En minimisant ses bénéfices, la Buba lance un avertissement à Merkel

La Bundesbank aurait dégagé en 2011 ses plus faibles bénéfices depuis 2004 en raison de provisions pour risques importants. Un manque à gagner de 1,8 milliard pour l'Etat allemand. Et un avertissement sans frais pour Angela Merkel et Mario Draghi, jugés trop "laxistes" par la Buba.
Jens Weidmann, président de la Bundesbank. Copyright AFP

La Bundesbank a au moins le mérite de la clarté. Mais sa logique risque de ne pas plaire à tout le monde. Selon l'édition de ce mardi de la "Bild Zeitung", la banque centrale allemande présentera, en milieu de semaine prochaine, un bénéfice net pour 2011 inférieur au milliard d'euros. Selon l'agence allemande Dpa, il se situerait même à environ 700 millions d'euros. Il s'agit là d'un chiffre extrêmement faible non seulement au regard des 2,2 milliards d'euros de bénéfices enregistrés en 2010, mais aussi au regard des années antérieures. Il faut ainsi remonter à 2004 pour retrouver un bénéfice aussi bas.

Les inquiétudes de Jens Weidmann

La cause de cette faiblesse ? La prudence. On sait que le président de la Buba, Jens Weidmann, est très critique vis-à-vis de la gestion de la crise de la dette par la BCE. Voici une semaine, il avait envoyé une lettre à Mario Draghi, son homologue européen, rendue publique par la presse allemande dans laquelle il s'inquiétait des déséquilibres internes à la zone euro. Reprenant les inquiétudes formulées depuis plusieurs mois par des économistes allemands, il avait pointé du doigt les créances que la Buba développe vis-à-vis du système Target, le système de compensation entre banques centrales de l'Eurosystème. La Buba est créditrice de 498 milliards d'euros vis-à-vis de ce système, alors que la grande majorité des autres banques centrales sont débitrices. Jens Weidmann avait rappelé les risques de cette situation puisque ces créances sont couvertes par des collatéraux parfois de qualité médiocre. Le successeur d'Axel Weber, jadis réputé plus modéré, n'avait également, au cours des mois précédents cessé de critiquer les rachats d'obligations d'Etat de la BCE comme une forme de « renflouement » des Etats, interdit par les traités, et en raison du risque inflationniste qu'ils faisaient naître. Du coup, la Buba a pris ses précautions et a fortement renforcé ses provisions pour risques en raison de la situation de la zone euro, réduisant ainsi son bénéfice redistribuable à l'Etat fédéral à la portion congrue.

Casse-tête pour Berlin

Cette stratégie a ceci de remarquable qu'elle perdre de mettre la pression sur le gouvernement fédéral allemand à double titre. La loi allemande prévoit en effet que 80 % du bénéfice de la Bundesbank retourne à l'Etat fédéral. Dans son budget 2012, le ministre des Finances Wolfgang Schäuble avait tablé sur un bénéfice de la Buba de 2,5 milliards d'euros. Il devra donc compter sur 1,8 milliard d'euros de moins, soit un manque à gagner pour l'Etat fédéral de 1,44 milliard d'euros. Rien de dramatique, puisque cet argent ne devait pas venir dans le budget normal, mais devait servir à l'amortissement d'un fonds visant à rembourser les dépenses des plans de relance de 2009 et 2010. Mais il n'empêche : il faudra bien trouver ces sommes au moment où le ministre des Finances promet de parvenir à l'objectif constitutionnel d'un déficit de 0,35 % du PIB dès 2014 au lieu de 2016. Sans compter que la Buba envoie un autre message : si la BCE lui rétrocède une partie des gains issus des obligations d'Etat de son bilan, il n'est pas certain que la banque centrale transmette ensuite ces gains à l'Etat fédéral pour qu'il alimente à son tour l'aide aux pays en difficulté de la zone euro. Elle pourrait bien être tentée de le placer dans ses réserves. C'est dire si, à Berlin, le comportement de la Buba risque de demeurer longtemps un casse-tête.

Commentaire 1
à écrit le 07/03/2012 à 15:20
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Est-ce-que cela est sensé nous interesser. L'Europe a des problèmes bien plus importants que les bénéfices de la BuBa. Que M Weidman finisse son aprentissage, pour la suite on jugéra sur le mérite. Ce qui compte c'est l'Europe et l'Union Monétaire co...

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