L'Allemagne s'enfonce à nouveau

L'Allemagne ferait-elle une rechute ? Après avoir sombré dans la récession au deuxième semestre de 2001, la première économie de la zone euro avait montré quelques signes de redressement au début de 2002. Ce retour à la croissance pourrait bien n'être qu'éphémère au vu des statistiques publiées aujourd'hui. L'institut de conjoncture Ifo a délivré ce matin son indice mesurant le climat des affaires en Allemagne. Cet indicateur, très influent, a baissé en août pour le troisième mois consécutif à 88,8 points, contre 89,9 points en juillet. Ce recul est plus prononcé que ce qu'attendaient les analystes. Ils tablaient dans leur consensus sur un indice de 89,4 points. Dans un communiqué, l'institut note que "la reprise pourrait être à tout le moins temporairement interrompue". Et à disséquer les composantes de cet indicateur, on comprend l'inquiétude de l'Ifo. En effet, la dégradation de ce baromètre est une nouvelle fois imputable principalement à une chute de la composante de l'indice portant sur les attentes pour les six mois à venir. Il recule en août à 100,8 points, c'est à dire à un niveau inférieur à celui de février dernier. Avec un moteur allemand qui tourne au ralenti, c'est l'ensemble de la zone euro qui connait des ratés. En témoignent les déclarations d'Otmar Issing, économiste en chef de la Banque centrale européenne. Selon lui, l'accélération attendue de la croissance ne s'est pas produite. Dans ces conditions, la croissance de la zone euro en 2002 devrait être inférieure à 2%.Dans un entretien accordé au quotidien financier allemand Boersen-Zeitung, Otmar Issing concède que la BCE ne s'attend plus à un net rebond de la croissance en fin d'année. Conséquence de ce diagnostic, la Banque centrale européenne ne table plus pour 2002 sur une croissance comprise entre 2 et 2,5% en glisement annuel. Prudent, le chef économiste de la BCE ne livre aucun autre pronostic. Faut-il voir dans les propos d'Otmar Issing un signe avant-coureur d'une éventuelle baisse des taux de la BCE ? Sur ce point, l'économiste en chef de la BCE s'est bien gardé de faire la moindre déclaration mais ses commentaires à la fois peu enthousiastes sur la croissance et encourageants sur le front de l'inflation devraient donner du grain à moudre aux partisans d'une détente monétaire. Si Otmar Issing a effectivement admis "qu'il n'y a pas dans un avenir prévisible de danger inflationniste provenant d'un emballement de la conjoncture", il a également souligné qu'à son avis le taux d'inflation devrait tourner dans l'immédiat autour de 2% dans la zone euro, c'est à dire le niveau maximum toléré par les autorités de Francfort. Comme pour confirmer les propos de l'économiste en chef de la BCE, ce matin était publié l'indice national des prix à la consommation en Italie, troisième économie de la zone euro. En août, les prix ont progressé de 0,1% par rapport à juillet et de 2,3% par rapport à août 2001.Même si l'inflation n'appparaît pas actuellement comme un risque majeur dans la zone euro, il n'en demeure pas moins qu'une éventuelle flambée des prix du pétrole, consécutive à un conflit avec l'Irak, laisse ouverte la porte à un dérapage inflationniste. Dans ces conditions, et même si des voix s'élèvent à l'instar de l'Ifo pour que la BCE abaisse le loyer de l'argent, il semble que les gardiens de l'euro ne joueront pas de l'arme monétaire dès la semaine prochaine. latribune.f
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