Les écologistes unis... sans Dany

Initiateur du rassemblement d'Europe Ecologie et des Verts, le député européen Daniel Cohn-Bendit s'est senti écarté du mouvement, qu'il a quitté prématurément samedi avant la clôture officielle des travaux.

Le mouvement écologiste a fait un grand pas vers son unité en vue de l'élection présidentielle, au terme de ses Journées d'été à Nantes, mais beaucoup de questions restent en suspens sur le contenu du projet pour 2012.

Initiateur du rassemblement d'Europe Ecologie et des Verts, le député européen Daniel Cohn-Bendit s'est toutefois senti écarté du mouvement, qu'il a quitté prématurément samedi avant la clôture officielle des travaux.

"Dany avait peut-être une vision plus exigeante que le résultat obtenu", a commenté Eva Joly, dont la candidature écologiste à l'élection présidentielle fait pratiquement consensus parmi les militants.

"Mais ce n'est pas fini, nous sommes porteurs d'une dynamique. Il m'a promis solennellement qu'il serait toujours à mes côtés", a ajouté l'ancienne juge d'instruction de l'affaire Elf et actuelle députée européenne.

Des militants ont estimé que Daniel Cohn-Bendit s'était senti écarté par l'alliance passée entre Eva Joly, qui mènerait le combat présidentiel, et Cécile Duflot, l'actuelle dirigeante des Verts qui s'occuperait du futur rassemblement.

"Il sent aussi que le débat qu'il veut mener sur une alliance avec le centre ne prendra pas", a déclaré au Monde, paru samedi, Dominique Voynet, ancienne ministre de l'Environnement et maire de Montreuil (Seine-Saint-Denis).

"SCHTROUMPF GROGNON"

Interrogée par Le Point.fr, Cécile Duflot a pour sa part comparé Daniel Cohn-Bendit au "Schtroumpf grognon", après leur entrevue en tête-à-tête vendredi en fin d'après-midi.

"Il y avait un climat que tout le monde avait remarqué", a expliqué la secrétaire nationale des Verts pour justifier cette entrevue.

"Dany, c'est comme le Schtroumpf grognon ! Il avait des choses à dire. Je lui ai aussi expliqué ma vision des choses. L'erreur, c'est peut-être qu'on n'avait pas pris le temps de discuter avant", a-t-elle expliqué.

Mais la plupart des cadres d'Europe Ecologie ou des Verts préféraient retenir samedi le "pas historique" fait en direction de l'unité du mouvement, avant ses assises constituantes prévues le 15 novembre à Lyon.

"Incontestablement, nous avons fait un pas historique en votant à l'unanimité le calendrier de la transformation des statuts des Verts", s'est réjouie Eva Joly. "Nous assistons, en temps réel, à la naissance du troisième mouvement politique français".

"Maintenant, il reste à savoir sur quel programme écologique nous allons travailler", a ajouté l'ancienne magistrate. "Des groupes de travail sont déjà l'oeuvre. Pour moi, cela a été aussi constructif que possible".

DU PAIN SUR LA PLANCHE

Eva Joly a annoncé qu'elle allait "mettre fin à ses engagements à l'étranger pour dégager plus de temps à l'action politique en France". "Je vais compenser mon peu d'expérience en politique, pour faire des voyages sur le terrain et m'immerger dans les problèmes très concrets des Français", a-t-elle dit.

"On a fait un pas de géant vers l'unité, en levant beaucoup d'interrogations sur la ligne politique du mouvement et l'élection présidentielle", a également déclaré Jean-Vincent Placé, n°2 des Verts, aux journalistes.

Il a mis en avant le fait qu'Eva Joly avait clarifié son positionnement politique.

"Jusque-là, il y avait chez les écologistes une vraie admiration pour la personnalité d'Eva Joly, mais aussi des interrogations sur sa ligne politique", a-t-il expliqué.

Jean-Vincent Placé a souligné que la députée européenne avait depuis "clairement dit qu'elle était en faveur du départ à la retraite à 60 ans, qui constitue un marqueur à gauche".

"On a gagné en clarté, et on sait maintenant où on va ", estime lui aussi Yves Cochet, député (Verts) de Paris.

"On a le sentiment qu'on va désormais tous ensemble, qu'il ne peut plus y avoir de retour en arrière, qu'il n'y a plus de Verts et de non-Verts", a-t-il estimé.

Mais pour l'ancien ministre de l'Environnement, les écologistes ont encore du pain sur la planche. "Reste que sur le projet, ça reste à affiner, et sur la direction du mouvement, encore plus", a-t-il dit.

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