Crise de la zone euro : la BCE appelée à la rescousse

Aors que la BCE a annoncé ce jeudi qu'elle maintenait son taux directeur à 1%, les marchés attendent avec fébrilité le discours de Jean-Claude Trichet (qui s'exprime à 14h30) et ses pairs pour savoir comment la banque centrale compte éteindre l'incendie et rendre aux acteurs des marchés leur sérénité perdue.. Pour en savoir plus, découvrez ce jeudi dans La Tribune notre dossier intitulé : cinq scénarios pour sortir de la crise de la zone euro.
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La Banque centrale européenne préparait ouvertement sa stratégie de sortie de crise et, lors de sa conférence de presse du début novembre, son président, Jean-Claude Trichet, avait donné rendez-vous à ses interlocuteurs le 2 décembre pour en détailler les modalités et le calendrier. Et, patatras, la brutale aggravation de la crise de la dette souveraine dans la zone euro a remis en cause cette feuille de route. Trichet est à nouveau appelé à jouer à la fois le pompier et le Messie. Les marchés attendent de lui qu'il ouvre plus grandes encore les issues de secours, qu'il éteigne l'incendie et qu'il rende aux acteurs des marchés leur sérénité perdue.

D'ores et déjà, la BCE qui semblait avoir mis un terme à son programme de rachats de titres des dettes publiques des pays en détresse, mis en place en mai au plus fort de la crise grecque, a dû le réactiver pour parer aux turbulences qui secouent maintenant l'Irlande et menacent de dégénérer vers les autres pays du « club Med ». Après trois semaines d'interruption de ces rachats, l'institut d'émission de Francfort s'est porté acquéreur la semaine dernière de 1,348 milliard d'euros de titres de dette, le montant le plus élevé depuis deux mois, contre 713 millions la semaine précédente, ce qui porte à un total de 67 milliards d'euros ses rachats d'obligations publiques depuis mai. Rachats systématiquement stérilisés pour ne pas mettre en péril la mission de gardienne de la stabilité des prix.

Deux options

Ce jeudi, jour de la réunion du conseil des gouverneurs de la BCE, deux options s'offrent à ses sages : renforcer l'arsenal de mesures conventionnelles ou dégainer « l'arme nucléaire ». La première option conduirait la BCE à proroger le dispositif d'allocations de liquidités aux banques en quantités illimitées et à taux fixe lors de ses opérations de refinancement, qui devait prendre fin à la mi- janvier. Quitte à continuer à tolérer l'addiction des banques à la monnaie de la banque centrale, devenue le prêteur en premier ressort et non, comme le veut sa mission, en dernier. La BCE a déjà mis fin à ses opérations exceptionnelles à six mois et un an, dont la dernière arrivera à échéance le 23 décembre, mais elle a, depuis, interrompu le processus de normalisation et sert toutes les demandes des banques lors de ses adjudications de routine à une semaine et à un et trois mois. Ce serait faire preuve de « flexibilité » que de prolonger ces mesures non conventionnelles durant le premier trimestre de 2011, tout en répétant qu'elles sont « par nature transitoires ».

Face aux dysfonctionnements obligataires et au regain de tension sur le marché monétaire, la seconde option est celle de l'arme nucléaire, ainsi baptisée par les marchés dès le mois de mai, car la BCE avait dû se faire violence pour utiliser un outil qu'elle avait jusque-là récusé. La BCE pourrait annoncer qu'elle renforcera, si besoin, son dispositif de rachats d'emprunts d'État - ce qu'elle a déjà commencé à faire. Mais il est tout à fait improbable qu'elle aille au-delà, notamment qu'elle s'engage sur des objectifs chiffrés qui risqueraient de « stresser » les marchés au lieu de les rassurer. Et d'avoir des répercussions politiques négatives, notamment dans les pays vertueux de la zone euro.

A découvrir ce jeudi dans La Tribune : cinq scénarios pour sortir de la crise de la zone euro.

