Tokyo redoute que le yen s'envole à nouveau

Le gouvernement nippon surveille de près les mouvements de sa devise nationale. Tokyo se dit prêt à se concerter si nécessaire avec ses partenaires du G7.
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Quatre jours après l'intervention coordonnée du G7 pour stabiliser le cours de la devise nippone, Tokyo redoute que les marchés mettent à nouveau la pression le yen. La devise japonaise a flambé la semaine dernière en raison de spéculations sur un rapatriement par les entreprises nippones d'une partie de leurs actifs à l'étranger afin de faire face aux besoins de la reconstruction du pays.

Les mouvements du yen sont surveillés de près et Tokyo se concertera si nécessaire avec ses partenaires du G7, a prévenu le ministre des Finances, Yoshihiko Noda.  L'action coordonnée des pays du G7, dans la nuit de jeudi à vendredi, a été décidée après que le yen a touché dans la journée un record historique à 76,25 yens pour un dollar. Or ce mardi, la devise japonaise s'échangeait autour de 81 yens pour 1 dollar mardi un epu après midi. Les analystes estiment que la zone des 80-80,5 pourrait servir de support pour le dollar face au yen, et que le passage sous cette zone pourrait entraîner de nouvelles actions des banques centrales.

Interrogé sur la réaction du marché à l'intervention concertée du G7, Yoshihiko Noda a précisé qu'il ne s'exprimerait pas de manière spécifique. Selon des traders et des informations de presse, la Banque du Japon a acheté plus de 25 milliards de dollars. Emboîtant le pas à la Banque du Japon , la Banque de France, la Bundesbank allemande, la Banque d'Angleterre et la Banque centrale européenne sont également intervenues. La Banque du Japon agit parallèlement en injectant des liquidités dans l'économie frappée par la double catastrophe du 11 mars. Le ministre de l'Economie, Kaoru Yosano, a jugé prématuré d'évaluer les sommes qu'il faudrait allouer à la reconstruction dans de futurs collectifs budgétaires.

Peut-être la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire

Le gouvernement n'a pas officiellement estimé le coût du désastre mais Kaoru Yosano a expliqué la semaine dernière que l'impact total pourrait dépasser les 250 milliards de dollars (175 milliards d'euros), ce qui en ferait la catastrophe la plus coûteuse de l'histoire. Tokyo pourrait faire passer deux collectifs budgétaires ou plus, la première étape pouvant intervenir en avril ou mai, et peut-être même avant l'estimation officielle du coût de la catastrophe, a dit le secrétaire général du parti au pouvoir Katsuya Okada. "Pour l'instant, nous n'avons aucun moyen d'estimer combien de coûts de reconstruction viendront s'ajouter. Donc il (le budget, ndr) se concentrera sur les mesures d'urgence", a-t-il précisé, ajoutant qu'un budget d'urgence plus complet serait établi plus tard une fois l'ampleur des dégâts clarifiée.

Alors que le premier ministre Naoto Kan a déclaré qu'il était trop tôt pour parler de la taille de ces collectifs budgétaires et de leur financement, les médias japon ais spéculent depuis des jours sur la provenance des fonds. Dans un récent article, le journal Nikkei indique qu'une des options serait d'utiliser les 2.500 milliards de yens alloués aux subventions destinées aux fonds de pension publics, bien que Kaoru Yosano ait rejeté cette idée.

Le ministre de l'économie a également indiqué que le gouvernement continuerait de travailler sur la réforme de la fiscalité et de la sécurité sociale, entamée avant la catastrophe, pour contenir la dette du pays qui représente déjà le double de son PIB. Ce dernier a par ailleurs souligné que les coupures d'électricité provoquées par le séisme et le tsunami auraient probablement des conséquences "sérieuses" sur l'économie japonaise.

L'agence de notation Moody's se montre assez confiante

"Le problème de la fourniture d'électricité est l'une des sources d'incertitude. Le gouvernement doit encore faire des calculs précis mais les coupures de courant auront probablement un impact sérieux", a-t-il déclaré devant une commission du parlement. Selon Moody's, Tokyo dispose des moyens financiers pour maîtriser les conséquences de la catastrophe. L'agence de notation a néanmoins estimé lundi que les risques pesant sur l'économie japonaise se sont accrus et a dit s'attendre à une reprise de la croissance dans l'archipel au second semestre après une brève récession au deuxième trimestre.

Commentaires 4
à écrit le 23/03/2011 à 10:10
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un peu de cohérence dans les devises utilisées, ça serait pas mal non? on parle de coûts en euros et en dollars, puis de yens, du coup impossible de rien comprendre sans sortir la calculette. Un peu de pédagogie!

à écrit le 22/03/2011 à 14:33
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Bizarrement, l'Allemagne des années 30 n'a pas eu besoin de centrales nucléaires.. Houps, pardon de rappeler l'Histoire...

le 22/03/2011 à 20:47
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S'ils en avaient eu , ils n'auraient peut-être pas essayés de piller le monde ?

à écrit le 22/03/2011 à 14:27
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Je répéte les mots d'une amie japonaise : Notre pays est entrain de vivre un moment aussi difficile que la défaite en 1945 . (Il faut dire que cette défaite induisit au pays , entre 1945 et 1949 , 7 millions de morts de famine...(le problème) va se p...

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