"Il faut jouer la fin de la dégradation des notes des entreprises"

"La Tribune" - L'accélération de la baisse des taux de la Fed modifie-t-elle votre scénario pour les taux en Europe ?Guillaume Bucaille - Les prévisions ont surtout été prises à contre-pied par la baisse surprise de 25 points de base de la semaine dernière en Europe. Une baisse aussi faible a toutefois un impact minime. Globalement notre scénario, qui repose sur une courbe en « U » avec une base assez aplatie de la croissance américaine, nous amène à prévoir des taux américains et européens dans la zone des 3,75 à 4 %, ce qui est un peu plus ambitieux que le consensus. La morosité de la conjoncture plaide pour une réduction des écarts de taux entre les échéances courtes et longues. Ainsi, les rendements à dix ans des obligations d'Etat devraient revenir à 4,80 %, ce qui les rend assez attractifs face aux actions.Comment évoluent les obligations émises par les entreprises ?Depuis le début 2001, le montant des obligations, émises par des entreprises dont la note est non spéculative, atteint 135 milliards d'euros, en hausse de 81 %. Cela n'a pas conduit à un élargissement du surcroît de rémunération face aux emprunts d'Etat (spread), car le niveau historiquement élevé de ces spreads est celui en vigueur sur les hauts rendements il y a trois ans. Le risque de défaut est déjà largement compensé. Ceux-ci ont accepté ces concessions au marché parce qu'ils étaient le dos au mur incapables de recourir à des émissions d'actions. On ne reverra plus ces concessions... Les notes moyennes des entreprises vont-elles continuer à se dégrader ?Depuis que les entreprises ont perçu le ralentissement économique, elles privilégient leur bilan avec un meilleur contrôle de leur marge opérationnelle et une rationalisation des investissements. On assiste aussi à une réduction des rachats d'actions et à la mise en veilleuse des fusions et acquisitions. Et comme l'a montré British Telecom, on rééquilibre le bilan au plus grand bénéfice des porteurs obligataires, en rupture avec la logique de création de valeur qui bénéficiait jusqu'ici aux seuls actionnaires. La conséquence se fera sentir en 2002 avec l'arrêt de la dégradation des notations des entreprises.Propos recueillis par Christophe Tricaud
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