 

Commentaires 14
à écrit le 03/12/2010 à 11:40
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A quoi sert de reporter les problèmes plus haut dans la hiérarchie des institutions ? Au final le problème persiste et s'emplifie mais ne disparait pas. Pour sauver les banques, les états ont financés. Aujourd'hui pour sauver les états, la BCE rachè...

à écrit le 02/12/2010 à 15:02
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Et si simplements on se remettait au travail ? que l'on oublie nles crédits et les découverts ?

à écrit le 02/12/2010 à 12:07
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C'est marrant l'effet d'optique sur le camembert, on a l'impression que c'est la France qui a l'endettement le plus important alors que c'est en fait l'Allemagne et l'Italie...

à écrit le 02/12/2010 à 11:12
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Voyez ce qu'écrit le remarquable économiste Barry Eichengreen dans Handelsblatt hier (traduit en anglais sur un blog irlandais): c'est fort triste. Le programme de sauvetage est un véritable désastre. Il ne règle rien. Soit les responsables n'y compr...

à écrit le 02/12/2010 à 11:03
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l'aide de la Bce ne vient pas des cieux. Qui paye ? le contribuable Europeen...et les problemes ne sont jamais resolus ; ils ne sont que repousses. Je trichais, je triche, je tricherais.

à écrit le 02/12/2010 à 10:26
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Faire la monnaie sans se doter d'une structure fédérale de fonctionnement était une hérésie. Nos hommes politiques français pensaient que seule la monnaies suffirait et que chacun de nos états continuerait à profiter de son "indépendance" théorique s...

le 02/12/2010 à 11:58
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Euuu... Je suis à 99 % d'accord avec vous sauf que beaucoup d'hommes politiques français avaient annoncé un problème en l'absence de gouvernance économique. Le pays a d'ailleurs été largement critiqué en cela par l'Allemagne qui ne jurait que par l'i...

à écrit le 02/12/2010 à 10:09
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On ne voit pas, dans les commentaires qui précèdent, une conscience du vrai problème, qui est que, depuis des années, la zone euro ne tient que par les excédents du commerce extérieur allemand, tandis qu'elle est minée de l'intérieur par l'accumulati...

le 02/12/2010 à 12:03
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Votre commentaire est complètement hors des réalités. Lisez bien les schémas qui vous sont proposés ci-dessus, La France n'est pas le pays le plus endetté. Et, même si l'Allemagne tente de redresser la barre depuis quelques années elle n'est pas vrai...

le 02/12/2010 à 14:23
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Vous comparez une pomme et une orange. L'Allemagne s'enrichit chaque mois de 8 milliards d'euros par son commerce extérieur, dispose d'une main d'oeuvre raisonnable et disciplinée et son économie croît de 2.5%/an, tandis que la France perd chaque moi...

à écrit le 02/12/2010 à 8:13
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La BCE s?apprête à racheter les créances douteuses des états au marché financier si ce n?est déjà commencé. Ce qui revient à dire que la BCE ouvre une époque d'aubaine pour les établissements financiers internationaux qui ont désormais accès à une ...

à écrit le 02/12/2010 à 6:53
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Si les pays de la zone Euro ne changent pas les règles un éclatement de la zone Euro est inévitable. Les règles actuelles pénalisent les économies les plus faibles alors que le contraire serait nécessaire. Je ne pense pas qu'à long terme cela soit av...

le 02/12/2010 à 8:03
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L'Europe ne tiendra pas sous cette forme car les intérêts sont trop divergeant. La responsabilité n'incombe à personne sauf peut-être à une idéologie de départ intéressante mais qui a perdu tout pragmatisme au fil des ans.

à écrit le 02/12/2010 à 6:21
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On a du mal à comprendre les conséquences et les motivations de ces rachats de dettes publiques par la BCE si j'ai bien saisi:est ce pour éviter une dévalutation ou un éclatement de la zone euro? L'article aurait pu être plus clair sur ce point. Par ...

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