Gucci : Rupture des négociations entre PPR et LVMH

Quinze mois après la prise de contrôle de la majorité du capital de Gucci, l'homme d'affaires François Pinault n'a pas réussi à trouver un accord avec son rival Bernard Arnault, actionnaire minoritaire embarassant, qui se dit pourtant prêt à céder ses titres. Deux jours avant la réunion jeudi à Amsterdam de l'assemblée générale de Gucci, société de droit néerlandais, le groupe PPR (Pinault Printemps Redoute) a annoncé mardi avoir rompu les négociations qu'il menait avec le numéro un mondial du luxe LVMH pour mettre fin à leur différend sur le capital de Gucci. Moët-Hennessy Louis Vuitton (LVMH), le groupe de Bernard Arnault, répliquait en demandant le lancement d'une OPA sur la totalité du capital de Gucci, qui lui permettrait de céder ses parts dans les meilleures conditions. L'affaire remonte à l'an dernier, quand les deux grands patrons français se disputaient le contrôle du maroquinier. Alors que LVMH avait commencé à grignoter le capital de Gucci en Bourse, PPR était parvenu à prendre le contrôle de 42% des actions du maroquinier grâce à une augmentation de capital que Gucci lui avait réservée. Au grand dam de Bernard Arnault, désormais incapable de se saisir du groupe, où sa participation était ramenée à 20%. Depuis, attaques verbales et poursuites judiciaires se sont multipliées. Pour les premières, les deux ennemis ont in extremis accepté en juillet 99 de renoncer aux actions en diffamation qu'ils avaient déposées l'un contre l'autre. Action en justice En revanche, LVMH a entamé une action en justice, perdue en première instance, pour contester la manière dont PPR a obtenu le contrôle de Gucci. Invoquant la législation européenne, LVMH a aussi assigné PPR en mars dernier devant le tribunal d'Amsterdam pour qu'il lance une OPA sur Gucci, ce qui lui permettrait de revendre au meilleur prix les 20% qu'il détient dans le maroquinier, plutôt que de rester simple "partenaire dormant". Parallèlement, les deux hommes tentaient de trouver une issue. Ce sont ces essais de conciliation qui ont échoué mardi. "Depuis plusieurs semaines, des discussions ont lieu entre les groupes PPR et LVMH en vue de trouver d'éventuelles solutions aux différends qui les opposent", a rappelé le groupe de François Pinault qui a annoncé "l'impossibilité de parvenir à un texte commun, notamment du fait de demandes nouvelles de LVMH (qui) ont contraint PPR à mettre fin à ces discussions". LVMH répliquait en réclamant à nouveau à son rival le lancement d'une OPA sur Gucci, se disant "disposé à apporter ses actions Gucci à une telle offre". Le groupe de Bernard Arnault a attribué l'échec des discussions à "un désaccord entre Gucci et PPR", qui ne sont "pas parvenus à se mettre d'accord sur les termes de l'OPA". En clair: le prix auquel lancer l'offre. "Les relations avec PPR sont excellentes", assurait pourtant à Milan un porte-parole de Gucci. Mais, selon des sources proches du dossier à Milan et à Paris, c'est bien le patron de Gucci, Domenico De Sole, qui aurait fait capoter l'accord. PPR aurait accepté de lancer une OPA sur Gucci à 100 dollars l'action, un prix pour lequel LVMH était prêt à apporter ses titres puisque cela lui aurait permis de dégager une plus value de quelque 30%. Mais Domenico De Sole aurait jugé le prix insuffisant, au nom de la défense des petits actionnaires, notamment ceux ayant acheté leurs titres plus tard et donc plus cher. Les administrateurs de Gucci ont alors refusé de recommander l'offre.
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