La Chine décidée à occuper l'Espace

Avec le succès de la mission Shenzhou IX, la Chine confirme son statut de puissance spatiale et va poursuivre ses efforts pour se doter d'une station spatiale permanente et peut-être décider d'envoyer des astronautes sur la lune.
Les taïkonautes Liu Wang, Jing Haipeng et Liu Yang (de gauche à droite). La capsule spatiale chinoise Shenzhou 9 a atterri sans encombre, vendredi dans la steppe de Mongolie intérieure, dans le nord de la Chine. /Photo prise le 29 juin 2012/REUTERS/Xinhua/Ren JunchuanCopyright Reuters

Après la planète Terre, la soif de conquête chinoise s'étend au cosmos. La mission Shenzhou X, prévue fin 2012 ou en 2013, devrait comme Shenzhou IX compter trois astronautes et être d'une durée similaire, soit environ 13 jours, selon Morris Jones, un expert indépendant des questions spatiales chinoises basé en Australie.

Shenzhou X sera aussi la dernière mission de rendez-vous avec Tiangong-1, le module orbital lancé en septembre dernier qui a accueilli le vaisseau inhabité Shenzhou VIII en novembre, puis Shenzhou IX du 18 au 28 juin.

"Après Shenzhou X, il n'y aura plus d'astronautes qui iront sur Tiangong-1, et au bout de quelques années, ils lanceront Tiangong-2, qui sera plus sophistiqué", prédit Morris Jones.

"Les séjours plus longs, d'un mois, de trois mois, ne pourront avoir lieu qu'à bord d'une station qui serait plus importante que les 8,5 tonnes de Tiangong-1, pour lequel un système ravitaillement ne semble pas prévu", relève Isabelle Sourbès-Verger, spécialiste du programme spatial de la Chine au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France.

"Tiangong-1, dont la fin de vie est prévue au plus tard pour 2014, devrait être suivie de deux autres versions disposant de supports vie plus puissants en termes d'autonomie, avec des possibilités d'amarrage d'un second vaisseau", détaille cette experte.

Une autre étape restant à franchir avant de pouvoir démarrer la construction d'une grande station spatiale habitable en permanence, probablement vers 2020, est le développement d'un nouveau lanceur.

"Le lancement de cette station spatiale dépend du succès du développement d'un nouveau lanceur lourd, le Longue Marche 5. Il est en développement, mais il a pris du retard", constate Joan Johnson-Freese, une experte du Naval War College de Newport, aux Etats-Unis.

"Longue Marche 5 enregistre un retard assez important, si bien que le planning est sans doute encore assez ouvert", relève aussi Isabelle Sourbès-Verger.

Malgré ces difficultés, Joan Johnson-Freese pense que "cette grande station spatiale sera en orbite dans les dix prochaines années, ce qui pourrait en faire un remplacement de facto pour la Station spatiale internationale (ISS)".

La durée de vie de l'ISS n'est actuellement pas garantie au-delà de 2020.

"Il est trop tôt pour dire s'il n'y aura dans le monde qu'une station spatiale chinoise aux alentours de 2020, car la durée de l'ISS peut être prolongée", a toutefois estimé vendredi Wang Zhaoyao, directeur du Bureau d'études du Programme de vol habité chinois.

Il a souligné que son pays, qui ne participe pas à l'ISS, n'était en concurrence avec personne et allait "continuer à avoir une attitude favorable à la coopération et aux échanges avec tous les pays en matière de vols habités".

Pour les Chinois, mener à bien leur programme de station spatiale "garantira, dans une coopération ultérieure, si elle doit avoir lieu, que la Chine compte dans les partenaires majeurs, ce qui ne sera pas le cas de façon aussi évidente pour les Européens et les Japonais", selon Isabelle Sourbès-Verger.

Dans le but de réaliser à un horizon encore plus lointain que 2020 leur rêve d'aller sur la Lune, les Chinois poursuivent par ailleurs un programme d'envoi de sondes lunaires, Chang'e, afin d'apprendre à mieux connaître le satellite de la Terre.

"Ils vont probablement décider dans les cinq à huit ans à venir s'ils entreprennent une mission lunaire habitée", estime Joan Johnson-Freese.

Les Etats-Unis développent pendant ce temps un nouveau lanceur et des technologies pour emmener des hommes sur un astéroïde ou sur Mars, relève cette analyste pour laquelle "les deux pays avancent, mais pas de façon concurrente".

Si une course à l'espace a lieu, elle serait alors plutôt en Asie. L'Inde a très peur de rester à la traîne de la Chine dans le développement des technologies spatiales, et a arrêté des objectifs ambitieux, y compris en matière d'exploration humaine.

 

 

 

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