Pour l'AIE, l'abandon du nucléaire est prématuré

Pour l'Agence internationale de l'énergie, l'augmentation constante des besoins en énergie de la planète et le souci de réduire les émissions de CO2 ne permettent pas d'exclure le nucléaire. Pas tout de suite.
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Dans son rapport annuel, l?Agence internationale de l?énergie (AIE), antenne de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), met en garde l'Allemagne ou la Belgique contre le fait de se désengager entièrement ou partiellement du nucléaire.

Si aucune nouvelle centrale n'est construite dans les pays de l'OCDE, prévient l'Agence, si la durée de vie des centrales est réduite de cinq ans et si les pays non membres de l?OCDE disposent de la moitié de leurs capacités anticipées à cet horizon, les capacités de production nucléaires mondiales pourraient chuter de 15% en 2035. La part du nucléaire dans la production d'électricité diminuerait alors de moitié passant de 13% à 7%.

Or, la consommation mondiale d'énergie (hydrocarbures, nucléaire, renouvelables) va continuer à augmenter, d'environ un tiers d'ici 2035, tirée par les pays non OCDE, qui représentent 90% de cette demande. Cette demande, dont un tiers proviendra de la Chine devrait représenter 16.900 millions de tonnes équivalent pétrole en 2035. La Chine (un tiers de la demande mondiale en 2035) "consolide sa place de premier pays consommateur d'énergie" même si sa consommation par habitant n'atteint pas la moitié de celle des Etats-Unis, souligne l'AIE.

Le corollaire de cet appétit grandissant en énergie est l?augmentation des émissions de CO2 de 20% en 2035, avec le risque de ne plus pouvoir limiter la hausse de la température de la planète à 2 degrés, qui est l'objectif de la communauté internationale. Pour éviter ce scénario, les Etats doivent investir d?ici 2017 des sommes "considérables" dans les énergies sans CO2 comme les renouvelables, les voitures électriques?.

Que les pays tentés par le charbon ou le gaz se méfient, prévient encore l?AIE, ces méthodes émettent bien plus de CO2 que le nucléaire. Sans compter que sans nucléaire, selon l?AIE, l'indépendance énergétique des pays producteurs serait "mise en péril" parce que leurs sources d'énergie seraient moins diversifiées.

Flambée des prix

Tablant sur un baril de pétrole brut à 120 dollars en 2035 et une hausse de 14% de la consommation de brut, l?AIE fait craindre une hausse sensible du coût de l?énergie liée à la forte demande en énergies fossiles.

La part des énergies fossiles (pétrole, gaz naturel, charbon) reste dominante même si elle décline, passant de 81% en 2009 à 75% en 2035, à cause de la hausse des prix et des efforts des gouvernements pour promouvoir d'autres sources d'énergies.

Selon l'AIE, le monde doit dépenser chaque année 1.500 milliards de dollars, soit presque le montant de la dette de la France, pour faire face au bond de la demande, afin d'investir au total, d'ici vingt-cinq ans, la somme vertigineuse de 38.000 milliards de dollars.

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