Le franc fort, une aubaine pour les régions frontalières

Pour contourner l'appréciation du franc suisse face à l'euro, les consommateurs suisses traversent la frontière. Cet afflux de clients fait le bonheur des commerçants français, allemands et italiens, mais les entreprises suisses font grise mine.
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Le renchérissement du franc suisse fait des heureux chez les voisins de la Confédération. Le franc fort est en effet une vraie aubaine pour les entreprises frontalières qui accueillent une clientèle suisse plus nombreuse que jamais. "Notre clientèle a augmenté de 10 à 15% depuis les trois derniers mois", indique à La Tribune un responsable du supermarché Carrefour à Ferney-Voltaire dans l'Ain, qui commence à en ressentir les effets positifs sur son chiffre d'affaires.

Le franc suisse s'est en effet apprécié de 13% face à l'euro depuis le début de l'année 2011.

Cet affaiblissement de l'euro a exacerbé la différence de prix déjà conséquente entre la Suisse et ses voisins européens, tous membres de la zone euro. Attirés par des prix en euro plus avantageux et compétitifs, les Suisses traversent de plus en plus la frontière pour consommer à coûts réduits. Selon une étude de l'institut BAK Basel, les dépenses des suisses dans les régions frontalières augmenteront de 310 millions de francs suisses cette année, soit plus de 273 millions d'euros.

Les grandes surfaces et les commerces de proximité ne sont pas les seuls à bénéficier de cette manne financière. Les suisses, dont le pouvoir d'achat est d'autant plus fort que l'euro est faible, dépensent aussi dans l'immobilier, l'hôtellerie, la restauration et les loisirs. En Haute-Savoie, le tourisme profite de l'afflux des clients suisses. L'Office du tourisme de Chamonix évoque, dans Le Temps, une "nette progression de la clientèle suisse dans les hébergements professionnels" en hiver et au printemps alors que la fréquentation des clients français et étrangers était en baisse.

Côté suisse, la fuite des clients laisse un goût amer. Les commerces locaux de l'alimentaire, qui ne parviennent pas à conserver leur clientèle, enregistrent une baisse considérable de leur chiffre d'affaires. Dans la Tribune de Genève, Peter Malama, directeur de l'association des PME du canton de Bâle-Ville, frontalier de l'Allemagne et de la France, a estimé cette baisse à 20% pour le premier semestre de 2011.

Mais les clients helvétiques ne sont pas les seuls à fuir le marché suisse. L'affaiblissement de l'euro face au franc suisse rebute les clients européens, notamment dans le secteur touristique. Le nombre de touristes de la zone euro, qui doivent désormais payer plus cher pour les mêmes prestations, est donc en net repli. Selon un rapport récent de l'Office fédéral suisse de la statistique, les nuitées des clients belges dans la Confédération sont en baisse de 9,5% sur le premier semestre de 2011, par rapport à la même période en 2010. Le nombre de clients allemands et néerlandais affiche une baisse respective de 7,6% et 8%.

A Crans-Montana, une station de ski du Valais, certains commerçants ont décidé de réagir. Pour garder leurs clients et ainsi limiter les pertes, ils ont fixé leurs propres taux de change. Ils proposent des cours allants jusqu'à 1,50 franc suisse, défiant la quasi-parité actuelle.

Commentaires 3
à écrit le 18/08/2011 à 14:43
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Ce n'est pas un nouveau phénomène. Ayant vécu en Suisse pendant 20 ans, cela a toujours été intéressant de faire ses courses dans les pays voisins surtout pour les denrées alimentaires. Le niveau de vie n'est pas très élevé en Suisse, car tout est tr...

à écrit le 18/08/2011 à 9:41
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VIVE LE FRANC FORT, je suis travailleur frontalier, 6500 fs = 4000 euros en 2008, maintenant, 6500f = 6100 euros. C'est les impots francais qui m'attendent au coin de la rue, qui a quasiment doublé (grrrr!!!), moi je travaille dans le secteur de la s...

à écrit le 18/08/2011 à 6:25
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Voilà une excellente initiative des commerçants de Cran Montana. 1,5 Franc Suisse pour 1 Euro. Il en va de leur survie.Le peuple a enfin compris qu'il ne fallait pas compter sur la toute puissance des états (qui nous démontrent leur incapacité à gére...

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