La Chine peine à juguler son inflation

L'indice des prix à la consommation en Chine a progressé de 5,3% en avril sur un an, essentiellement en raison de l'appréciation soutenue des denrées alimentaires (11,5%). Le gouvernement, qui en a fait sa priorité, rencontre des difficultés à freiner une inflation qui s'était affiché à 5,4% sur un an en mars, et représente un risque potentiel de troubles sociaux.
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L'équation se révèle de plus en plus difficile à résoudre pour la Chine, tiraillée entre la nécessité de maîtriser l'inflation et la crainte de voir ses exportations perdre en compétitivité en laissant s'apprécier sa monnaie face au dollar. Selon l'Agence des statistiques chinoise, l'indice des prix à la consommation publié mercredi, a légèrement ralenti en avril, à 5,3% sur un an. Si les autorités chinoises peuvent y voir un premier signe des effets de leur lutte contre l'inflation, cette nouvelle donnée reste élévée, après 5,4% affiché en mars, qui représentait la plus importante hausse mensuelle depuis juillet 2008.

La hausse des prix alimentaires mondiaux, accentuée par de mauvaises récoltes dans le sud du pays en 2010, et celle des cours du pétrole, se heurtent à une consommation des ménages qui continue à augmenter. L'abondance des liquidités sur les marchés nationaux, liée à une politique monétaire trop souple et des taux d'intérêt bas, ou encore le boom du secteur immobilier (les loyers ont bondi de 6,5% au premier trimestre 2011), participent également à la hausse des prix. Et malgré l'augmentation de 20% du salaire minimum dans les multinationales étrangères en 2010 pour soutenir la consommation, la grogne sociale prend de l'ampleur. De plus en plus de ménages pauvres, dont l'alimentation et le loyer représentent l'essentiel des dépenses, se sentent asphyxiés par le coût de la vie.

Les fréquentes déclarations des membres de l'exécutif faisant de la lutte contre l'inflation une priorité du gouvernement montrent que le pouvoir est bien conscient du problème. Parmi les mesures que ce dernier a prises, il y a  la hausse des taux d'intérêt et l'obligation faite aux banques d'augmenter le niveau de leurs réserves.

Par ailleurs, en avril, sous la pression des grandes puissances internationales, le chef du gouvernement, Wen Jiabao, s'était engagé à augmenter la flexibilité du taux de change du yuan. L'objectif  est de réduire les réserves colossales de change détenues par la banque centrale.

La question du yuan a d'ailleurs été à peine abordée à Washington lors du troisième Dialogue stratégique et économique entre les deux premières puissances mondiales, tant le mouvement d'appréciation de la devise de la république populaire apparaît comme inéluctable. La délégation chinoise s'est engagée mardi à "rester vigilant face à une volatilité excessive des taux de change" et à "continuer à accroître la souplesse du taux de change du renminbi" (le nom officiel du yuan). Depuis juin 2010, la Chine a laissé le yuan s'apprécier de 5,2% face au dollar. Un rythme jugé largement satisfaisant par Pékin mais insuffisant par Washington. Mais une appréciation rapide du yuan signifie pour la Chine une perte de compétitivité de ses exportations. Or, même si le gouvernement entend rééquilibrer son modèle économique des exportations vers la demande intérieure, la publication d'un excédent commercial de 11,4 milliards de dollars en mars, soit quatre fois plus que les prévisions des analystes, montre que l'économie chinoise reste très dépendante des exportations.

Commentaires 2
à écrit le 12/05/2011 à 11:50
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ilreste encore un long chemin à faire pour rejoindre les niveaux de vie et de coûts occidentaux, mais à ce rythme il y a de l'espoir! 20% sur les salaires, + de 5% d'inflation, 10 ans comme cela et l'europe retrouvera un peu de compétitivité, si ell...

à écrit le 12/05/2011 à 9:07
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Il en ira des produis alimentaires comme de toutes les autres ressources avec une tension importante sur les prix suite à l'accroissement exponentielle de la demande dû à un accroissement exponentiel de la population de par le monde. Les mauvaises ré...

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