Triomphe en vue pour Poutine... avec gueule de bois assurée

Vladimir Poutine entend avec le vote de dimanche régner six années supplémentaires, mais sa légitimité est fragilisée et ses promesses électorales paraissent démesurées par rapport aux ressources du pays.
Les derniers sondages donnaient à Poutine une large majorité, avec entre 60 et 66% d'intentions de vote. Photo : Reuters

Vladimir Poutine termine une campagne présidentielle mal commencée avec la certitude qu'il va remporter les élections présidentielles dès le premier tour dimanche. Fin septembre, en annonçant son retour au pouvoir via un échange de postes avec son président Dmitri Medvedev, Vladimir Poutine avait humilié les Russes et vu sa popularité piquer brusquement. Il a redressé la situation à force de promesses électorales démagogiques (énormes dépenses sociales et impôt sur le luxe) et en agitant l'épouvantail d'une mystérieuse menace étrangère. Les derniers sondages lui donnent une large majorité, avec entre 60 et 66% d'intentions de vote, selon différents instituts.

Télévision d'Etat complaisante

Un plébiscite en partie faussé du fait que Vladimir Poutine dispose d'une télévision d'Etat complaisante et se dispense d'affronter en débat ses adversaires, eux-mêmes sélectionnés par le Kremlin pour leur notoire incapacité à mobiliser l'électorat. Personne n'est venu lui apporter de contradiction sur ses promesses électorales, qui selon certaines estimations, vont coûter autour de 122 milliards d'euros au budget russe d'ici 2018. De telles dépenses ne pourront être supportées par le budget que si le prix du baril de pétrole se maintient dans les prochaines années au-dessus des 150 dollars (il avoisine 125 dollars ces derniers jours). En s'accroissant, la classe moyenne se détourne désormais de Vladimir Poutine, voyant en lui un autocrate nourrissant un système népotique qui bloque le développement économique du pays. "Les manifestations massives de ces derniers mois ont clairement révélé qu'il ne disposait plus de l'immense majorité de jadis", note Masha Lipman, politologue, ajoutant : "Les gens pensent maintenant à l'après-Poutine."

Où est passé le président actuel?

Et Dmitri Medvedev dans tout ça ? Le président a quasiment disparu de la sphère politique et médiatique après avoir annoncé en septembre dernier qu'il était d'accord pour échanger les rôles avec son Premier ministre. "Vladimir Poutine et son entourage ne doutent pas de leur victoire dès le premier tour, mais ils s'efforcent de faire oublier cet échange des rôles qui a tant irrité la population, c'est pourquoi Dmitri Medvedev fut si discret durant la campagne", explique le politologue Evgueni Mintchenko. Or, l'échange a aussi exaspéré les élites. Selon le politologue Alexeï Moukhine, tous voient une crise du pouvoir. "Ceux qui avaient misé sur Medvedev contre Poutine sont furieux qu'il ait sacrifié ses opinions libérales en même temps que son ambition présidentielle. Les conservateurs voient la crise dans le retour de Medvedev à la direction du gouvernement. Nombreux sont ceux dans l'entourage de Poutine qui sont exaspérés et qui mènent une action de lobbying pour que Medvedev soit écarté." Personne n'est content, alors que l'arbitre suprême voit sa légitimité et sa popularité s'éroder inexorablement. Dans ce contexte, il aura de plus en plus de mal à maintenir l'équilibre entre les clans. Son pouvoir n'est peut-être pas tant menacé par les cris d'une opposition émiettée que par les coups de boutoir que vont s'échanger les nombreux « numéros deux » du Kremlin.

Commentaires 6
à écrit le 02/03/2012 à 19:58
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Le Monde a besoin d'un leader respectable; pas un Dieu ou un Comédien comme on en a tant à l'Ouest. Quelqu'un qui montre le bon exemple. Je pense que les russes ont en Monsieur Poutine, quelqu'un de bien. Je l'ai vu de près et cela m'a donné de l'esp...

le 03/03/2012 à 10:12
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Jean-Claude, c'est pour la presidence de la Russie que votre respectacle leader bafoue la democratie en truquant honteusement les resultats, pour celle du monde ca serait plus difficile.

le 04/03/2012 à 17:00
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Est ce encore un anglo saxon qui s'introduit dans les affaires intérieures russes, je suppose ?

le 05/03/2012 à 0:13
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ALAN JOHN. Vous avez du pot; La Tribune qui aime les commentateurs de votre espèce a censuré mes trois précédents messages envoyés hier. Aujourd'hui, je me marre car c'est vous les bornés qui allez avoir la gueule de bois.J'avais prévu ce résultat de...

le 05/03/2012 à 9:20
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Evidemment, Jean-Claude, que vous etes informe, vous avez une relation privilegiee avec Vladimir et, oui, j'ai du pot, celui de vivre dans un pays libre meme si j'ai en commun avec de nombreux moscovites d'etre borne au point de ne pas me rendre comp...

le 19/03/2012 à 21:13
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Alan John. Entre censurés on peut dialoguer. Je n'ai pas la science infuse; mais depuis 1997 je vais tous les ans à Orenburg. Auparavant j'avais vécu à Seattle, Denver et San-Diégo (USA). J'adore le peuple américain mais je déteste son système qui a ...

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