Chine : un défaut obligataire pour l'exemple

Chaori Solar Energy est la première entreprise de Chine continentale à faire défaut sur les intérêts de ses obligations. Ce défaut est symbolique de la volonté de Pékin de réformer le secteur financier chinois.
"Nous devons prendre en compte le fait que certains acteurs ne doivent pas se développer trop vite et s'étendre à l'aveuglette", a commenté le ministre du Commerce chinois. Le fabricant solaire Chaori, que Pékin a laissé faire défaut sur les intérêts de ses obligations, est emblématique des abus chinois dans certains secteurs. (Photo : Reuters)

C'est finalement arrivé. Pékin a laissé le fabricant de panneaux solaires Chaori Solar Energy Science & Technology Co. faire défaut sur les intérêts de sa dette obligataire vendredi. Il s'agit donc du premier défaut obligataire d'entreprise de Chine continentale, selon les agences de notation.

La fête est finie

Ce défaut assez limité, de quelque 90 millions de yuans (10,6 millions d'euros), n'aura pas d'impact en lui-même sur le marché des obligations d'entreprises chinois. Même s'il pourrait tendre quelque peu les investisseurs sur le court et moyen terme.

Il est néanmoins positif sur le long terme, car il donne une impression de transparence dans un marché en pleine expansion mais qui en manque cruellement. Ce défaut montre aussi de fait que les investissements ne sont plus garantis. Pékin était en effet soupçonné d'intervenir régulièrement en sous-main pour éviter les défauts.

Le solaire, emblématique des abus chinois

Le message des autorités est d'ailleurs clair. "Nous devons prendre en compte le fait que certains acteurs ne doivent pas se développer trop vite et s'étendre à l'aveuglette", a commenté Gao Hucheng, le ministre chinois du Commerce, pour qui "ils ne devraient pas non plus s'appuyer sur les marchés étrangers pour la majorité de leurs ventes de produits".

De ce point de vue, l'industrie des panneaux solaires est emblématique. Le fabricant Suntech Power s'était ainsi particulièrement développé à l'international en pratiquant des prix tellement bas que la plupart des concurrents estimaient qu'ils ne pouvaient être rentables. Aventure qui s'était terminée par la mise en faillite de sa principale entité en Chine, Wuxi Suntech. Incapable de faire face à ses obligations, Chaori en est un nouvel exemple.

Un exemple au service du rééquilibrage économique

Avec cette stratégie de l'exemple, Pékin cherche à montrer patte blanche afin d'attirer les investisseurs sur ses marchés financiers. L'objectif étant de développer les capacités d'investissement de ses entreprises afin de monter en gamme et de faire évoluer son modèle économique plus tourné vers le marché intérieur.

Les autorités chinoises cherchent en effet à sortir du modèle tourné vers les exportations à bas coût. Un mouvement déjà entamé. En proie à un endettement des collectivités locales et à une finance de l'ombre en très fortes expansions, Pékin a saisi les limites de son modèle de relance qui lui a permis de tenir au plus fort de la crise. L'heure est désormais à la recherche de nouveaux leviers de croissance, alors que celle-ci ralentit. Et a atteint un niveau proche de celui en dessous duquel l'économie cesse de créer suffisamment d'emplois pour absorber la main d'oeuvre disponible.

>> Lire La Chine malade de son système bancaire

Commentaire 1
à écrit le 07/03/2014 à 18:16
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Les articles de Romain Renier dénotent une très fine compréhension de tous les processus économiques chinois.

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