OMC : l'UE appelle l'Inde à "faire preuve de flexibilité"

Face au refus de l'Inde d'accepter le compromis de Bali, le commissaire européen au Commerce, le Belge Karel de Gucht appelle le pays à être plus souple. Sans quoi, cet échec sonnera le glas du multilatéralisme, et même de l'OMC.
Mounia Van de Casteele
Delhi a rejeté un compromis en discussion à la ministérielle qui autoriserait temporairement un dépassement des subventions agricoles pour mettre en oeuvre des programmes alimentaires pour les pauvres

"Une solution n'est pas impossible mais à condition que l'Inde fasse preuve de la flexibilité nécessaire".

Voici ce qu'a déclaré le commissaire européen au Commerce, Karel de Gucht, lors d'une conférence de presse à Bali, où se réunit l'organisation mondiale du commerce (OMC). Un sommet de la dernière chance en vue de relancer le commerce international après l'échec du cycle de Doha en 2001.

Accusant le coup après la fin de non-recevoir prononcée par son homologue indien - Delhi a rejeté un compromis en discussion à la ministérielle qui autoriserait temporairement un dépassement des subventions agricoles pour mettre en oeuvre des programmes alimentaires pour les pauvres - le commissaire n'a pas caché sa déception:

"Je suis normalement un optimiste mais là, je suis quelque peu maussade"

L'Inde veut accroître ses subventions agricoles

A la tête des 46 pays en développement du "G33", l'Inde exige en effet une solution permanente qui lui permettrait d'accroître ses subventions aux produits agricoles afin d'aider les fermiers et nourrir à bas prix les plus pauvres. Ce qui est actuellement sévèrement limité par l'OMC, car étant considéré comme une forme de dumping.

En difficulté à l'approche d'élections nationales, le pays entend mettre en œuvre un programme visant à offrir à prix artificiellement bas des denrées alimentaires de base à plus de 800 millions de pauvres.

Problème: Karel De Gucht a averti qu'un échec à Bali "ferait vaciller les fondations même de l'OMC", "plaçant sous respiration artificielle le système de règles de l'OMC".

Outre la fin de l'OMC en tant que cadre des négociations multilatérales sur l'ouverture des échanges commerciaux, le commissaire a estimé qu'un échec en Indonésie pourrait même menacer la pertinence de l'organisation en tant qu'instance de règlement des conflits commerciaux, une fonction pourtant "très importante pou l'UE et les Etats-Unis" en particulier. Rappelons à cet égard que l'UE a engagé 32 procédures à l'encontre des Etats-Unis, contre 19 en sens inverse.

Pour aller plus loin: pourquoi le libre-échange fait-il si peur ?

Mounia Van de Casteele
Commentaires 4
à écrit le 04/12/2013 à 17:53
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Evidemment, demander à l'Inde, pays des grandes famines (la dernière en 1943), incapable de juguler sa progression démographique, où la "révolution verte" atteint ses limites, menacé par la guérilla naxalite, confronté à un foisonnement urbain potent...

à écrit le 04/12/2013 à 14:03
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Karel De Gucht , l'homme qui confond commissaire européen et "commissaire mondial" . Un très bon cheval de Troie pour les multinationales .

à écrit le 04/12/2013 à 13:33
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C'est quand même fort. Demander à un pays qui a des salaires de misère, où les castes empêchent un éventuel ascenseur social, où il n'y a quasiment aucune règle sociale, écologique... de faire plus flexible. L'OMC est quand même une vaste foutaise.

le 04/12/2013 à 15:40
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Et après vous viendrez protester contre les délocalisations et manifester pour l'emploi en France !!

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