La BCE relève ses taux d'un quart de point

La Banque centrale européenne (BCE) a déjoué tous les pronostics. L'institut monétaire européen a décidé jeudi de relever à 3,25% son principal taux directeur, le taux de refinancement, contre 3% auparavant, prenant par surprise une majorité d'économistes. Seul un petit nombre d'entre eux avaient en effet parié sur un tel geste, tandis que la majorité misait sur un statu quo monétaire. Sur le marché des changes, les opérateurs ont réagi immédiatement à cette décision. A 14h00, l'euro valait 0,9734 dollar, se reprenant légèrement alors qu'il avait glissé juste après l'annonce de la BCE jusqu'à 0,9701 dollar. Juste avant l'annonce, il s'était raffermi et valait 0,9753 dollar contre 0,9730 en début de journée. A la Bourse de Paris, le CAC 40 continuait sur sa lancée, dépassant toujours les 6.000 points en début d'après-midi, en hausse de plus de 2%. La hausse de taux était toutefois dans l'air : les perspectives favorables de croissance, estimée à près de 3% en 2000 dans la zone euro, la montée des prix nourrie par le niveau élevé des cours du pétrole et la faiblesse de l'euro, conjuguées à une forte croissance de la masse monétaire constituaient des raisons de poids à un tour de vis monétaire. Cette décision doit permettre de s'assurer que les risques d'inflation restent sous contrôle, a déclaré jeudi le président de la BCE Wim Duisenberg lors d'une conférence de presse. Lundi, M. Duisenberg avait pour la première fois mis en garde contre les effets de la glissade de l'euro sur la stabilité des prix, dont la BCE est la garante. La chute de la devise européenne est susceptible de poser des "problèmes pour les objectifs d'inflation de la zone euro", si elle se poursuit, avait-il averti. Les négociations salariales en cours en Allemagne, plus grosse économie de la zone euro, étaient aussi un autre argument avancé pour un resserrement rapide de la vanne du crédit. Les banquiers centraux avaient maintes fois appelé les partenaires sociaux à conclure des hausses de salaires modérées, faute de quoi ils avaient dit craindre une pression à la hausse durable sur les prix à la consommation dans la zone euro. La faiblesse persistante de l'euro couplée à un vif renchérissement du pétrole ont provoqué une augmentation plus forte que prévu des prix de part et d'autre du Rhin, en fin d'année. Le cycle de désinflation sur le Vieux continent semble donc achevé. De nombreux économistes attendent d'ailleurs un pic en milieu d'année. La BCE n'aura donc pas attendu aussi longtemps. Les "sages" ont préféré prévenir que guérir.
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