Les syndicats allemands s'invitent dans la campagne électorale

IG Metall, la très puissante centrale syndicale allemande, a confirmé lundi sa décision d'appeler à des grèves "d'avertissement" la semaine prochaine afin de faire pression sur les négociations salariales en cours.Selon la loi allemande, aucune grève ne peut intervenir pendant les négociations, qui doivent se tenir jusqu'au 28 mars, mais le syndicat a décidé de contourner la loi en considérant que cette règle n'était valable que sur le territoire de l'ancienne Allemagne de l'Ouest. Il appelle donc à des débrayages dans l'ex-RDA.A ces mesures d'avertissements s'ajoute la décision de la centrale de consulter sa base sur l'opportunité d'organiser des grèves dures et massives, au cas où les négociations échoueraient. Le printemps social promet donc d'être agité Outre-Rhin.Les négociations salariales allemandes ont lieu dans chaque land (région) du pays. Vendredi, les négociations dans le Bade-Wurtemberg ont échoué. IG-Metall exigeait une revalorisation de 6,5% des salaires dans la branche métallurgie-électronique. Ses interlocuteurs n'ont admis qu'une hausse de 2% en 2002 et autant en 2003. Une proposition "absolument inacceptable" pour le numéro 2 du syndicat Jürgens Peters. Pour lui, cette exigence sur les salaires est indispensable pour relancer l'économie.L'Allemagne, qui est le seul pays d'Europe actuellement officiellement en récession avec deux trimestres consécutifs de recul de son PIB, est également à 6 mois des élections générales. Une situation qui ne devrait pas améliorer le climat social.En effet, les sondages et les consultations partielles (comme hier les élections municipales bavaroises) ne permettent pas de départager le candidat social-démocrate Schröder et son challenger conservateur, le bavarois Edmund Stoiber. Alors que ce dernier a pris le parti d'un programme très libéral, le chancelier sortant est pris en tenaille entre les exigences de sa gauche et les contraintes européennes.Gerhard Schröder sait en effet que, pour lui, les élections se joueront d'abord à gauche. Touché par des affaires de corruption au sein de son parti, il devra compter sur son programme économique pour gagner des électeurs aux Verts, mais aussi et surtout, aux néo-communistes du PDS qui sont très fortement implantés dans l'ancienne RDA et actuellement crédités de 6% des intentions de votes. Or, la situation sociale des länders de l'Est ne s'améliore pas. Les flux financiers venant de l'Ouest se sont taris et le chômage y était de 19,2% de la population active en février 2002. Et, comme, à l'Ouest, le mécontentement commence également à se faire jour, Gerhard Schröder a dû infléchir sa campagne à gauche ces derniers jours, même s'il n'a cessé d'appeler les syndicats à la "modération".La difficulté de la position du chancelier réside dans les problèmes budgétaires de l'Allemagne. Les dépenses publiques se sont accentuées en 2001, au point que la Commission européenne avait menacé de blâmer la gestion du pays. Si Gerhard Schröder décide de lâcher du lest pour relancer sa campagne, le déficit allemand pourrait s'approcher dangereusement de la limite fatidique des 3% du PIB. Dans ce cas, l'Allemagne aurait du mal à éviter les foudres bruxelloises.Le gouvernement allemand est guetté par un autre danger. Car une politique de relance par les salaires aurait forcément des conséquences sur l'inflation. Or, la BCE craint par-dessus tout que le rebond économique qui se dessine en Europe ne fasse repartir les prix à la hausse. Elle n'hésiterait donc pas à relever ses taux pour mettre fin à tout accès de fièvre. C'est alors la fragile relance qui se dessine dans l'ensemble des pays de la zone euro, y compris celle de l'économie française, qui serait menacée.latribune.fr
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