Le dilemme du parti républicain

Les négociations sur le budget au Congrès ravivent les dissensions au sein du « Grand Old Party », entre les républicains modérés et l'aile dure du Tea Party. Des dissensions qui pourraient se payer au prix fort.
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Le divorce semble consommé entre les républicains modérés et le Tea Party, l'aile dure du parti. Tout est parti de la révélation d'une déclaration de John Boehner lors d'une réunion privée tenue à la fin avril. « Nous allons relever le plafond de la dette, avait-il dit ce jour-là. Et nous le ferons encore dans le futur ». Une véritable trahison pour le Tea Party. Et la goutte d'eau qui a fait déborder le vase.

Depuis, les attaques envers le président de la Chambre des représentants se sont multipliées. Elles viennent surtout de la base de cette mouvance qui milite notamment contre le « Big Gouvernment », qui emprunte plus de 40 cents pour chaque dollar qu'il dépense. « John Boehner doit être remplacé de son poste dès que possible », lance ainsi l'organisation du Tea Party Nation. « Nous sommes désormais en guerre contre le parti républicain, renchérit Phillip Dennis du Dallas Tea Party. Il nous faut maintenant renvoyer à la maison tous ces républicains qui n'en ont que le nom ».

Déjà, les dents avaient grincé en avril quand les républicains avaient trouvé un compromis avec les démocrates pour éviter une fermeture des administrations. Ils avaient accepté que la baisse de dépenses publiques sur l'exercice fiscal en cours soit limitée à 39 milliards de dollars. Loin, bien loin, des 100 milliards espérés par certains. « Je ne voterai une hausse de la limite de la dette seulement si c'est la dernière que nous autorisons et si elle s'accompagne d'importantes réformes », avait alors prévenu le sénateur de Floride Marco Rubio.

Les derniers développements n'ont rien arrangé. Bien au contraire. Le Tea Party s'est d'abord indigné quand certains responsables du parti républicain se sont dits prêts - avant de faire marche arrière - à accepter la suppression de certaines niches fiscales, notamment celles qui bénéficient à des entreprises très rentables, comme les compagnies pétrolières. Puis, la proposition de secours de Mitch McConnell, laissant le champ libre à Barack Obama pour relever le plafond de la dette, a renforcé le fossé qui sépare les deux composantes du « Grand Old Party ».

Voila parfaitement résumé le dilemme auquel fait désormais face le parti républicain en vue des prochaines élections. Il doit à la fois se montrer modéré et accepter des concessions pour ne pas se couper d'une partie de l'électorat, ces indépendants qui pourraient faire la différence. Dans le même temps, il doit contenter autant que possible son aile conservatrice et éviter d'alimenter un sentiment de frustration. Car le mouvement Tea Party sait fortement se mobiliser : lors des primaires des élections de mi-mandat, des candidats inconnus qu'il soutenait avaient ainsi créé la sensation et remporté l'investiture. Beaucoup avaient ensuite été battus par les démocrates, car trop radicaux.

« Les républicains auraient certainement pu faire encore mieux sans le Tea Party », explique Robert Shapiro, professeur de sciences politiques à l'université de Columbia. Un scénario similaire l'année prochaine n'est pas à exclure, aussi bien pour les élections des représentants et des sénateurs que pour celle du président. Profitant d'un dispersement des voix, un candidat du Tea Party pourrait alors se retrouver en position de briguer la Maison-Blanche. Du pain béni pour Barack Obama. « C'est l'un des enseignements de la campagne de 2008 : le candidat républicain doit être plus modéré. Il serait beaucoup plus facile pour Obama de battre un adversaire conservateur. Mitt Romney ou John Huntsman, plus modérés, présentent d'ailleurs de bien meilleures chances de succès.», poursuit Robert Shapiro.

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