Compétitivité allemande : ne pas payer les heures supplémentaires, ça aide !

Une étude relève l'ampleur des heures supplémentaires non payées en Allemagne: 38,1 heures par salarié et par an. La tendance progresse, quand celle des heures supplémentaires payées est à la baisse.
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Selon une étude de l'institut économique IWH de Halle, en ex-RDA, 1,4 milliard d'heures supplémentaires n'ont pas été payées outre-Rhin en 2010, ce qui représente 2,9% de l'ensemble du volume d'heures travaillées en Allemagne. Chaque salarié allemand travaillerait ainsi 38,1 heures par an gratuitement. L'institut entend par heures supplémentaires non payées un temps de travail qui dépasse l'horaire prévu dans le contrat de travail ou l'accord de branche et qui n'est pas compensé par une rémunération ou un congé.

Plus que le nombre d'heures travaillées dans les machines outils

Le volume des heures supplémentaires non payé est, selon l'IWH, supérieur à celui des heures supplémentaires payées estimé, selon l'institut à 1,3 milliard d'heures. L'IWH estime que la part des heures supplémentaires non payées dans le volume total de travail est équivalente à celle des heures travaillées dans le secteur des machines-outils, un des fers de lance de l'économie allemande.

Les heures supplémentaires: de moins en moins payées, de plus en plus gratuites

L'IWH souligne que la part des heures supplémentaires non payées dans le volume complet de travail en Allemagne est en hausse constante depuis la réunification. En 1991, elles ne représentaient que 2,1% du volume total. Parallèlement, les heures supplémentaires payées qui représentaient 3,7% du volume de travail allemand en 1991 sont passées à 2,7% en 2010. Pour la première fois depuis la réunification, les heures supplémentaires «gratuites» pèsent donc plus lourd outre-Rhin que celles qui sont compensées.

Inégalités

Tout le monde n'est pas également traité face à ce phénomène. Il est trois fois moins répandu dans l'industrie que dans les services, plus fréquents chez les salariés sans qualification et chez ceux avec une forte qualification. Enfin, les hommes sont plus deux fois plus concernés que les femmes.

Distorsions du calcul de la compétitivité

Pour finir, l'IWH insiste sur les conséquences macroéconomiques de ce phénomène peu connu et généralement pas pris en compte par les économistes. Or, insiste l'auteur de cette étude: le refus de prendre en compte ce phénomène peut entraîner des «distorsions» dans les analyses «particulièrement en ce qui concerne l'analyse de la productivité du travail et des charges salariales dans la production». En effet, le recours à ces méthodes permet de faire baisser mécaniquement pour l'employeur le coût du travail et d'améliorer sa compétitivité coût sans que des différences notables apparaissent dans les statistiques. En caricaturant, on pourrait presque affirmer qu'une des clés du modèle allemand, c'est de ne pas payer les heures supplémentaires!
 

Commentaires 11
à écrit le 27/10/2012 à 19:18
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Un technicien dépanne un client, le pb est important le technicien consciencieux finit à 2 heures du mat après avoir passé 14 heures chez le client. Le lendemain à 8 heures il fait son rapport et demande de poser une demi journée pour compenser les h...

à écrit le 27/10/2012 à 6:02
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La disparité des compétitivités à l'intérieur de l'Union Monétaire est surtout due à des facteurs naturels et immuables (taille du marché intérieur, position géographique, topographie, climat, ressources et richesse naturelles (matières premières), t...

à écrit le 25/10/2012 à 15:17
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article récent sur les badjobs, pas de salaires minimum... non respect es contrats de travail....bref....... elle fait la moral à l'europe, mais quand on gratte......

à écrit le 25/10/2012 à 14:57
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D'accord avec la plupart des commentaires : la même étude mériterait d'être faite en France afin de comparer ce qui est comparable. Par contre, on peut penser que jusqu'à la révision du "paquet fiscal" (loi TEPA) refiscalisant les heures sup, il étai...

à écrit le 25/10/2012 à 14:27
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L' Allemagne n'est pas la seule. En France, des salariés privés ne connaissent pas les 35h et dans certaines entreprises les heures légales sont dépassées et non rémunérées.

à écrit le 25/10/2012 à 14:07
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Quels sont les salariés qui comptent leurs heures ? Que vaut-il mieux, avoir un travail sans paiement d'heures supplémentaires ou pointer au chômage ? Personnellement, je préfère travailler.

à écrit le 25/10/2012 à 14:02
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Cet article ne sert a rien, en France c'est pire a entendre certains...chez nous de nombreuses heures de travail ne sont pas non plus indemnisees.Ne pas parler SVP des tricolores allemands de facon si nefaste.

à écrit le 25/10/2012 à 12:09
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Et le bénévolat en France qui se substitue souvent aux carences de l'état il rapporte combien?

à écrit le 25/10/2012 à 11:51
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Le biais statistique est connu : le nombre d'heures de travail réalisées rapporté au nombre d'heures de travail payées. Il y a les heures supplémentaires non payées mais aussi les pauses café et repas qui s'éternisent, les bavardages de couloir etc.

à écrit le 25/10/2012 à 11:38
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A quoi servent ces articles? Il s'agit là de 45 mn par semaine de travail! Si l'on ne veut pas donner 45 mn de son temps pour améliorer ou aider son entreprise, on ne mérite même pas un travail.....Que font les indépendants, les paysans et autres! St...

à écrit le 25/10/2012 à 11:38
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Les heures gratuites ça concerne tout autant la France. Combien de salariers font du bénévolat pour garder leur boulot, ou tout simplement être a jour du travail demandé?

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