Les grandes banques centrales attendent la décision de la Fed avec sérénité

Alors que les marchés tablent sur un nouvel assouplissement de la politique monétaire américaine, les autres grandes banques centrales ne semblent pas enclines à changer de cap.

Pour les marchés, cela ne fait aucun doute. La Réserve fédérale américaine lancera ce mercredi un nouveau train de mesures d'assouplissement quantitatif (QE2). Ce qui ne fera pas changer d'un iota la stratégie des autres grandes banques centrales qui se réunissent également cette semaine.

La Fed doit annoncer une décision sur les taux et sur un éventuel assouplissement monétaire à 19h15 (heure de Paris) ce mercredi. La Banque centrale européenne et la Banque d'Angleterre tiendront leur réunion monétaire le lendemain.

La Banque du Japon (BoJ) a avancé sa propre réunion pour la caler juste après celle de la Fed, alors qu'elle était prévue à l'origine les 15 et 16 novembre. La BoJ affirme que cette réunion avancée n'a rien à voir avec la Fed mais il ne fait aucun doute qu'elle lui permettra d'agir plus vite si la Fed surprend les marchés et provoque une nouvelle vague de dégagements sur le dollar susceptibles d'amener le yen à de nouveaux sommets.

La BoJ a établi un programme de 5.000 milliards de yens (62 milliards de dollars) de rachats d'actifs - emprunts d'Etat, obligations d'entreprises, ETF (exchange-traded funds), fonds d'investissements immobiliers (REIT) - pour relancer l'économie et éviter la déflation.

Elle compte démarrer ce programme à la mi-décembre, et non plus au début janvier 2011, par 500 milliards de yens de rachats d'ETF et de REIT.
Il est vraisemblable qu'elle n'en fera pas plus si la Fed se contente d'annoncer le rachat d'emprunts d'Etat pour un montant de 500 milliards de dollars environ sur une période de cinq à six mois.

 

Trichet parlera jeudi

La Fed a ramené son taux d'intervention quasiment à zéro en décembre 2008 et a ensuite lancé un assouplissement quantitatif en rachetant pour 1.700 milliards de dollars d'actifs.
Ce nouveau montant attendu de 500 milliards de dollars peut paraître faible mais, de l'avis de James O'Sullivan (MF Global), "l'opposition de certains responsables de la Fed semble avoir poussé le président (Ben Bernanke) à débuter par un programme relativement peu ambitieux, mais ouvert".

"Nous pensons que le communiqué du Fomc (comité de politique monétaire ) signalera clairement un 'biais' vers de nouveaux achats dans les mois à venir, suivant l'évolution de l'économie et des marchés", ajoute-t-il.

Que le QE2 de la Fed pousse la BCE à se départir de son objectif d'un retrait progressif de ses mesures de soutien exceptionnelles à l'économie paraît peu probable mais il est certain que son président Jean-Claude Trichet sera invité à donner son avis sur les décisions de la Fed lors de sa traditionnelle conférence de presse jeudi.

Il est vraisemblable que la BCE juge que les taux d'intérêt restent appropriés. Son taux "refi" a été ramené à un plus bas record de 1% voici un an et demi et elle observera sans doute encore le statu quo jeudi.

Il est possible également que Jean-Claude Trichet exprime sa confiance envers la reprise économique de la zone euro, à la différence du pessimisme affiché par la Fed et la BoJ, tout en rappelant que cette reprise est de nature irrégulière.

En procédant comme la Fed à des rachats d'obligations souveraines, une mesure d'urgence, la BCE avait rompu avec son orthodoxie, ce que n'a pas manqué de critiquer sévèrement le président de la Bundesbank Axel Weber, candidat à la succession de Jean-Claude Trichet.

Depuis lors, la BCE n'a plus guère procédé à de tels achats en dépit d'un regain des tensions sur les marchés pour des pays tels que la Grèce, le Portugal et l'Irlande. Mais il peu vraisemblable que Jean-Claude Trichet annonce jeudi l'arrêt pur et simple du programme.
Les mesures d'assouplissement de la BCE passent aussi par le marché interbancaire et les marchés se demandent de ce point de vue si les banques pourront avoir accès à des financements illimités d'une semaine à trois mois au-delà de la date-butoir annoncée de la mi-janvier.

Statu quo attendu à Londres

Le statu quo est également prévisible pour la Banque d'Angleterre, dans un environnement de croissance solide mais aussi d'inflation, un paramètre qui apparemment commence à poser problème pour un au moins de ses membres. Les marchés avaient le sentiment que la BoE pourrait imiter la Fed dans le sens d'un nouvel assouplissement quantitatif, en accroissant son programme de 200 milliards de livres de rachats d'actifs.

Ces anticipations ont été mises à mal mardi dernier, lorsque la croissance de la Grande-Bretagne s'est révélée être le double des prévisions au troisième trimestre.
D'autant plus que l'inflation, de 3,1%, reste bien au-dessus de l'objectif de la BoE (2%), et ce depuis le début de l'année.

Pourtant, Alan Clarke, économiste de BNP Paribas, juge que le marché sous-estime la possibilité d'un nouvel assouplissement quantitatif. Il lui donne une probabilité de 30% à 40%, alors que le marché, selon lui, ne la fixe qu'à 10%-15%.

Pour appuyer son argument, il note que le taux d'inflation sur deux ans, qui a plus d'influence sur la politique monétaire , reste sans doute inférieur à 2%, comme il l'était en août.
"L'affaire est entendue. Personne pratiquement n'attend de QE et ce sur la base du seul chiffre du PIB » conclut-il.

 

 

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