Des actionnaires mécontents à l’assaut de Computer Associates

Cet entrepreneur informatique vient de lancer une bataille de procurations via la société Ranger Governance Ltd, pour remplacer le conseil et la direction de Computer Associates, avant de scinder l'entreprise en quatre entités qui seraient cotées en Bourse : gestion de la sécurité, gestion du stockage, gestion du savoir, administration de systèmes.Jusqu'à présent, Sam Wyly n'avait sans doute eu qu'à se féliciter de la générosité et de la stratégie de croissance externe de Computer Associates puisque celle-ci lui avait acheté sa première entreprise, University Computing, dans les années 80 pour 840 millions de dollars, puis Sterling Software, en mars 2000, pour 3,9 milliards de dollars...Mais aujourd'hui, l'entrepreneur a accumulé les griefs à l'encontre du management, à qui il reproche notamment une baisse de la satisfaction des clients. Selon une étude réalisée par le cabinet Penn, Schoen & Berland, 41% des clients de l'entreprise ne sont pas satisfaits, tandis que 6% seulement sont très satisfaits. Sam Wyly souligne aussi que le moral des employés n'est pas au beau fixe et reproche à l'entreprise la manière peu fair play utilisée pour licencier certains d'entre eux. Il remarque également que le cours de Bourse de Computer Associates a été moins performant que l'ensemble du marché puisque sa rentabilité globale sur 5 ans est négative de 11%. Dans certains segments de marché comme la sécurité et le stockage, le rythme de croissance de Computer Associates est inférieur à celui de ses concurrents. Enfin, Sam Wyly reproche à Computer Associates d'utiliser une méthode comptable douteuse, accusation reprise récemment par le New York Times.Pour gagner sa bataille, Sam Wyly doit remporter 51% des votes lors de l'assemblée générale du 29 août. Il faut aussi que 51% des actionnaires assistent à l'assemblée. Actuellement, il ne possède que 1,5 million de titres sur un total de 577 millions. De son côté, la direction de Computer Associates contrôle 7%, le fondateur Charles Wang possédant 32 millions de titres et Sanjav Kumar, le patron, 5,7 millions. Le principal actionnaire demeure Walter Haefner, qui contrôle 21% du capital. Une position récupérée lors de la vente de University Computing, la première société de Sam Wyly, dont il était actionnaire. Pour l'heure, Walter Haefner serait satisfait du management de Computer Associates mais sa position peut changer. Sam Wyly va essayer de le convaincre. Les actionnaires autorisés à voter le 29 août seront comptabilisés le 5 juillet.Comment en est-on arrivé là ? Au cours des dernières années, la direction de Computer Associates a commis plusieurs bavures qui ont exaspéré ses actionnaires. Le 4 juillet 2000, jour de la fête nationale américaine, l'entreprise a lancé un avertissement sur ses résultats. Lors de la reprise des cotations, son cours s'est effondré de plus de 40% et ne s'en est toujours pas remis. Deux ans plus tôt, un groupe d'actionnaires avaient porté plainte contre ses cadre dirigeants qui venaient d'empocher une plus-value sur stock options de plus de 500 millions de dollars. Depuis, ils en ont remboursé la moitié.La proposition de Sam Wyly a le mérite de provoquer une ré-évaluation du titre, même si les mauvaises langues font remarquer que sa performance à la tête de Sterling Software fut loin d'être exceptionnelle. Pour l'heure, la banque d'affaires SG Cowen a recommandé l'achat de l'action avec un objectif de cours de 45 dollars. Cependant, il n'est pas sûr qu'une scission permette de mieux valoriser le patrimoine des actionnaires. Comme le fait remarquer la banque d'affaires Dain Rauscher Wessel, être un " pure play ", une entreprise spécifique pour un segment de marché, ne garantit pas l'obtention d'une meilleure valorisation. Si Veritas dans la gestion du stockage, et Check Point Software Technologies dans la sécurité affichent de fortes valorisations, d'autres entreprises directement concurrentes de Computer Associates et de taille comparable à ses filiales spécifiques se négocient à des niveaux légèrement supérieurs. BMC Software dans l'administration de système vaut 4,8 fois son chiffre d'affaires estimé pour l'exercice en cours, à comparer à 3,8 fois pour Computer Associates. Dain Rauscher Wessel donne aussi l'exemple de Borland Software et Verity dans la gestion du savoir, qui affichent des valorisations de respectivement 4,2 et 4 fois le chiffre d'affaires estimé pour 2001. La banque souligne que Network Associates, dans la sécurité, se négocie 2,1 fois le chiffre d'affaires, c'est à dire moins que Computer Associates. Le pari de Sam Wily n'est pas gagné d'avance.
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