Face à la guerre des monnaies, la BCE ne change rien

Le taux de change de l'euro ne fait pas partie des objectifs de politique monétaire de la Banque centrale européenne, qui prendra néanmoins en compte un risque baissier sur l'inflation, a déclaré lundi le président de la BCE Mario Draghi.
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"Le taux de change ne fait pas partie des objectifs de politique (monétaire) mais est important pour la stabilité des prix", a concédé le président de la Banque centrale européenne Mario Draghi lundi, ajoutant que l'euro fort fait peser un "risque baissier " sur l'inflation dans la zone euro. "L'inflation devrait baisser sous les 2% à court terme", a-t-il dit, tout en précisant que la politique monétaire de la BCE était déjà accommodante.

La stabilité des prix comme seul maître étalon

En touchant un plus haut de 15 mois face au dollar au début du mois de février, l'euro fort a compliqué la tâche de la BCE en pesant sur la croissance et en alimentant les spéculations selon lesquelles la banque centrale serait obligée de prendre de nouvelles mesures de soutien à l'économie, même si ses membres y sont opposés. "Nous devrons analyser dans nos prochaines projections si le taux de change a eu un impact sur notre profil inflationniste, car c'est toujours à travers la stabilité des prix que nous traitons de questions comme celle-là", a simplement répondu Mario Draghi.

La BCE seule au monde...

Fidèle à ses statuts, la BCE maintient ses positions inchangées, alors que la plupart des banques centrales des pays développés, à l'image de la Bank of Japan (BoJ), ou de la Federal Reserve américaine (Fed) se sont lancées dans de vastes programmes "d'assouplissement quantitatif". La Bank of England (BoE) a elle aussi annoncé il y a quinze jours qu'elle se tenaît prête à mettre en place des mesures de soutien de la croissance. Et les investisseurs s'attendent déjà à une baisse de la valeur de la livre sterling

Une situation qui avait poussé le président de la République François Hollande a réclamer une concertation internationale au G20 de la semaine dernière, afin de limiter les effets néfastes des changes flottants. Le sujet s'est bel et bien retrouvé sur la table lors de la réunion des vingt plus grandes économies mondiales qui se sont entendues samedi pour ne pas se lancer dans une guerre des monnaies.

Mais aucune critique n'a été émise à l'égard du Japon. L'archipel nippon était en effet accusé par ses détracteurs d'avoir lancé la première offensive en causant la baisse de 20% de sa monnaie par rapport au dollar en l'espace de quelques mois via le programme de création monétaire lancé par sa banque centrale et les déclarations de son nouveau premier ministre. Shinzo Abe qui estime que le yen est surévalué, a mis à mal l'indépendance de la banque centrale nippone afin qu'elle accepte un objectif d'inflation à 2%.

... compte bien le rester

"La plupart des mouvements que nous avons vus sur les taux de change n'étaient pas ciblés explicitement, ils résultaient de politiques macroéconomiques nationales destinées à renforcer l'économie", a-t-il expliqué. "Le taux de change doit refléter les fondamentaux", a réaffirmé Mario Draghi, estimant que le taux de change de l'euro était "autour des moyennes à long terme". Le président de la BCE a jugé que le communiqué du G20 n'était "pas décevant", et que toute référence à une guerre des monnaies serait "excessive". Et, loin d'une volonté de défendre l'euro face aux autres monnaies, Mario Draghi est allé jusqu'à sous-entendre que la banque centrale pourrait revoir son principal taux directeur à la hausse : "la BCE est consciente des défis que soulève une longue période d'une politique de taux bas et d'une abondance de liquidités" a-t-il prévenu, craignant que l'abondance des liquidités et les taux très faibles n'incitent les banques à l'imprudence.

Commentaires 11
à écrit le 19/02/2013 à 10:43
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je ne lis qu un attentisme dans la presse "guerre des monnaies" comme si c était les autres qui gèrent notre sort. Taxez les produits des pays qui impriment trop de billets pour affaiblir leur monnaie et veulent exporter par cette méthode etc. les gu...

le 20/02/2013 à 5:14
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Mais alors que faites vous des produits allemands, qui, parce-que l'Euro est sous-évalué pour l'industrie allemande, noient les autres économies. On peut avoir une monnaie sous-évaluée par d'autres moyens que la planche à billet. Le vrai problème ce ...

à écrit le 19/02/2013 à 9:59
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Draghi... l'homme inutile et surtout au service d'un autre intérêt...

le 19/02/2013 à 18:22
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c'estun bon banquier qui a a limité la speculation sur le dette, mais si je suis d'accord avec vous je ne pense pas au contraire de Merkel qu'il est au service d'autres intérêts, son problème c'est que c est un banquier et qu'il est formaté.

à écrit le 19/02/2013 à 9:00
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C'est une erreur d'adapter son économie a sa monnaie comme nous le faisons dans la zone euro, c'est du dogmatisme. La souplesse des monnaies nationales étaient; de pouvoir adapter sa monnaie à son économie de manière pragmatique!

le 20/02/2013 à 5:04
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Il faudra bien revenir un jour à une sorte de protectionnisme pour compenser les différences fondamentales entre pays. Un protectionnisme qui pénaliserait les importations et encouragerait la production locale. Une TVA différentielle me semble être l...

à écrit le 19/02/2013 à 7:56
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Il faudra revenir à une sorte de protectionnisme pour compenser les différences fondamentales entre pays, un protectionnisme qui pénalise les importations et encourage la production locale. Une TVA différentielle me semble être la solution la plus ra...

le 19/02/2013 à 8:23
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Tout à fait d'accord avec vous, le problème de l'euro fort sera résolu à l'instant ou les pays européens auront fini d'achever leur mouvement de reclassement de la qualité de leur produit, la BCE est bien la seule a avoir de l'ambition pour notre éco...

le 19/02/2013 à 18:16
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effectivement uneTVA differentiel semble etre une solution pour favoriser les ventes en interne de Euro et reduire les exportations, cependant il y a plusieurs problèmes: que faite vous de la facture energie, les autres continent feront la même chose...

à écrit le 18/02/2013 à 22:37
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Rien de nouveau dans les déclarations de Draghi, de l'esbroufe technocratique, mais pire encore Draghi se défausse des politiques monétaires laxistes, taux bas et des bulles qu'elles provoquent. L'air de dire c'est pas moi c'est les amerlocs, alors i...

le 19/02/2013 à 9:59
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De deux choses l'une ou bien l'euro perdure, et les pays de l'UEM deviennent soit des paradis fiscaux (type Belgique, Lux, Irlande, Autriche...) soit les pays de l'UE acceptent de devenir des assistés (Grèce, Portugal, Espagne) soit des sous traitant...

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