Comment Dublin a récupéré 2 milliards d'euros d'une des banques qu'il a sauvées

Le gouvernement irlandais va toucher 2 milliards d'euros de la Bank of Ireland. Une bonne nouvelle, mais une goutte d'eau dans la dette du pays qui dépasse les 190 milliards d'euros.
La dette de l'Irlande s'élève encore à 191 milliards d'euros (environ 117 % du PIB).

A dix jours de sa sortie officielle de l'Irlande du « plan de sauvetage » du FMI et du MES, le gouvernement de Dublin peut avoir le sourire. Il devrait bénéficier d'une rentrée de 2 milliards d'euros dans ses caisses suite à un remboursement d'une partie de l'aide avancée en 2010 à la Bank of Ireland (BoI).

Cette banque est, avec Allied Irish Banks, une des rescapées de la crise financière qui a frappé le pays voici trois ans. Elle avait été renflouée par l'État - grâce au plan de sauvetage - à hauteur de 4,8 milliards d'euros.

Comment BoI va rembourser l'Etat ?

Ce remboursement se fera sous deux formes. La première est une augmentation de capital classique de BoI de 580 millions d'euros réalisée mercredi. La seconde est l'émission, via un véhicule ad hoc issu de la BoI, appelé Baggot Securities, de nouvelles actions préférentielles pour un montant de 1,3 milliard d'euros. Cette dernière opération vise précisément à rembourser les actions préférentielles détenues actuellement par l'État.

Ces actions préférentielles garantissaient le paiement d'un dividende - ce qui n'est pas le cas des actions ordinaires - et assurait la présence d'un représentant du gouvernement au conseil d'administration. Mais surtout, elles devaient être remboursées avant le 31 mars 2014 au prix d'un euro pièce (alors que l'action ordinaire coûte aujourd'hui environ 26 centimes), sous peine de devoir le rembourser ensuite avec un coût supplémentaire de 40 %.

Goldman Sachs à la manœuvre

En réalité, cette somme est donc moins un remboursement pur et simple qu'un transfert de dette vers le secteur privé. Une grande partie des contributeurs devrait, du reste, être les actionnaires actuels de BoI. La banque a prévenu qu'elle ne voulait pas rembourser ces nouvelles actions préférentielles avant 2016, mais les titres seront cotés à la Bourse de Luxembourg. Reste que cette opération - montée par Goldman Sachs qui, au passage, selon l'Irish Independent, devrait glaner 43 millions d'euros - semble prouver que les investisseurs retrouvent clairement la confiance dans le potentiel du secteur financier irlandais.

Une opération qui tombe à pic pour le gouvernement

Pour l'Etat, qui restera par ailleurs actionnaire à 14 % de BoI (contre 15 % aujourd'hui), l'opération tombe à point nommé et ce n'est certainement pas un hasard. « Cette opération va renforcer la confiance dans la reprise en Irlande et va renforcer le retour de l'Irlande vers un refinancement normal sur le marché », a indiqué le ministre des Finances, Michael Noonan.

1,9 milliard d'euros de bénéfice en tout

En tout, avec les 151 millions d'euros que Dublin touchera au titre des dividendes, le montant versé par BoI va atteindre 2 milliards d'euros. Selon la banque, l'aide de 4,8 milliards d'euros sera remboursée à hauteur de 5,9 milliards d'euros. L'Etat aurait donc fait une bonne affaire (mais il a dû lourdement s'endetter et a subi quelques pertes par ailleurs pour aider le secteur bancaire).

Des bénéfices pour la BoI en 2014 ?

Michael Noonan espère que BoI et Allied Irish pourront faire des bénéfices dès l'an prochain et verser ainsi des dividendes ordinaires à ses actionnaires, dont l'État. Mais la messe n'est pas dite sur ce point : le système financier reste fragile. La banque centrale irlandaise a ainsi demandé à BoI de couvrir ses créances douteuses à hauteur de 1,1 milliard d'euros, chiffre qui est contesté par la direction de la banque. Avec l'arrivée du stress test de la BCE, néanmoins, la banque pourrait ne pas avoir le choix.

Minime réduction de la dette

Que va faire Dublin de ces 2 milliards d'euros ? Le quotidien Irish Independent indique que l'Etat n'a pas encore décidé de son utilisation. Mais si Dublin les utilise pour rembourser sa dette, ceci constituera une goutte d'eau dans les 191 milliards d'euros de dettes du pays (environ 117 % du PIB).

 

Commentaires 2
à écrit le 07/12/2013 à 10:28
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BONJOUR ON VA VOIR

à écrit le 06/12/2013 à 8:01
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Que du tripatouillage de comptes qui permet à GS de gagner du vrai argent avec des faux benefices...et payer Sarko accessoirement....

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