Ce qu'il faudrait faire pour sauver l'euro

Le secteur bancaire peut mettre en péril les finances publiques d'un pays, comme on l'a vu en Irlande. Aussi faudrait-il mieux le réguler, en créant une autorité européenne de supervision financière.
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Lors de la conception de l'euro, les partenaires européens ont pensé que le Pacte de stabilité et de croissance, qui encadre les politiques budgétaires, écarterait définitivement le risque d'un défaut souverain. Tel n'a pas été le cas, pour trois raisons. D'abord, certains pays n'ont pas toujours respecté le Pacte ; ensuite, d'autres pays n'ont pas présenté des comptes sincères à leurs partenaires ; d'autres pays, enfin, ont respecté le Pacte mais laissé se développer des déséquilibres massifs dans le secteur privé.

Entre éclatement et intégration renforcée, l'Europe a choisi la seconde voie. Il faut souligner que ce nouveau dispositif européen comporte à la clé un certain abandon de souveraineté puisque les politiques économiques seront coordonnées au niveau communautaire en amont de leur vote au niveau national. On peut, bien sûr, regretter le caractère punitif plus qu'incitatif des nouvelles dispositions. On peut aussi s'inquiéter de la multiplication des règles qui risque de déposséder les États membres de leurs politiques économiques, renforçant par là le sentiment antieuropéen. Cependant, le problème principal à court terme est ailleurs : malgré ces avancées spectaculaires, la zone euro est aujourd'hui tout autant en péril que durant cette fameuse semaine de mai 2009 où l'aventure de l'euro a bien failli se terminer. Et elle ne sera pas au bout de ses peines puisque les ajustements de l'ampleur de ceux à effectuer sans restructuration sont des exercices périlleux, car ils pèsent sur la croissance. C'est pourquoi aujourd'hui l'équation de la solvabilité n'est toujours pas résolue, ce qui explique, aussi, la fébrilité des marchés.

Trois formes d'actions sont envisageables pour un État souverain de la zone euro : demander aux institutions financières de conserver les dettes des pays en difficulté jusqu'à maturité, introduire des « clauses d'actions collectives » (CAC) dans les contrats de dette prévoyant par exemple des décotes en cas de défaut, ou proposer une restructuration plus classique. À l'occasion de la réunion du G20 de Séoul en novembre 2010, les chefs d'État européens ont tenté de calmer les marchés en assurant que ces différentes options ne s'appliqueraient en tout état de cause qu'aux dettes émises après 2013, date d'expiration du Fonds de stabilisation.

Cependant, ce délai repousse d'autant la remise à flot des finances publiques dans les pays en difficulté. En effet, une restructuration vise à étaler les remboursements dans le temps et à les rendre moins importants au regard des capacités de croissance d'un pays. Les prêteurs y perdent dans la mesure où ils ne recouvreront pas l'entièreté de ce qu'ils ont prêté, mais y gagnent en sécurité d'être remboursés au moins pour la partie qui a été négociée. Pour le pays débiteur, cet assainissement par restructuration permet de retrouver des capacités d'emprunter raisonnables. Une restructuration classique présente les avantages et les inconvénients du traitement de choc : la dette publique est immédiatement replacée sur un sentier « soutenable », au prix d'une perte immédiate pour les créanciers. Il faut alors un délai pour que l'État restructuré puisse se présenter à nouveau pour lever des fonds sur les marchés. Durant cette période, les financements du FMI ou, dans le cas européen, du successeur du Fonds de stabilisation, sont indispensables. Cette période à l'abri du marché doit alors être mise à profit pour redresser les comptes publics afin de redonner confiance aux marchés.

Les pays de la zone euro n'ont, pour le moment, pas donné de détails sur la façon dont ils envisageaient de gérer une éventuelle restructuration, ni à qui s'appliqueraient d'éventuelles CAC (clauses d'actions collectives). Cependant, un accord a été trouvé sur le fait qu'une forme de solidarité budgétaire permanente ne peut prendre forme que combinée à un mécanisme qui associerait le secteur privé aux coûts de cette solidarité. Cela est logique dès lors que le secteur bancaire met en péril les finances publiques d'un pays et la stabilité financière de la zone. Mais cela montre également une autre limite de la construction de la zone euro : l'absence de pouvoir d'investigation au niveau européen sur les comptes bancaires, la transparence des comptes s'arrêtant aux superviseurs nationaux.

La pérennité de la zone euro ne nécessite-t-elle pas encore plus d'intégration : une intégration budgétaire avancée d'une part et, d'autre part, une véritable autorité européenne de supervision financière ?

Commentaires 25
à écrit le 14/04/2011 à 7:22
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Tout cela n'est que du blabla et montre une méconnaissance approfondie de l'économie et d'un sens pratique inexistant. Il faut prioritairement faire crever l'abcès du surendettement. Comment ? En augmentant massivement les impôts et par l'austérité ?...

à écrit le 13/04/2011 à 17:50
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Il faut plus d'intégration, dans la mesure où l'on a fait l'Europe monétaire sans faire l'Europe budgétaire. Le Pacte de compétitivité et de croissance ne vaut rien, la France et l'Allemagne ayant été les premiers à l'enfreindre en 2003 et 2004. Je c...

à écrit le 12/04/2011 à 9:24
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3 questions a se poser : Qui a interêt à la fin de l'euro, si ce ne sont les Usa pour ne pas voir la suprématie de leur monnaie remise en cause malgré la montagne de dollars qu'ils sont obliger d'imprimer pour maintenir leur économie à flot ? Qui...

