Sport : "Nous aidons les clubs émergents"

Le sport et la culture ne relève pas des compétences obligatoires des régions. Jean-Paul Huchon explique aux lecteurs qui l'interrogent sur ce sujet ce qu'il a entrepris en la matière depuis qu'il est aux commandes en Ile-de-France

La Tribune : Vous parliez des aides, des subventions. Une question a été posée par un internaute sur le sport, notamment sur le fait qu'il n'existe pas de grande équipe sportive en Ile-de-France...

Jean-Paul Huchon : On a battu Vesoul !

Valéry Brancaleoni. Des villes comme Rome, Londres, Madrid, tant en football qu'en basket, participent aux grandes compétitions européennes...

J-P.H. Mais ce sont des clubs privés ! Cela repose sur le sociétariat, il n'y a pas du tout d'aide de la Mairie. Il faut le comprendre. On fonctionne sur un tout autre système, qu'on appelle SOS, société organisation sportive. Ce sont des sociétés qui peuvent faire appel au financement public, mais dans des proportions extrêmement limitées. Ainsi, quand nous soutenions le Paris-Saint-Germain, nous ne pouvions pas le faire à plus de 500.000 ou 1 million d'euros.

Valéry Brancaleoni. N'y a-t-il pas un effort à faire en terme de formation justement pour essayer de garder les nombreux talents des jeunes franciliens ?

J-P.H. Nous essayons de soutenir le mouvement sportif : nous avons 70 conventions, avec des aides financières importantes à l'appui, pour la formation des éducateurs, pour la construction des centres d'entraînement, pour la diffusion du matériel, par exemple pour les paralympiques,... Pour le reste, nous finançons surtout des équipements sportifs. Nous avons lancé un plan piscines avec aujourd'hui une quinzaine de nouvelles piscines financées par le biais de ce plan et nous allons continuer à le faire. Nous proposons à présent de financer pour la plupart des communes des pelouses synthétiques rugby-football, qui sont durables.
Cela dit, hier soir, en recevant le mouvement sportif, je faisais justement valoir que notre difficulté réside dans le fait de garder les meilleurs sportifs pour que l'Ile-de-France puisse ensuite former des clubs de qualité. Aujourd'hui, nous aidons ce que nous appelons les « clubs émergents ». Nous avons ainsi donné 100.000 euros au Paris FC pour qu'il devienne le club de l'Est de l'Ile-de-France. Cela fait deux ou trois ans que nous l'aidons, nous espérons qu'un jour il va monter dans la division supérieure. Mais nous le faisons sous forme de « club émergent » et l'aide est surtout donnée pour la formation des jeunes et le transport des jeunes pour les matchs, etc. Après, comment la région pourrait-elle attacher des athlètes ou des sportifs à son territoire de manière à les garder ? Nous avons créé un dispositif, « les ambassadeurs du sport » : 90 sportifs de haut niveau qui font faire des conférences dans les lycées sur les valeurs du sport, expliquer leurs pratiques, leurs méthodes, leur entraînement, les liens existant avec la santé ; ils se déplacent, ils sont obligés de faire une vingtaine de conférences par an et la région les paie l'équivalent d'un salaire. Mais pour des footballeurs qui peuvent gagner des sommes absolument monstrueuses, je crois que nous ne pourrons pas être au rendez-vous...

Nicolas Maubert. J'ai le sentiment, peut-être un peu partagé par certains autour de cette table, qu'en matière culturelle, tout tourne autour de Paris. Pourtant, des efforts sont déployés dans les communes avoisinantes... N'y a-t-il pas des propositions à faire ?

J-P.H. Vous êtes un peu sévère parce que la politique culturelle sondages revient comme la première réussite de la région, dans toutes les études... ce qui, d'ailleurs, est tout à fait étonnant, car ce n'est pas notre compétence. Pourquoi cette perception ? Parce qu'on a été capable d'inventer des politiques extrêmement puissantes qui, en même temps, allient l'économie et la culture. Nous sommes devenus le premier financier du cinéma français. Par exemple nous avons financé une part très significative de « La Rafle ». Nous aidons 70 ?uvres long métrage par an et 50 à 60 ?uvres audiovisuelles, dont des feuilletons... Cela nous a fait regagner 10.000 emplois dans des métiers pointus dans lesquels on trouve essentiellement des jeunes. Aujourd'hui, il y a plus d'argent dans les jeux vidéo que dans l'automobile ou dans l'aéronautique.
Sur le théâtre, nous aidons 360 troupes à s'installer, à travailler, à s'ouvrir à de nouveaux publics -notamment les enfants, les personnes âgées, etc. Nous leur faisons une convention en échange de prestations. Avec cela, nous avons créé de l'emploi durable et non pas de l'emploi intermittent.
Quant au livre, l'Ile-de-France ne comptabilisait plus que 300 libraires et beaucoup de petits éditeurs essayaient de démarrer et n'y parvenaient pas. Des auteurs n'arrivaient pas à écrire parce qu'ils n'en vivaient pas. Nous avons donc fait une politique d'aide aux auteurs, aux éditeurs, aux libraires.

 

Commentaire 1
à écrit le 22/02/2010 à 16:22
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Les travaux à Jean-Bouin coutent une fortune et ils empêchent les jeunes de se servir des instalations sportives au bénéfice des pro. L'IDF n'a plus de sportifs de haut niveau depuis 10 ans...

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