Le Congrès argentin adopte à une large majorité l'expropriation de Repsol

L'expropriation de l'espagnol Repsol a été votée jeudi soir à une large majorité par le Congrès argentin. L'Argentine ne reviendra donc pas sur la décision prise par Cristina Kirchner, qui avait provoqué critiques et remontrances notamment en Espagne.
DR - Repsol

Le Congrès argentin a adopté jeudi soir définitivement, à une large majorité, la loi expropriant à hauteur de 51% Repsol de sa filiale YPF, le groupe pétrolier espagnol et l'Argentine devant maintenant s'affronter devant les tribunaux internationaux. Après le Sénat, la Chambre des députés a adopté le projet de loi du gouvernement par 207 voix pour, 32 voix contre et 6 abstentions, le parti au pouvoir disposant d'une majorité des sièges et d'un soutien écrasant des membres de l'opposition sur ce dossier. Une foule de militants du parti au pouvoir qui entourait le Congrès a alors explosé de joie et commencé à entonner des chansons. Le Sénat avait adopté ce projet il y a une semaine en première lecture par 63 voix pour, 3 voix contre et 4 abstentions.

La décision d'expropriation avait provoqué des critiques des États-Unis et de l'Europe, et des sanctions espagnoles

La présidente argentine Cristina Kirchner avait décidé le 16 avril d'exproprier partiellement YPF, contrôlée par la compagnie espagnole Repsol à hauteur de 57,4%. L'Etat argentin et les provinces, qui accusent Repsol de ne pas avoir assez investi, doivent en prendre le contrôle à hauteur de 51%. L'Argentine fait face à une hausse vertigineuse de ses importations d'hydrocarbures (+110% à 7,1 milliards d'euros en 2011). La décision d'exproprier a été critiquée par l'Union européenne et les Etats-Unis et a valu à l'Argentine des représailles commerciales de l'Espagne. Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Garcia Margallo, a appelé jeudi l'Argentine à suivre l'exemple de la Bolivie - autre pays sud-américain ayant exproprié une filiale espagnole - et à faire appel à un organisme indépendant pour calculer l'indemnisation.

L'expropriation votée massivement, même par l'opposition

"Repsol n'a pas investi en Argentine parce que nous avons fixé le prix (du pétrole) à 50 ou 60 dollars pour favoriser la croissance et non le prix international que (le groupe espagnol) demandait", a déclaré le chef du groupe du parti au pouvoir à la Chambre, Agustin Rossi. L'opposition radicale a massivement voté le projet de loi tout en émettant des critiques, tout comme le Front Progressiste (socialiste) de Hermes Binner, rival malheureux de la présidente Kirchner à l'élection présidentielle d'octobre. "La compagnie pétrolière a été démantelée (par Repsol)", a accusé le député radical Rodolfo Fernandez, déplorant que Repsol "ait payé 13 milliards de dollars (pour) et pris 21 milliards en dividendes". Repsol a estimé que sa part dans YPF valait 10,5 milliards de dollars (8 milliards d'euros) et annoncé qu'il allait demander "une compensation à travers l'arbitrage international", qui devra être "au moins égale" à ce prix.

9 milliards de dettes auraient été cachés chez YPF

Le vice-ministre argentin de l'Economie Axel Kicillof a accusé Repsol de cacher 9 milliards de dollars de dette chez YPF, en partie sous forme d'investissements, et de faire une valorisation "imprudente" de sa filiale. Mais la bataille judiciaire s'annonce très longue. Dans le cas du Français Suez, qui réclame 930 millions d'euros à l'Argentine après avoir perdu en 2006 sa concession pour la distribution d'eau potable dans la banlieue de la capitale, le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (Cirdi) a reconnu en 2010 la responsabilité de Buenos Aires. Or, à ce jour le montant du dédommagement n'a pas été fixé. Des 146 litiges en attente de règlement au Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements de la Banque mondiale, 25 concernent l'Argentine, le pays qui en a le plus, devant le Venezuela (20).

 

 

Commentaires 7
à écrit le 04/05/2012 à 20:00
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Un jour les chinois diront: les entreprises étrangères exploitent le peuple chinois, elles sont nationalisées...

le 06/05/2012 à 14:18
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On l'aura bien cherché !

à écrit le 04/05/2012 à 10:00
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L'Argentine prouve une fois de plus qu'elle reste une république bananière, avec à la tête un groupe de clowns à l'image de cet Axel Kicillof. Pour faire simple on laisse à l'initiative privée le risque du développement d'un projet et l'apport de ...

le 04/05/2012 à 15:38
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Apport de toutes les technologies ? Au final, à quel prix ? Crise, chômage, paupérisation.... et j'en passe. Les Argentins ont raison de les foutre dehors : sous prétexte d'avoir un micro ondes, il n'avait plus à manger.

le 04/05/2012 à 15:41
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@R: l'Espagne était-elle une république bananière quand elle pillait sans vergogne l'Amérique laitine ? N'est-il pas normal que les pays puissent disposer librement de leurs propres ressources ? Quant au transfert de technologies gratuits, les Chiono...

le 04/05/2012 à 15:57
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apport de toutes les technologies ? quel intêret d'avoir un micro onde quand on peut plus s'acheter à manger, que l'argentine continue sur sa lancée...

le 04/05/2012 à 17:11
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@aur: Rien à manger en Argentine ?? t'es un grand voyageur :-) Bon, c'est vrai qu'à part leurs exportations de viandes et de vins, on mange pas souvent des haricots argentins :-)

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