Cuba fidèle à Castro mais plus au même

Raul succède à son frère Fidel à la tête du parti communiste cubain et impose des réformes. Les Cubains vont notamment pouvoir acheter et vendre maisons et voitures, ce qu'ils réclamaient très largement, même si des restrictions accompagneront probablement ce changement.
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Le Parti communiste cubain a nommé mardi à sa tête le chef de l'Etat Raul Castro et un idéologue, confiant à la vieille garde le soin de mener des réformes économiques d'envergure. Si le choix de Raul Castro, âgé de 79 ans, était attendu pour succéder à son frère aîné Fidel, l'élection au poste de n°2 d'un vieux guérillero, José Machado Ventura, risque de décevoir nombre de Cubains qui espéraient voir de nouvelles têtes au sommet du pouvoir.

Fidel Castro, qui a assisté au dernier jour du congrès, a ainsi abandonné officiellement son dernier poste politique, achevant un retrait entamé pour raisons de santé en 2006. Machado Ventura, 80 ans, s'est battu pour la révolution castriste de 1959 ayant renversé le régime de Fulgencio Batista. Il est considéré comme un idéologue communiste pur et dur.

Médecin de formation, il a rejoint les frères Castro au tout début de leur guerre de maquis dans la Sierra Maestra. En sa qualité de premier vice-président du Conseil d'Etat, il succèderait automatiquement à Raul Castro dans l'hypothèse où ce dernier quitterait le pouvoir.

D'après Raul Castro, le puissant Bureau politique du parti comporte 15 membres, dont lui-même et Machado Ventura. Il ne compte que trois nouveaux venus et cinq généraux, ce qui reflète le rôle croissant de l'armée dans le régime, et plusieurs de ses membres ont plus de 70 ans.

Aucun jeune ne semble mis sur orbite pour remplacer Raul Castro, qui a pourtant annoncé samedi que le gouvernement envisageait de limiter le nombre de mandats à la tête du régime. Cette question sera évoquée le 28 janvier prochain lors d'une réunion du parti.

"HISTORICOS"

Dans son discours de clôture devant un millier de délégués communistes, Raul Castro a une fois de plus décrit l'économie cubaine comme étant au bord de l'abîme, handicapée par trop de bureaucratie et par la crise économique mondiale.

Plus de 300 réformes ont été adoptées lundi, bien que plusieurs soient déjà en vigueur, et visent à relancer une économie étatique croulant sous l'endettement et marquée par une faible productivité.

"J'assume mon dernier devoir avec une ferme conviction et l'engagement (...) de défendre, préserver et continuer de perfectionner le socialisme, et ne jamais permettre le retour du régime capitaliste", a dit Castro en clôture du premier congrès du Parti communiste cubain depuis 1997.

Les réformes incluent des coupes claires dans les effectifs de la fonction publique, les subventions et les dépenses et une ouverture accrue au secteur privé, dont la possibilité pour les petites entreprises d'embaucher leurs propres salariés.

La fin des rations alimentaires distribuées chaque mois aux Cubains depuis 1963 est un symbole de l'abandon progressif du système paternaliste. Raul Castro a décrit cette ration comme un "fardeau insupportable" pour le gouvernement cubain.

Autre réforme radicale, les Cubains vont pouvoir acheter et vendre maisons et voitures, ce qu'ils réclamaient très largement, même si des restrictions accompagneront probablement ce changement.

Le congrès a rappelé à Christopher Sabatini, chercheur à l'Americas Society de New York, un mouvement de salsa : "un pas en avant, un pas en arrière, qui finit par faire légèrement avancer".

"Il y a des signes de progrès mais clairement, la désignation de Machado montre que les 'historicos' continueront à dominer le processus", a-t-il commenté. Fidel Castro, 84 ans, est apparu affaibli physiquement. L'ancien dirigeant, portant un jogging bleu, a dû être aidé pour s'asseoir et été applaudi longuement par l'assistance. "Je n'aurais jamais pensé vivre si longtemps", a-t-il écrit dans la presse officielle mardi.

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