Egypte : quatre morts dans un attentat contre un bus de touristes coréens

Le chauffeur et au moins trois touristes étrangers ont été tués dans cette attaque à la bombe contre un bus transportant une trentaine de Coréens. C'est la première attaque contre des étrangers en Egypte depuis 2009 qui risque de mettre l'économie touristique à terre alors que le pays est ensanglanté par la multiplication des attentats depuis la destitution de Morsi

Une bombe visant un autobus de touristes sud-coréens a tué au moins quatre personnes dimanche dans le Sinaï égyptien, dans le premier attentat contre des étrangers depuis que l'armée a destitué le président islamiste Mohamed Morsi.

L'attaque, perpétrée au poste-frontière de Taba, une station balnéaire sur la frontière avec Israël, a également fait 14 blessées et n'a pas été revendiquée dans l'immédiat. Le chauffeur égyptien figure parmi les morts, a annoncé le ministère de l'Intérieur, en ajoutant que le véhicule transportait des "touristes coréens" mais sans donner de précision sur la nationalité des autres victimes.

Les attentats sont devenus fréquents Egypte depuis depuis que l'armée a destitué et arrêté M. Morsi le 3 juillet, mais ils ne visaient jusqu'à présent que les forces de l'ordre. Ils ont été, pour la plupart, revendiqués par Ansar Beit al-Maqdess, un groupe jihadiste basé dans le Sinaï, disant s'inspirer d'Al-Qaïda et assurant agir en représailles à la répression sanglante menée par le nouveau pouvoir dirigé de facto par l'armée contre les partisans de M. Morsi.

La bombe a explosé à l'avant du bus alors que le chauffeur attendait au passage frontalier de Taba, a annoncé le ministère de l'Intérieur dans un communiqué, sans préciser dans quel sens les touristes franchissaient la frontière entre Israël et l'Egypte. Le haut de l'autocar jaune a été littéralement dévasté par la déflagration et l'incendie qui a suivi. Le porte-parole du ministère de la Santé, Ahmed Kamel, a précisé à l'AFP qu'il était impossible de reconnaître les corps.

Fuite des touristes

L'attaque de dimanche risque de pousser un peu plus l'économie de l'Egypte vers le gouffre, le pays des pyramides et des célèbres spots de plongée de la Mer Rouge étant déserté par les touristes depuis la révolte populaire de 2011 qui a chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir.

Aucun attentat n'avait plus visé des étrangers en Egypte depuis février 2009, quand une Française avait été tuée par l'explosion d'une grenade en bordure du souk de Khan el-Khalili, au coeur du Caire historique. Il s'agissait alors de la première attaque terroriste contre des Occidentaux en Egypte depuis 2006.

Entre 2004 et 2006, nombre d'Egyptiens et de touristes étrangers avaient cependant péri dans des attentats dans les stations balnéaires du Sinaï. Et en 1997, un commando d'insurgés islamistes avaient mitraillé des touristes sur le site des célèbres temples de l'Egypte antique de Louxor, dans le sud, tuant 58 étrangers, des Suisses pour la majorité.

La sécurité s'est considérablement dégradée en Egypte depuis que le général Abdel Fattah al-Sissi, chef de la toute-puissante armée, a destitué le premier président démocratiquement élu du pays. Depuis plus de sept mois, le pouvoir mis en place et dirigé de facto par le nouvel homme fort de l'Egypte réprime dans un bain de sang toute manifestation des partisans de M. Morsi.

Plus de 1.400 personnes, des manifestants islamistes pour la plupart, ont ainsi été tuées par la police ou l'armée, selon Amnesty international, dont la moitié au cours de la seule journée du 14 août au Caire. Depuis le 3 juillet également, les attentats et attaques visant la police et l'armée se sont multipliés dans tout le pays, mais surtout au Caire. La plupart ont été revendiqués par Ansar Beït al-Maqdess, mais le gouvernement accuse les Frères musulmans, la confrérie de M. Morsi, de les avoir commandités ou organisés.

Plusieurs milliers de membres de cette organisation désormais déclarée "terroriste" ont été arrêtés, dont la quasi-totalité de leurs dirigeants. Ils encourent, à l'instar de M. Morsi en personne, la peine de mort dans divers procès, dénoncés comme "politiques" par les accusés mais aussi par des organisations internationales de défense des droits de l'Homme.

M. Morsi est d'ailleurs apparu dimanche à l'ouverture du troisième procès --pour "espionnage"-- sur les quatre qui lui sont intentés. A la barre, il a dénoncé une "farce" de la part du régime issu selon lui d'un "coup d'Etat militaire".

Commentaire 1
à écrit le 16/02/2014 à 17:32
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Il serait temps pour l'ONU de remette un peu d'ordre en Egypte puisque le conflit semble prendre une dimension internationale. Embargo sur le transport de passagers depuis et vers l'Egypte à défaut d'une expédition punitive (militaire) qui ne résoudr...

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