La BCE conserve sa politique accommodante

Toujours rien. A l'image de celles de ses consoeurs suédoise et britannique, la dernière réunion de la BCE avant l'été n'a pas débouché sur un relèvement de ses taux directeurs. Le taux principal de refinancement bancaire dans la zone euro reste donc à 3,25%. Il est inchangé depuis le 8 novembre 2001.Cette décision était attendue par la grande majorité des économistes. Un sondage réalisé hier par Reuters indiquait que sur 52 experts interrogés, 49 prévoyaient une stabilité des taux. Pour eux, comme pour les membres du directoire de la BCE, le moment n'est pas encore venu de passer à une politique monétaire plus restrictive.Certes, Wim Duisenberg a mis en garde : "les perspectives d'inflation à moyen terme restent moins satisfaisantes qu'il y a quelques mois", a-t-il déclaré à l'issue de la réunion de la BCE. La masse monétaire M3 augmente en effet toujours plus vite que prévu dans la zone euro : +7,4% sur un an en avril alors que la BCE tolère, en théorie, un rythme annuel de +4,5%. Par ailleurs, on constate que les prix à la production ont tendance également à accélérer dans l'industrie, comme le montrait la dernière enquête PMI pour la zone euro. Enfin, les hausses de salaires accordées en Allemagne et les déficits budgétaires qui ont tendance à se creuser sont des facteurs de risque importants. Le président de la BCE s'est d'ailleurs dit "inquiet des accords salariaux conclus dans certains pays de la zone" et a invité les Etats membres à revenir à l'équilibre de leurs comptes publics "en 2003-2004". Il a ajouté qu'il était persuadé que la France respecterait, à cet égard, son engagement.Néanmoins, certains éléments modèrent ces menaces potentielles sur la hausse des prix européens. D'abord, le taux d'inflation annualisé serait revenu, selon la première estimation d'Eurostat, à 2% en mai. Ce taux, le maximum autorisé par la BCE en vertu du traité de Maastricht, n'était le mois dernier qu'un objectif encore lointain. Il y a donc bien un essoufflement des prix dans la zone euro en ce deuxième trimestre. Rappelons qu'en janvier, le taux d'inflation annuel était encore de 2,7%. Même si Wim Duisenberg a rappelé que cette baisse était "due à un effet de base", rien ne presse pour le moment.De plus, le renforcement de l'euro ces dernières semaines face au dollar devrait, si le mouvement se confirme, encore réduire les tensions sur les prix en abaissant le coût des importations. L'inquiétude sur l'inflation peut donc encore raisonnablement être contenue.Partant de ce principe, la BCE ne souhaite donc pas mettre en péril une économie européenne qui montre certes de vrais signes de reprise depuis un mois, mais qui reste encore fragile. La demande intérieure européenne reste en effet encore faible, notamment en ce qui concerne les investissements. Comme l'a rappelé Wim Duisenberg, "les perspectives économiques sont encore sujettes à des incertitudes". Relever les taux trop tôt serait freiner les entreprises dans leur volonté encore peu assurée d'investir. En outre, la consommation est actuellement au plus bas en Allemagne, première économie de la zone. Les économistes estiment que le relèvement de 25 points de base du taux de refinancement bancaire pourrait intervenir le 4 juillet, lorsque les signes de la reprise auront été confirmés. C'est ce que Wim Duisenberg a laissé entendre en affirmant que la zone euro ne retrouvera pas durablement une inflation à 2% avant 2003 et qu'il avait besoin "de plus d'éléments pour prendre le risque de relever les taux". Une fois assurée de la croissance, la BCE devrait donc naturellement revenir à sa mission de base : la lutte contre l'inflation.
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