Fin de l'embargo sur la viande britannique

C'est un point de crispation de moins dans les relations franco-britanniques. Le gouvernement français a décidé de lever l'embargo sur les importations de boeuf de Grande-Bretagne. La France, dernier pays de l'Union européenne à maintenir ces restrictions à l'encontre de la viande bovine anglaise, avait été condamnée par la Cour européenne de Justice en 2001 et le 17 juillet dernier, Bruxelles a réclamé à la Cour européenne d'imposer une astreinte journalière de 158.250 euros à la France jusqu'à ce que l'embargo soit levé. Il y a une dizaine de jours, l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) avait ouvert la voie à un règlement de ce conflit en rendant un avis favorable à le levée de cet embargo. L'Afssa avait justifié sa position en indiquant que "la possibilité d'importer des viandes bovines ne serait pas de nature à remettre en cause le niveau de sécurité actuellement garanti au consommateur en France" (lire article ci-contre).Après un délai de réflexion utilisé pour consulter les représentants des consommateurs et des filières concernées, les pouvoirs publics ont décidé de suivre les conclusions de l'Afssa. Parallèlement à cette décision, le gouvernement a décidé de demander à Bruxelles une harmonisation au niveau européen des tests "sur les animaux âgés de plus de 24 mois et destinés à la consommation". A l'heure actuelle, seules la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne pratiquent les tests à partir de 24 mois, alors que les autres pays ne font ces tests qu'à partir de 30 mois. La Grande-Bretagne, elle, ne fait aucun test, tous les animaux entrant dans sa chaîne alimentaire ayant moins de 30 mois. La demande de Paris s'appuie sur le fait que, selon les connaissances scientifiques actuelles, les animaux âgés de moins de deux ans ne sont pas susceptibles d'être atteints par l'ESB (encéphalopathie spongiforme bovine).Les analyses divergent quant aux conséquences de cette levée de l'embargo sur la filière bovine française. Economiquement d'abord, pour Guy Eschalier, président du syndicat des grossistes en viande de Rungis, "l'effet serait nul" car "le Royaume-Uni n'exporte quasiment rien depuis 1999". Mais, selon un proche du dossier, "le cheptel britannique peut se reconstituer vite et les exportations redémarrer". Au niveau des consommateurs, le retour du boeuf anglais dans les assiettes alimente les inquiétudes. Marie-José Nicoli, présidente de l'UFC-Que Choisir, a ainsi exprimé certaines craintes. "Je n'ai aucune inquiétude sur les viandes telles qu'elles sont exportées actuellement par la Grande-Bretagne" dans la mesure où elles sont contrôlées par deux laboratoires qui effectuent des contrôles stricts, a reconnu Marie-José Nicoli. "Mais, dès l'instant où l'embargo sera levé, les cadences vont augmenter, d'autres laboratoires vont demander des agréments. Là, il faudra qu'il y ait du répondant au niveau du contrôle, du suivi de la traçabilité. Des vérifications très rigoureuses seront nécessaires".Afin de rassurer complètement les consommateurs, le gouvernement a également décidé de publier "dans les meilleurs délais" un décret concernant l'étiquetage de la viande bovine consommée hors domicile (cantines, restaurants, etc.). Cette disposition était réclamée notamment par la FNSEA.
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