S'incliner face à la Chine pour y faire des affaires... Pendant que la France déroule le tapis rouge au président chinois, deux des plus grands médias américains s'affrontent sur ce oipnt de déontologie controversé.
Le "China-bashing" mauvais pour le business?
Pour le patron de Bloomberg, Peter Grauer, il est nécessaire de ménager les susceptibilités des Chinois, sous peine de risquer de perdre des parts de marchés dans un pays, qui, malgré un ralentissement relatif de la croissance reste un eldorado pour les grands groupes occidentaux. Lors d'un discours sur l'Asie le 20 mars, il a ainsi affirmé:
"Vous êtes tous conscients du fait que de temps à autres nous nous écartons quelque peu [des informations financières] et écrivons des articles qui auraient pu - auraient dû - être en quelque sorte repensés."
Il faut dire que Bloomberg a publié une série d'articles sur de riches familles chinoises qui visiblement n'ont pas eu l'heur de plaire en Chine. Plusieurs entreprises publiques ont en effet choisi de ne pas renouveler leurs contrats d'abonnements aux fils d'informations de l'agence.
Une démission
Cette politique prônée par le patron de l'agence semblerait avoir été appliquée. Un reporter de Bloomberg, Ben Richardson a même démissionné après 13 ans de services, pour protester contre le sort fait à l'une de ses enquêtes sur la Chine.
Un autre ancien employé de l'agence, Michael Forsythe, a lui-même rejoint les équipes du NYT après la publication par ce dernier... d'un article sur la censure dont il aurait été victime.
Le NYT, défenseur de l'indépendance éditoriale
Mais l'injonction exprimée par Peter Grauer a fait bondir celui du New York Times. Offusqué, Mark Thompson, directeur exécutif du titre a invoqué l'esprit d'Adolph Ochs, qui fut propriétaire du prestigieux quotidien au XIXe siècle pour défendre l'indépendance journalistique.
Lors d'une conférence organisée par le Financial Times mercredi, il a pointé le fait que, malgré la censure imposée depuis des mois aux versions anglaises et chinoises de la version web du journal, cela ne devait pas remettre en cause sa liberté éditoriale.
Des considérations commerciales n'influenceront jamais les décisions journalistiques prises par les directeurs exécutifs. Nous continueront à faire des reportages sur la Chine avec impartialité, objectivité et sérieux. Exactement comme nous le faisons pour tous les autres pays.
Ironie de l'histoire, le groupe, qui comme de nombreux titres de presse connaît des déboires économiques, a beaucoup intéressé un millionnaire chinois, Chen Guangbiao.