Fabius ramène à 1,4%-1,6% sa prévision de croissance 2002

Le gouvernement ne prend plus de risque : après avoir longtemps campé sur des prévisions fortement optimistes pour l'année en cours, Laurent Fabius opte désormais pour la prudence. Révisant à la baisse, comme attendu, ses prévisions de croissance pour 2002, le ministère des Finances table maintenant sur une fourchette de 1,4 à 1,6%, au lieu des 2,25 à 2,5% prévus dans le budget 2002. Cette nouvelle fourchette correspond exactement aux 1,5% de croissance envisagés en moyenne par les économistes.En même temps que ces chiffres, annoncés lors d'une réunion de la Commission économique de la Nation à Bercy, le ministère des Finances a annoncé prévoir pour 2003 une fourchette de croissance allant de 2,8% à 3,2%. En matière de déficit public, la prévision 2002 est revue en hausse, passant de 1,4% du PIB dans le budget, à une fourchette de 1,8% à 1,9%. Pour 2003, le déficit public s'établirait dans une fourchette de 1,7 à 1,8% du PIB. Soit beaucoup plus qu'initialement envisagé par le gouvernement: dans son programme pluriannuel de finances publiques transmis fin 2001 à Bruxelles, Bercy prévoyait un déficit public compris entre 1% et 1,3% du PIB pour l'an prochain. L'inflation hors tabac devrait pour sa part s'établir à 1,3% en 2002 et 2003. Avec cette annonce, Laurent Fabius prend acte de la perte de crédibilité totale des prévisions réalisées dans le cadre du budget 2002, minées au fil des mois par le ralentissement économique mondial, la chute des exportations et des investissements. Il reconnaît aussi l'effet mécanique que cette moindre croissance aura sur l'équilibre des finances publiques : les recettes baissant automatiquement quand l'activité est moins forte que prévu, le déficit public sera sensiblement plus important qu'initialement espéré. Au point de risquer de compromettre les engagements pris par la France, de revenir à l'équilibre à l'horizon 2004-2005. Ce qui n'a pas empêché le ministère de l'Economie de réaffirmer jeudi dans l'après-midi cet objectif. Toute la question est désormais de savoir à quoi ressemblera la reprise qui s'annonce. Si tous les économistes s'attendent à un redressement sensible de l'activité dans le courant de 2002, les opinions divergent quant à savoir si le mouvement se déclenchera dès le printemps ou plutôt au deuxième semestre. En tout cas, les nouvelles prévisions officielles montrent bien que l'année prochaine devrait être beaucoup plus faste que 2002, avec une croissance tournant autour des 3%.La date et la rapidité de la reprise dépendront de l'attitude des ménages et des entreprises. Les premiers ont jusqu'ici gardé le moral et maintenu leur consommation. Encore faudrait-il que la remontée du chômage ne vienne pas affecter cette sérénité. En ce qui concerne les entreprises, c'est de la reprise de leurs investissements que dépendra leur contribution à la croissance. Cette annonce a en tout cas déclenché un tir de barrage de la part de l'opposition. La présidente du RPR Michèle Alliot-Marie a ainsi estimé dans un communiqué que Laurent Fabius avait enfin reconnu "s'être lourdement trompé et avoir trompé les Français". Jean-Louis Debré, président du groupe RPR à l'Assemblée nationale, a affirmé voir là "un aveu d'échec absolu (de la part de Laurent Fabius): échec dans ses prévisions, échec dans la politique conduite par le gouvernement". Quant à François d'Aubert, vice-président exécutif de Démocratie Libérale, il a réclamé "un audit contradictoire sur la signature réelle des comptes réels de l'Etat au 1er février 2002, avec publication de ses résultats avant le 15 mars". latribune.f
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