La zone euro débloque 8 milliards d'euros pour la Grèce

Déblocage de l'aide grecque, pression sur Rome, Fonds européen de stabilité financière (FESF), recapitalisation étaient au menu des discussions de l'Ecofin réunissant les ministres des finances de la zone euro. Revue de détail
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Une fois n'est pas coutume, les ministres des Finances de la zone euro se sont rencontrés lundi soir à Bruxelles sans que cet Eurogroupe soit qualifié de « réunion de crise ». Le menu était pourtant chargé. Le déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 8 milliards d'euros à Athènes, qui sans cela risque la faillite le 15 décembre, semblait acquis à l'ouverture de la réunion.

Aide à la Grèce

La zone euro a accepté mardi après plusieurs mois de discussions de débloquer une tranche de prêt de 8 milliards d'euros pour la Grèce, vitale pour éviter au pays de se retrouver en faillite d'ici le 15 décembre, a indiqué une source diplomatique européenne.

Le versement de ce prêt, tiré du premier plan de sauvetage pour la Grèce du printemps 2010, a été décidé au cours d'une réunion des ministres des Finances des dix-sept pays de la zone euro à Bruxelles.

Les 17 avaient donné une première fois leur feu vert de principe au versement de cette enveloppe avant la démission du gouvernement socialiste de Georges Papandréou, remplacé depuis par un gouvernement d'union nationale dirigé par Lucas Papademos.

Mais ils avaient suspendu leur approbation finale à une exigence de la zone euro et du Fonds monétaire international de voir les trois principaux partis politiques grecs soutenant le gouvernement d'union nationale à promettre par écrit d'appliquer les réformes auxquelles le gouvernement Papandréou s'était engagé.

Or, les trois chefs des principaux partis, dont Antonis Samaras (droite), jusqu'alors très réticent, ont envoyé un engagement écrit aux dirigeants européens. M. Samaras a toutefois assorti sa lettre de réserves et a plaidé en faveur de quelques modifications "pour garantir la réussite" du programme.

"En Grèce nous avons réuni toutes les conditions nécessaires en vue du prochain versement, du nouveau programme (d'aide) et de l'implication du secteur privé", a souligné le ministre grec des Finances, Evangélos Vénizélos, dans un communiqué diffusé à son arrivée à Bruxelles.

L'accord de la zone euro signifie qu'Athènes va pouvoir recevoir 5,8 milliards d'aide sur ces 8 milliards, le reste dépendant encore de l'approbation du FMI.

Encouragements pour l'Italie

De même que les encouragements du jury pour les réformes entreprises en Italie. Le président du Conseil italien Mario Monti, également ministre des Finances, était présent pour rassurer ses partenaires et échanger avec le commissaire européen aux Affaires économiques Olli Rehn, chargé par les dirigeants de la zone euro de « monitorer » les progrès italiens. Le Finlandais devait avertir Rome que le risque de défaut de paiement italien était pris au sérieux mais également soutenir les mesures du nouveau gouvernement.

Renforcement du FESF

C'est le renforcement du Fonds européen de stabilité financière (FESF) qui, sans nul doute, devait constituer le point le plus délicat à traiter par les Dix-sept. Sur le principe, l'Eurogroupe s'est mis d'accord pour transformer le fonds en un mécanisme d'assurances, garantissant les pertes des investisseurs qui achèteront de la dette des pays en difficulté. Mais les ministres s'attendaient à ce que Klaus Regling, le patron du fonds qui a rencontré de très nombreux investisseurs potentiels ces dernières semaines, leur annonce que l'effet de levier escompté de 4 à 5 ne serait pas atteint. A l'ouverture de la réunion, le Belge Didier Reynders a martelé qu'il était primordial « d'arriver au montant le plus élevé possible » pour rassurer les marchés. La capacité réelle du fonds, avec un effet de levier probable de 2 à 3, devrait toutefois plafonner à quelque 750 milliards d'euros au lieu des 1.250 milliards espérés. « Quoi qu'il en soit, même avec 1.250 milliards, on serait loin du compte pour venir en aide à un pays comme l'Italie », relativisait un diplomate lundi soir.

Le manque de puissance du FESF n'a pas manqué de relancer le débat autour du rôle de la Banque centrale européenne (BCE) dans cette crise. Paris et Berlin devaient d'ailleurs se disputer le poste hautement stratégique d'économiste en chef de la BCE. Le fauteuil semblait promis à Jörg Asmussen mais Paris fait campagne pour Benoît Coeuré, numéro deux du Trésor français. Ce mercredi, lors du conseil Ecofin, qui réunit l'ensemble des 27 ministres européens des Finances, l'Autorité bancaire européenne (EBA) doit présenter une estimation actualisée des besoins en recapitalisation des banques européennes. Fin octobre, ces besoins avaient été chiffrés à 106 milliards par l'EBA alors que le Fonds monétaire international (FMI) évaluait pour sa part le besoin en capitaux des banques européennes à quelque 200 milliards d'euros.

Robinet du crédit

Par ailleurs, les Vingt-sept redoutent une possible réduction excessive du bilan des banques pour améliorer leurs ratios de fonds propres. Ces mesures « pourraient entraver un afflux adapté de crédit à l'économie réelle ou exercer une pression supplémentaire excessive sur la dette souveraine », indique un document de préparation de la réunion.

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