Le gouvernement égyptien tend la main à l'opposition

Le pouvoir a choisi la voie du dialogue avec les diverses forces d'opposition du pays. Les Frères musulmans ont accepté de dialoguer. Mais au Caire, les manifestants continuent d'exiger le départ du président Hosni Moubarak.
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Au 13e jour du soulèvement contre le raïs au pouvoir depuis près de 30 ans, l'ancien chef des services de renseignement Omar Souleimane, nommé vice-président au début de la crise, a réuni les principaux mouvements de l'opposition dont les Frères musulmans, qui refusaient jusqu'ici toute discussion avec lui. Ce premier contact, qui a abouti selon un communiqué officiel à une feuille de route en vue de prochaines rencontres, a été qualifié de positif par plusieurs opposants mais ceux-ci disent rester vigilants sur la suite.

Les participants à la réunion sont convenus de former un comité pour étudier dans un délai d'un mois un remaniement de la constitution et d'autres réformes politiques.
Le communiqué officiel diffusé à l'issue des discussions fait état également d'un accord sur la libération des activistes emprisonnés, sur des mesures pour garantir la liberté de la presse et sur la levée de l'état d'urgence, en vigueur depuis 1981, "en fonction des conditions de sécurité" qui prévaudront.

Hillary Clinton ne croit pas à une transition rapide

Un représentant des Frères musulmans, mouvement interdit mais toléré, a expliqué que le maintien au pouvoir de Hosni Moubarak était nécessaire pour modifier la constitution afin de lever les conditions restrictives aux candidatures à l'élection présidentielle et supprimer la possibilité pour le chef de l'Etat de briguer un nombre illimité de mandats. La veille, lors de la conférence annuelle de Munich sur la sécurité, les Etats-Unis, allié essentiel de l'Egypte, et ses alliés occidentaux avaient mis en garde contre un transfert du pouvoir trop précipité.

La secrétaire d'Etat Hillary Clinton avait réaffirmé souhaiter une transition rapide et ordonnée mais laissé entendre que celle-ci pourrait prendre du temps. L'émissaire américain de Barack Obama dans le pays, Frank Wisner, est allé plus loin en déclarant que Moubarak devait rester au pouvoir pour le moment afin de superviser la transition.
Mardi dernier, à l'issue d'une mobilisation massive de la rue, le président égyptien avait annoncé qu'il ne briguerait pas un nouveau mandat lors de la présidentielle de septembre, mais exclu de céder le pouvoir dans l'intervalle, position dont il ne s'est plus écarté ensuite.

Sur la place Tahrir, plusieurs milliers de manifestants restent déterminés à rester tant que le raïs n'aura pas quitté le pouvoir malgré les appels de l'armée à évacuer les lieux.Les protestataires ont célébré dimanche la mémoire des "martyrs" tombés depuis le début de la contestation le 25 janvier, qui a fait environ 300 morts selon les Nations unies.

Réouverture des banques

Certains au sein de l'opposition craignent que le dialogue entamé par le vice-président Souleimane ne fissure le front uni contre le chef de l'Etat. Le Mouvement de la jeunesse du 6 avril, à l'origine des rassemblements de masse de la place Tahrir, n'a pas pris part aux consultations et, selon le porte-parole du gouvernement, sa revendication principale - le départ immédiat de Moubarak - n'a même pas été à l'ordre du jour. L'opposant Mohamed ElBaradeï, qui avait pourtant un représentant aux discussions, a dénoncé un "processus opaque". "Personne ne sait qui parle à qui pour l'instant (...). Tout est géré par les militaires", a déploré l'ancien directeur de l'AIEA à la chaîne américaine NBC.

Beaucoup d'Egyptiens, dont certains ont participé à la vague de manifestations qui balaie le pays, souhaitent toutefois le retour au calme. De nombreux commerces sont fermés depuis le début du mouvement et les produits de première nécessité commencent à manquer. Hors de l'enclave occupée au Caire par le mouvement de protestation, une vie normale reprend peu à peu son cours dans la capitale de plus de 15 millions d'habitants. Après une semaine de paralysie, les banques ont rouvert et les clients ont formé de longues files d'attente devant les agences pour avoir accès à leurs comptes.

L'égyptologue Zahi Hawass, nouveau ministre d'Etat aux antiquités, a déclaré qu'aucune des momies conservées au Musée du Caire n'avait été endommagée au cours d'un cambriolage perpétré la semaine dernière, mais il a précisé que 70 pièces nécessitaient des travaux de restauration.

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Commentaires 2
à écrit le 07/02/2011 à 15:39
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Ah oui, tu les connais bien Fremen? Attention au fascisme...

à écrit le 07/02/2011 à 9:34
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Peut-on dialoguer avec les Frères Musulmans ? Cela reste à prouver. Attention danger !

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