à écrit le 12/04/2011 à 7:17
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Il aurait fallu faire l'Europe SOCIALE avant de faire l'Europe ECONOMIQUE, on aurait moins de problèmes aujourd'hui !!!

le 12/04/2011 à 8:47
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On aurait dû faire l'Europe fiscale surtout, sociale sans doute et verrouiller nos frontières au plan des échanges économiques, en refusan 1.t les biens et les services des multinationales qui ne paient pas l'IS chez nous au taux en vigueur c'est à d...

le 13/04/2011 à 7:42
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Protectionnisme européen ? Dévaluation de l'Euro ? Tu es fou ! ça réduirait le chômage ...

à écrit le 11/04/2011 à 16:39
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Pour éviter les déboires de l'euro, il faut interdire au monde politique de faire plan sur une croissance à venir (comme le ps qui compte les oeufs dans le cul de la poule avec 3 %)... ce baser sur l'année précéde...

à écrit le 11/04/2011 à 15:23
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L' euro cet étrange objet du désir de la bourgeoisie PS.

à écrit le 11/04/2011 à 12:19
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On fait l'euro avec des pays du tiers monde et après on s'étonne que ça explose. Bravo les génies de l'économie...

le 12/04/2011 à 8:43
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Sur, il faut donc sortir la France et d'autres pays du Sud de l'euro.

à écrit le 11/04/2011 à 7:48
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Décidément, le Cercle des Economistes c'est le machin à penser en surface, consternant. Il n'y a rien de rien dans cet article.

à écrit le 10/04/2011 à 12:46
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Pour sauver l'?uro il suffit que l'Union puisse dicter sa politique bancaire, la banque européenne joue contre l'Union, cette situation est absurde, nous avons besoins d'inflation plus que jamais ! Pour la dette, pour les exportations, pour la balanc...

le 10/04/2011 à 22:12
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@ Albux: Faux, 1) la BCE a un mandat: maintenir l'inflation dans la zone des 2% et elle remplit son rôle. 2) L'inflation créerait une flambée des prix et compte tenu que les salaires n'augmentent pas, ce seraitt la catastrophe pour beaucoup. 3) je pe...

le 11/04/2011 à 2:30
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Malheureusement .... vous avez tous les deux raison .... sauf pour les maisons dont le prix n'est pas réellement indexé à l'inflation mais au marché ... si l'inflation monte les taux remonteront et le pouvoir d'achat baissera , => les acheteurs auron...

le 13/04/2011 à 7:39
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@Patrickb Tu es sans doute un peut jeune, c'est le meilleur des défauts ! Dans les années 70, l'inflation était galopante (+10%/an) et les salaires suivaient ... Dans un système inflationniste, l'inconvénient majeur est le coup exorbitant des importa...

à écrit le 10/04/2011 à 7:37
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On se croirait de retour en URSS : le communisme ne fonctionne pas parce qu'il n'y a pas assez de communisme. Et voilà que l'on nous chante les louanges de l'utopie : l'euro ne fonctionne pas parce que l'Europe n'est pas assez forte. A quand la prise...

à écrit le 09/04/2011 à 15:50
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Pour sauver l'euro il suffit de doter la zone euro d'une structure fédérale et voilà. le problème actuel ne vient il pas du fait que nous sommes 17 "pays européens indépendants et pourtant inter dépendants" à partager une même monnaie? Regardons les...

le 15/04/2011 à 17:30
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Absolument d'accord avec vous. Je précise quand même que la France a appuyé l'Allemagne jusqu'à présent pour que le système du "chacun pour soi et Dieu pour tous" soit imposé dans la zone euro alors que il était évident que ce système ne peut pas fon...

à écrit le 09/04/2011 à 12:12
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Pour sauver l'euro il faut mettre en place ce que je nomme le mineuro (le mini euro). Il s'agit d'une devise provisoire et uniquement interne à valorisation variable. Elle permet au pays tireur d'adapter son marché intérieur afin de le renforcer et d...

à écrit le 09/04/2011 à 12:12
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le bouc émissaire est les banques ,mais les responsables de l'endettement se sont bien les états autant par leurs déficites qu'en poussant les ménages à s'endetter pour compenser leur manque de pouvoir d'achat

le 09/04/2011 à 15:46
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le "c'est pas moi c'est l'autre" ça suffit ... et que fait on en Irlande ou le problème c'est les banques et les banques ... moi en tant que contribuable de l'état français je ne veux pas que la France récupère une partie de la dette irlandaise (du e...

à écrit le 09/04/2011 à 9:14
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La question n'est pas « comment » sauver l'euro mais « pourquoi » sauver l'euro.

le 09/04/2011 à 10:21
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Parce que quoi qu on en dise l'euro a un peu amorti les effet de la crise, parce que quoi qu'on dise l europe en tant qu entite est "plus responsable" que bcp de pays USA et Chine en tete: c'est pas pour rien que de nombreux Etat constituent des rese...

le 11/04/2011 à 6:57
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Parce quoi qu'on en dise, ce n'est pas « pragmatique », c'est « Pensée unique ».

le 15/04/2011 à 14:31
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@Desole que de bêtise, la pensé unique c'est celle des petits Français qui ne sont jamais sortie de leur pays, voir campagne. Vas y ferme les frontières, sort de l euro et fait preuve de protectionnisme et on va vite se retrouver sans clients et s...

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