communiqué affirmant "être profondément attentif" aux mouvements observés sur les monnaies et Bourses, "ainsi qu'à leurs conséquences sur l'économie japonaise".

Vers une intervention de la BoJ ?

Face à ces inquiétudes, les autorités iront-elles jusqu'à intervenir sur le marché des changes? Ce sont en tout cas les rumeurs qui circulent parmi les cambistes sachant que la Banque du Japon n'est pas intervenue directement sur les marchés des changes depuis 2004.

Selon des sources de marchés citées par l'agence Reuters, la banque centrale se serait enquise ce jeudi auprès d'établissements bancaires du taux de change yen-dollar, d'une manière plus approfondie que les contacts qu'elle entretient habituellement. La BoJ aurait vérifié le taux de changes en expliquant qu'elle souhaitait réaliser une opération sur le marché, sans toutefois réaliser aucune transaction.

Fin novembre, la banque centrale avait fait la même démarche lors de la dernière hausse du yen, juste avant de tenir une réunion d'urgence et de décider de lancer une opération de refinancement à taux fixe perçue comme un moyen d'infléchir l'appréciation de la monnaie.

Par ailleurs, interrogé par Reuters, le conseiller économique au secrétariat général du gouvernement, Keisuke Tsumura, indiquait que des "mesures" pouvaient être envisagées. Lors de sa conférence de presse, le ministre des Finances Yoshihiko Noda s'est, lui, refusé à tout commentaire sur une possible intervention.