TVA. IVA, en espagnol. Ces trois lettres, le ministre de l?Economie espagnol, Luis de Guindos s?est refusé à les prononcer vendredi en conférence de presse, même pour annoncer l?augmentation des impôts sur la consommation à partir de 2013. Pourtant pour la presse espagnole, pas de doute : la TVA augmentera. De Guindos ne s?en est d?ailleurs pas défendu.
Le gouvernement a cédé
Le Gouvernement de Mariano Rajoy se dédit ainsi une nouvelle fois, après avoir écarté cette possibilité de façon répétée depuis son arrivée au pouvoir il y a cinq mois. Rajoy s?était insurgé, en tant que leader de l?opposition, contre la hausse de la TVA mise en place par José Luis Rodríguez Zapatero en juillet 2010. Son ministre du Budget, Cristobal Montoro, avait lui qualifié l?impôt de « profondément injuste », pour justifier en janvier la hausse de l?impôt sur le revenu. Le gouvernement promettait de garder ce cap malgré les appels de l?UE à augmenter l?impôt indirect. Finalement, Mariano Rajoy a cédé. De Guindos a précisé que la mesure irait dans le sens de la « stratégie recommandée par l?Union et par le FMI ». Il s?agira de « modifier la structure fiscale » en 2013 articulée autour d?une hausse des impôts sur la consommation et d?un allègement de l?imposition sur le travail.
Huit milliards d'euros
Ce nouveau modèle fiscal doit apporter huit milliards d?euros aux arcanes de l?Etat. Le risque, c'est pourtant qu?il pénalise la consommation dont la faiblesse est déjà en partie responsable de la baisse de 0,4% du PIB au premier trimestre. Mais Luis De Guindos a estimé que le risque récessif d?une hausse des impôts indirects serait écarté en 2013 grâce à la reprise économique. Le plan de stabilité 2013-2015 approuvé vendredi en Conseil des ministres prévoit en effet une croissance de 0,2% l'an prochain et un déficit public ramené à 1,1% du PIB en 2015. Ce plan ne prévoit cependant pas d?amélioration du taux de chômage avant 2014. D?ici là, la pénurie d?emplois continuera donc à affecter la consommation. Le taux de chômage a, du reste, atteint 24,44% de la population active au premier trimestre.
La dégradation éclipsée
Les nouveaux chiffres catastrophiques du chômage connus vendredi matin ont quelque peu éclipsé l?annonce la veille au soir de la baisse de deux degrés de la note de l?Espagne par Standard & Poor. Pourtant, la situation est grave, la dette espagnole, désormais à BBB+, se retrouvant en effet à trois échelons de l?obligation de pacotille. Le Secrétaire d?Etat à l?Economie a réagi en accusant l?agence américaine de ne pas prendre en compte toutes les réformes mises en place par le Gouvernement.
La dégradation n?a quoiqu?il en soit pas fait la une de la presse, peut-être à cause de l?heure tardive à laquelle elle a été rendue publique jeudi soir. L?Ibex 35 a quant à lui commencé la journée dans le rouge pour remonter ensuite d?1,69% à la fermeture. Parallèlement la prime de risque sur la dette espagnole a connu une évolution similaire, passant de 430 points en début de journée à 420 après les mesures fiscales annoncées par le gouvernement.
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