L'Espagne réforme son secteur bancaire

Devant l'instabilité des marchés, Madrid se lance dans une nouvelle réforme de son secteur bancaire. Au menu: séparation des actifs immobiliers "problématiques" des bilans des banques et nouvelles provisions.
Mariano Rajoy, Premier ministre espagnol, dont le gouvernement présente ce vendredi une réforme du secteur bancaire - REUTERS

Avant tout, rassurer les marchés. Deux jours après avoir nationalisé Bankia, l'Espagne dévoile une réforme de son secteur bancaire. A la Bourse de Madrid, très instable retonmbée cette semaine à des niveaux jamais vus depuis neuf ans, les investisseurs ont transmis un message clair: ils ne croient toujours pas aux chiffres présentés par les banques espagnoles et craignent que les actifs immobiliers qu'elles ont accumulés pendant la bulle ne valent désormais plus grand-chose. Celles-ci croulent sous 184 milliards d'euros d'actifs "problématiques", car à la valeur incertaine (logements saisis, crédits difficilement remboursables), soit 60% de leur portefeuille.

Premier volet de la réforme: séparer ces actifs des bilans des banques, pour plus de clarté et pour les valoriser correctement, en tenant compte du marché espagnol sinistré. "Ce que nous voulons, c'est que l'on fixe le prix réel des logements (détenus par les banques), même si tout le monde perd de l'argent, les promoteurs comme les banques, et qu'on les mette en vente", a expliqué lundi le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy.

35 milliards d'euros de provisions?

L'autre aspect de cette réforme consiste à engager "de nouvelles provisions" afin que le secteur se protège face aux possibles pertes, a indiqué le ministère de l'Economie. Selon la presse espagnole, celles-ci devraient atteindre 35 milliards d'euros, qui s'ajouteront aux 53,8 milliards déjà imposées au secteur.

Madrid, qui a déjà prêté au secteur bancaire plus de 15 milliards d'euros, refusait jusque-là de remettre la main à la poche, mais a dû s'y résoudre mercredi pour la quatrième banque du pays  devant les tensions croissantes sur les marchés.

Le FMI avait mis en garde le pays, l'appelant à aller plus loin dans l'assainissement des banques pour "remédier aux faiblesses qui demeurent". Standard and Poor's, en dégradant de deux crans la note souveraine le 26 avril, avait de son côté prédit "une probabilité croissante que l'Etat espagnol doive fournir un soutien budgétaire supplémentaire au secteur bancaire", craignant que cela ne menace le déficit public du pays. Mariano Rajoy promet que cette réforme ne menacera pas la rigueur budgétaire qu'il défend: "cela n'affectera pas le déficit public", qui doit passer de 8,51% du PIB en 2011 à 5,3% cette année.

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