Jean-Claude Juncker, le président élu de la Commission européenne, serait plus « compréhensif » vis-à-vis d'une demande d'adhésion de l'Ecosse que son prédécesseur, le Portugais José Manuel Barroso. C'est du moins ce que prétend la version dominicale du quotidien écossais The Scotsman, Scotland on Sunday, citant une source « majeure » de Bruxelles.
Le « oui » à l'indépendance encore loin derrière
Cinq millions d'Ecossais seront appelés le 18 septembre prochain à se prononcer sur l'indépendance de leur région. Pour le moment, le « non » est encore largement en tête. Selon un sondage TNS paru le 9 juillet, il dispose de neuf points d'avance (41 % contre 32 % pour le « oui »), mais c'est le plus court écart depuis le mois de décembre, et la part des indécis est encore très forte.
Menaces de Bruxelles
Jusqu'ici, Bruxelles s'était plutôt montrée menaçante vis-à-vis du « oui. » José Manuel Barroso avait même estimé que les chances d'adhésion de l'Ecosse seraient « pratiquement nulles. » Dans l'UE, plusieurs pays craignent que la sécession écossaise ne fasse jurisprudence alors que, eux-mêmes, sont confrontés à des mouvements régionalistes forts. C'est particulièrement le cas de l'Espagne qui tente d'empêcher la tenue en novembre d'un référendum jugé illégal en Catalogne.
« Cas séparé et spécial »
Selon Scotland on Sunday, « une Ecosse indépendante serait traitée comme un « cas séparé et spécial » parmi les nations qui veulent rejoindre l'UE car elle satisfait déjà les « règles fondamentales » de l'Union. Contrairement à ce que prétendaient donc les partisans du « non », l'Ecosse ne devra pas attendre 2019 pour rejoindre l'UE. Jean-Claude Juncker avait indiqué la semaine dernière qu'il n'y aurait pas de nouvel élargissement durant les 5 prochaines années. Mais une porte-parole avait affirmé que l'Ecosse n'était pas concernée. « Juncker ne veut pas laisser l'Ecosse en dehors de l'UE », affirme la source qui poursuit : « Il serait compréhensif, lui-même venant d'un petit pays et comprenant les obstacles que les grands pays mettent devant les petits. »
Madrid aura un rôle clé
Reste que Jean-Claude Juncker ne peut pas tout. Il devra compter avec un Conseil européen divisé sur la question et, surtout, sur un cas juridique épineux puisque aucune région membre de l'UE n'a encore fait sécession. Les traités ne prennent pas en compte cet événement. L'Ecosse devra alors sans doute suivre la procédure normale et donc obtenir le soutien du Conseil, donc de Madrid qui aura de son côté le souci de prouver aux Catalans que l'indépendance est une impasse. Le Luxembourgeois aura fort à faire pour soutenir Edimbourg.